Biennale de la Langue Française

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Stephka Boeva

Administratrice et guide au musée “Maison de l’humour et de la satire”, Gabrovo, Bulgarie



L’humour de Gabrovo (Bulgarie), ses métamorphoses, ses rencontres avec la francophonie et quelques francophones


L’objet de la présente communication, c’est l’humour gabrovien comme une des faces du patrimoine bulgare d’une part, et sa présentation en français, son interaction avec des francophones dans la deuxième moitié du XXe siècle, d’autre part. Durant cette période, l’humour gabrovien se tourne vers le français en tant que langue de partage international et moyen de pénétration dans des espaces culturels plus vastes.

Apparus au début du XXe siècle, le folklore verbal gabrovien ainsi que la tradition carnavalesque de Gabrovo déclinent lors de la Seconde Guerre mondiale et des changements brutaux dans le système social et politique de la Bulgarie (1944-1956). La renaissance de l’humour gabrovien advient après cette pause de presque vingt ans, c’est-à-dire dans les années soixante. C’est alors que l’humour gabrovien ressuscite de ses cendres et ce faisant, s’adapte au nouvel esprit du temps par de nombreuses métamorphoses.

Le folklore humoristique verbal à propos des habitants de Gabrovo – les Gabroviens – comprend des anecdotes dont le personnage principal est le Gabrovien : économe, calculateur, ingénieux dans l’épargne et entreprenant dans les affaires. On dit des Gabroviens qu’ils coupent la queue de leur chat afin que l’on referme plus vite la porte derrière lui et que la chambre ne se refroidisse pas ; qu’ils mettent aux œufs un robinet pour en tirer autant qu’ils veulent ; qu’ils arrêtent la nuit leurs horloges pour ne pas les user. Quand ils ont des invités ils les accueillent au seuil de leur logis en leur disant : “Soyez les bienvenus ... et les bien partis !” pour que les hôtes ne restent pas longtemps, car les recevoir coûte cher.


L’humour gabrovien ne pourrait être compris sans références sur les conditions qui l’ont fait naître.

Il existe des raisons fondées pour l’esprit d’épargne du Gabrovien. Il gagne trop difficilement son argent pour se permettre de le dépenser aisément. Vu que Gabrovo est situé dans les contreforts nord des Balkans qui ne sont pas propices à l’agriculture, le Gabrovien ne peut gagner sa vie comme cultivateur. Il lui reste à devenir artisan. L’artisanat l’oblige de suivre et de faire siennes les nouveautés du métier, de vendre lui-même sa production, de lutter pour trouver des clients et des marchés. L’exercice séculaire de ces activités aiguise l’intelligence, active l’entreprise, élargit la mentalité, l’éducation et la culture du Gabrovien. « Gabrovien analphabète – c’est une notion bizarre, cela n’existe pas dans les contes nationaux, ni dans la littérature de l’époque.»1

Le fait que la première école laïque d’enseignement en bulgare soit créée précisément à Gabrovo et non pas ailleurs dans l’immense empire ottoman n’est pas fortuite. Elle s’ouvre en 1835 lorsque la localité n’a même pas le statut de ville. À cette époque où le système naturel dépérit, où dans la vie quotidienne s’imposent les formes artisanales de production économique, deux événements aident au progrès rapide de Gabrovo : la réorganisation de l’armée turque et la guerre de Crimée entre la Russie et la Turquie (1853-1856). Deux possibilités pour l’artisan gabrovien de moderniser sa production et de la réaliser au marché. L’or commence à couler vers Gabrovo qui, de village se transforme en ville en 1860. « L’essor économique de la cité se poursuit avec la libération de la Bulgarie de la domination turque en 1878, puis le début de son industrialisation en 1881, pour en arriver à l’année 1926 où se réalisent, à Gabrovo, des opérations annuelles qui atteignent 3 milliards de léva. La ville se range alors à la deuxième place après la capitale, Sofia, pour son taux de participation au produit national brut. Pour cette raison et pour la primauté dans le développement de la production textile, Gabrovo est nommé « le Manchester bulgare ».2


«  Pendant la deuxième moitié du XIXe siècle, le progrès pénètre dans la vie, la prospérité matérielle frappe à la porte, mais la sagesse des siècles passés de cette localité pauvre est formelle : économise, épargne, ne gaspille pas, ne mange pas à satiété, ne dors pas en suffisance, travaille, travaille et ne dépense rien !... Le calcul, le raisonnement, voilà la pensée essentielle, qui forme, détermine, guide les anecdotes et les vraies histoires gabroviennes. » 3

La mentalité change plus lentement que la condition matérielle. Le processus de l’adaptation est une suite de situations tragicomiques. C’est surtout de cette époque que datent des événements réels qui se sont transformés en histoires gabroviennes classiques. « Ces événements n’ont pas changé en soi et restent les mêmes, mais deviennent absurdes dans le contexte de conditions de vie qui se sont modifiées. Tout cela, qui est aujourd’hui ridicule, a été sérieux autrefois. »4 L’artisan gabrovien est désormais aisé. Il pourrait se permettre de commander dix paires de souliers pour son fils. Pourtant il lui dit de faire des enjambées plus longues afin de ne pas les user. Le Gabrovien est dorénavant en état de régaler abondamment la moitié de la ville, mais il songe à contrecœur aux trois boulettes que l’invité a mangées. Le Gabrovien pourrait éclairer toute la maison comme un palais, mais il éteint la lampe à pétrole quand il a des visiteurs car on s’entend aussi dans le noir. Pourquoi gaspiller le pétrole si l’on ne travaille pas ?

La deuxième moitié du XIXe siècle constitue une période durant laquelle les histoires réelles de la quotidienneté gabrovienne « fermentent » pour se transformer en éléments du folklore humoristique verbal de Gabrovo. Leurs premières apparitions écrites dans la presse locale et nationale datent du début du XXe siècle.5 Dans les années 30 et 40, paraissent en Bulgarie les premiers recueils d’histoires gabroviennes. « Les anecdotes imprimées sur les Gabroviens confirment la tradition orale et ainsi l’on commence à mettre sur le compte des Gabroviens toutes les anecdotes de gens parcimonieux ».6 Le nom du Gabrovien devient synonyme de calculateur et parcimonieux. Popularisé par l’oral et par l’écrit, tel un aimant, le phénomène de l’humour gabrovien se met à rallier les anecdotes gravitant autour des gens qui dépensent au compte-goutte. Le processus d’annexion de ces histoires s’accomplit sur deux plans : national et international. De nombreuses historiettes sur des hommes économes d’autres villes situées de part et d’autre des Balkans – telles Troïan, Eléna, Kotel, Koprivchtitsa - sont relatées comme gabroviennes. En même temps il y a un processus de traduction en bulgare d’anecdotes étrangères à propos de gens rusés, où les représentants typiques du fin calcul, tels que les Ecossais, les Juifs, les Arméniens, sont présentés comme Gabroviens.


C’est ainsi que se forme une riche collection d’histoires gabroviennes. Elle possède ses traits caractéristiques. L’un d’eux c’est l’autodérision, manifestation suprême de l’intelligence. Le sens de l’humour est propre à bien des gens. « Le Gabrovien s’est pourtant emparé de quelque chose de plus essentiel, que peu de gens possèdent, c’est le sens de l’autodérision. En faisant une grande découverte dans son expérience, le Gabrovien a appris cela : si tu laisses les gens rire un peu de toi, si tu les tournes vers ce qui est jovial en toi, cela t’aide à émousser leur méfiance à ton propos, à leur devenir sympathique, à effacer les bords aigus de la conversation, à neutraliser l’opposant et à ouvrir la porte d’or vers son intelligence, son cœur et son âme. De là, vers son portefeuille. Autrement dit, il faut tout d’abord lui faire perdre la raison, pour ensuite lui faire ouvrir son portefeuille. »7


Un autre trait caractéristique de l’humour gabrovien est l’utilitarisme. « L’humour et l’esprit des artisans de Gabrovo ne sont pas créativité, œuvre littéraire, produit des beaux-arts ou de la réflexion raffinée. L’humour gabrovien est strictement utilitaire, né de la nécessité, issu de la vie grossière. »8 Ce qui importe pour le Gabrovien, c’est le profit matériel, le calcul. En cette raison, il ne cherche pas à anéantir son adversaire comme c’est le cas dans l’humour choppe (Chopplouka - région ethnologique à l’ouest de Sofia). L’opposant n’est pas l’ennemi du Gabrovien. Ils doivent se séparer en amis. « L’utilitarisme devient le credo de l’âme gabrovienne, de la pratique du comportement, de la philosophie de l’intelligence et au total, du destin de la ville de Gabrovo. »9 L’utilitarisme devient la base à partir laquelle l’humour de Gabrovo se métamorphose durant les années 60, 70 et 80 du XXe siècle.


Jusqu’ici nous avons suivi l’apparition et les traits caractéristiques du folklore humoristique verbal du Gabrovien. Il nous reste à essayer d’identifier les métamorphoses de l’humour gabrovien et à les énumérer dans l’ordre chronologique. La Seconde Guerre mondiale, comme nous l’avons dit plus haut, de même que les événements qui lui ont succédé en Bulgarie, laissent l’humour gabrovien dans l’oubli pendant une vingtaine d’années. Avec la nouvelle division administrative de la Bulgarie en 1959, Gabrovo devient ville de préfecture. Dans l’esprit de rivalité entre les trente nouvelles préfectures, Gabrovo a recherché son identité dans ses traditions et son patrimoine et l’a trouvée dans son folklore humoristique verbal et sa tradition carnavalesque. L’alliance homogène de ces deux éléments donne naissance aux manifestations nombreuses et variées dans la sphère de l’humour et de la satire qui s’organisent à Gabrovo depuis les années 60. Grâce à cette joyeuse gamme de possibilités, Gabrovo conquiert sa réputation de ville d’humour au niveau international.


Le carnaval ressuscite en 1965. À la différence des festivités spontanées d’autrefois, il se présente en cortège carnavalesque bien organisé. De la même année 1965, date le Festival de l’humour et de la satire à Gabrovo. Durant une semaine ou une décade, il réunit des manifestations qui ressortissent à des domaines multiples : théâtre, cinéma, musique, activités artistiques d’amateurs, sports, arts plastiques, créativité des enfants.

À l’initiative de la mairie de Gabrovo, paraît en 1966, le recueil « Humour gabrovien » dans l’intention qu’il devienne un souvenir typiquement gabrovien, un succès gabrovien tout à fait particulier. Ces espoirs se réalisent grâce à la sélection et à la composition des anecdotes par Stéphane Fortounov, à la préface et à la rédaction du satiriste Radoï Raline, aux illustrations de Boris Dimovski et enfin et surtout grâce aux traductions française, anglaise, allemande et russe. Sont enregistrées aujourd’hui, 44 éditions des anecdotes gabroviennes, en 23 langues.

En 1972, la Maison de l’humour et de la satire (MHS) voit le jour. Elle apparaît comme un institut public œuvrant à la connaissance mutuelle des humoristes du monde entier, à la popularisation de l’humour des peuples au nom de la compréhension mutuelle et de la paix. En partenariat avec le ministère de la Culture et la mairie de Gabrovo, la MHS organise, depuis 1973, la Biennale internationale de l’humour et de la satire dans les arts plastiques qui comprend peinture, gravure, sculpture, dessin humoristique, affiche, photographie. Les œuvres qui ont été admises à la sélection sont exposées dans les salons de la MHS du mai à septembre de chaque année impaire et sont publiées dans un album-catalogue.

Dans le cadre de la Biennale s’organisent, de 1977 à 1997, le Concours international « Hitar Pétar » (Pierre le rusé) de l’humour et de la satire dans la littérature et parallèlement, le Concours national « Maître  Gueorgui Kirkov » de l’humour et de la satire dans la littérature.

De 1981 à 1995 se tient aussi le Festival international « Charlie Chaplin » du film comique et satirique.

De 1983 à 1991, la MHS édite « À propos », revue de l’humour et de la satire à travers les peuples du monde qui paraît en bulgare, en français, en anglais et en russe. La locution française « À propos » est utilisée comme titre pour chacune des quatre versions. De nombreux artistes, écrivains, dramaturges et cinéastes francophones y collaborent ou y sont présentés.

Depuis 1985, on organise toujours, dans le cadre de la Biennale, la Rencontre nationale de narrateurs d’esprit « Blagolage ». Les contes racontés sont publiés dans un recueil qui porte le même titre.

De 1985 à 1999, un café-théâtre, le Théâtre expérimental satirique de Variétés, fonctionne sous le même toit que la MHS. L’industrie de souvenirs est une manifestation immuable de l’humour gabrovien qui apparaît en 1965 et se poursuit actuellement. De nombreux artistes, dessinateurs et artisans traitent le thème de l’épargne et de l’ingéniosité du Gabrovien en des centaines d’objets.

Trois expositions permanentes se tiennent à la MHS : « Les racines de l’humour gabrovien », « Le paradis gabrovien », où Adam et Eve sont Gabroviens et « Planète de Gabrovo”, ensemble de salles conçues pour les enfants. Il faut souligner que la planète “Gabrovo” existe vraiment dans l’espace. Elle porte le nom de la ville mondialement connue par sa renommée humoristique parce qu’elle fut découverte le jour du poisson d’avril, le 1er avril 1976.

Un ensemble de sculptures satiriques de grand format, situées à l’extérieur de la MHS, renforce l’image humoristique de Gabrovo et fait partie de l’ittinéraire touristique « Les miracles de l’épargne gabrovienne ». Citons certains de ces miracles : le « Monument dans la rivière » pour économiser sur les terrains à bâtir, le « Bateau dans la forêt » pour ne jamais sombrer et « Deux ponts l’un à côté de l’autre au-dessus de la rivière » pour ne pas détruire l’ancien qui est devenu étroit mais sert aux piétons.


L’éventail de diverses manifestations de l’humour gabrovien résulte du pragmatisme gabrovien. C’est en fonction de cela qu’au cours du dernier demi-siècle, Gabrovo est devenu le centre de l’humour et de la satire au niveau tant national que mondial.


Les rencontres de l’humour gabrovien avec la francophonie sous ses multiples formes et dans les personnalités de ses représentants se situent toujours dans l’esprit de l’utilitarisme gabrovien. Les énumérer de manière exhaustive transformerait notre communication en référence statistique. Nous allons nous limiter à la présentation de quelques faits et de certains francophones.

La premier grand contact de l’humour gabrovien avec la francophonie est la traduction en français du recueil « Humour gabrovien » en 1966 et celle des multiples éditions qui l’ont suivie.10 Lors de sa création en 1972, la MHS choisit le français pour annoncer au monde son apparition et mener ses contacts internationaux. Le poste de traducteur en français est l’une des premières nominations à la Maison. La première version en langue étrangère du logo de la MHS est la version française : « Le monde est encore en vie, parce qu’il a ri ». Le mérite de cette traduction réussie revient au dessinateur français de renommée mondiale Jean Effel. Il a été membre du jury de la première édition de la Biennale internationale de l’humour et de la satire dans les arts, Gabrovo 1973.

Dès sa création, la MHS entame collaboration et échange avec des salons de l’humour dessiné de pays francophones comme ceux de Montréal au Canada, de Knokke-Heist en Belgique et de Bordiguera, Tolentino, Marostica, Ancona en Italie.

À la bibliothèque spécialisée de la MHS se conservent les collections annuelles de journaux et de revues francophones auxquels la MHS est ou a été abonnée depuis 1972 : Le Canard enchaîné, Le Hérisson, Rire, Pourquoi pas ?, L’Œil, Connaissance des arts.

À partir de 1976, un contact de la MHS s’élargit en partenariat et en procédure de jumelage de Gabrovo avec la ville flamande de Belgique, Alost. La tradition carnavalesque sert de base aux relations entre les deux villes. L’initiateur et réalisateur du partenariat est Marcel De Bisschop (1907-1991), maire d’Alost à l’époque, et amateur passionné de carnaval jusqu’à ses derniers jours. De 1976 à 1991, les rapports entre les deux municipalités s’échangent en français. Dans le partenariat Gabrovo-Alost, Marcel De Bisschop consolide sa thèse du grand rôle que les petits Etats peuvent jouer dans les relations pacifiques du monde. Ce partenariat a immortalisé Marcel De Bisschop dont le nom est actuellement donné à l’une des plus grandes places de Gabrovo et au Centre d’enseignement de langues étrangères aux adultes. Les Alostois ne l’ont pas oublié non plus. Il ont créé une fondation œuvrant à la coopération entre Gabrovo et Alost et lui ont donné son nom. En outre, le carnaval alostois est le mieux représenté dans l’exposition permanente de la MHS « Vive le carnaval !». Cela tient au fait que les Alostois offrent généreusement costumes, masques, accessoires, CD de leur carnaval. En véritables gens de l’épargne, les Gabroviens acceptent leurs dons de bon gré et en enrichissent leurs expositions ainsi que le fonds artistique de la MHS.

Un autre contact entre la MHS et un francophone de Belgique est celui établi avec Albert Doppagne (1912-2003). Professeur à l’Université libre de Bruxelles, il était le président ou le directeur de diverses commissions centrées sur les traditions populaires et le folklore. Albert Doppagne prit part au sixième symposium sur les problèmes du folklore bulgare lors de la rencontre internationale qui avait pour thème « Le rire dans le folklore ». Organisée par l’Institut de folklore près l’Académie des sciences de Bulgarie et la MHS, elle se tint à Gabrovo du 8 au 11 juin 1982. La communication d’Albert Doppagne, « Le folklore verbal primitif et le rire », est publiée dans le recueil « Le rire dans le folklore »11. J’ai eu l’honneur d’être son interprète durant son séjour gabrovien. Pour gagner du temps lors de la présentation de sa communication, nous avions convenu d’agir de la manière suivante : tous deux face à l’auditoire, moi lisant son texte en bulgare et lui, à mon côté, disant en français les nombreuses illustrations verbales, telles que phrases barbares difficiles à prononcer, comptines, mimétismes linguistiques, dont son exposé abondait. Les capacités artistiques d’Albert Doppagne ont surpris et charmé l’auditoire académique au point qu’il a bissé le conférencier à plusieurs reprises lors de l’imitation des sons, notamment des cris de la mouette rieuse.


Un an plus tard, dans le cadre du deuxième Festival du film comique et satirique à Gabrovo, en 1983, le film de fiction « Les dieux sont tombés sur la tête » a remporté le Grand prix « Charlie Chaplin ». Le Français Raoul Katz, producteur du film, est arrivé à Gabrovo pour la première mondiale de l’œuvre et pour la cérémonie d’attribution des prix au cours de laquelle il a reçu la figurine de Charlie Chaplin.

Sur l’invitation spéciale de la MHS, en juin 1984, l’artiste français Jacques Pasquier (1932) est accueilli à la MHS avec son exposition individuelle de gravures satiriques. La MHS achète la totalité des œuvres. À présent, Jacques Pasquier est en tête du classement d’artistes étrangers les plus représentés dans les collections d’auteurs de la MHS. Elle possède de lui une toile monumentale (huile), 144 gravures, 15 albums, un film sur son œuvre, un dossier comportant ses lettres manuscrites couvrant une période de 25 ans. Cette collection fait partie du fonds artistique « Humour des peuples » appartenant à l’État bulgare. Cela signifie que la MHS conserve, enrichit, expose et popularise ce fonds sans avoir le droit de vendre ou échanger les œuvres qui en font partie. Elles se trouvent sous la protection de la Loi bulgare. Jacques Verger, conseiller culturel près l’Ambassade de France en Bulgarie, vient inaugurer l’exposition individuelle de Jacques Pasquier à la MHS en 1984. Au nom du gouvernement français, il fait don de plus de 200 livres français à la bibliothèque de la MHS. Jacques Verger est le consultant linguistique de la version française de la revue « À propos », éditée par la MHS. Il est aussi l’auteur du guide touristique « En Bulgarie » édité par Hachette (Paris, 1987), où il recommande aux touristes français Gabrovo en tant que ville de l’humour et la MHS comme une curiosité culturelle à ne pas manquer.

Sans prétendre à l’exhaustivité, nous avons tracé les rapports de l’humour gabrovien avec la francophonie et certains francophones. La sélection des personnalités mentionnées ci-dessus est entièrement subjective, dictée par nos relations avec elles en tant que traductrice lors de leur séjour à Gabrovo.

La possibilité de communication directe entre les gens de diverses nations est un des côtés les plus attrayants et les plus sensibles de la francophonie. Le français est une langue de partage et d’ouverture tant sur le plan personnel que sur le plan social. Traduit en français, le folklore humoristique de Gabrovo a atteint de vastes espaces culturels et artistiques. Il a amené de milliers d’auteurs à interpréter son logo, ses symboles et messages en des dessins, gravures, toiles, sculptures, œuvres plastiques, affiches, photographies. La collection d’ouvrages d’auteurs prestigieux augmente sans cesse. Elle témoigne des métamorphoses comme de la continuité de l’humour gabrovien dynamique et constitue l’un de ses traits dans la large gamme de ses actes. De local et national, l’humour gabrovien est devenu fait international. D’une des faces du patrimoine bulgare il a grandi en élément du patrimoine européen. La francophonie en a l’incontestable mérite.


1 Хаджиева, А. и Хаджиев, Й. Характерни особености на габровския хумор. С., 1972, с. 12.

Hadjiéva, A. et Hadjiev, J., Particularités caractéristiques de l’humour gabrovien. Sofia, 1972, p. 12.

2 Цанкова, Т. Народният хумор на балканджиите – габровци. с. 3.

Tzankova, T., L’humour national des gens des Balkans – Gabroviens.

3 Хаджиева, А. и Хаджиев, Й. Цит. съч., с. 11, 19.

Hadjiéva, A. et Hadjiev, J., Op. cit., p. 11, 19.

4 Пак там, 14.

Toujours là, 14.

5 Сборник „Смях и веселие”, Пловдив, 1907 г.

Recueil «Rire et gaîté », Plovdiv, 1907.

6 Добрева, Д., Печатни вицове от Габрово. Към произхода на образа на един български индустриален

град, Български фолклор, кн. 3, София, 1991, изд. БАН, с. 3-11.

Dobréva, D., Anecdotes imprimées de Gabrovo. À l’origine de l’image d’une ville industrielle bulgare, Folklore bulgare, numéro 3, Sofia, 1991, éd. Académie des sciences de Bulgarie, p. 3-11.

7 Хаджиева, А. и Хаджиев, Й. Цит. съч., с. 13.

Hadjiéva, A. et Hadjiev, J., Op.cit., p. 13.

8 Пак там, 47.

Toujours là, 47.

9 Пак там, 52.

Toujours là, 52.

10 (Цитирани по Цанкова, Т. Народният хумор на балканджиите – габровци: 10): Фъртунов, С. Габровски

шеги. С., 1966, изд. Български художник; Фъртунов, С. и П. Проданов. Габровски шеги. С., 1971, изд.

„София-прес”; 1985, изд. „Свят”; 1989, изд. „Бълг. художник”; 1997, изд. Дом на хумора; Цанкова, Т.,

В. Козарева. Габровски хумор. Анекдоти и вицове за габровци. Габрово, 2005, изд. ДХС.

(Cités depuis Tzankova, T., L’humour national des gens des Balkans – Gabroviens : 10) : Fartounov, S. Histoires gabroviennes. S., 1966, éd. Balgarski houdojnik ; Fartounov, S. et P. Prodanov. Histoires gabroviennes. S., 1971, éd. «Sofia-presse » ; 1985, éd. « Sviat » ; 1989, éd. « Balg. Houdojnik » ; 1997, éd. Dom na humora ; Tzankova, T., V. Kozaréva. Humour gabrovien. Anecdotes et histoires sur les Gabroviens. Gabrovo, 2005, éd. DHS.

11 Смехът във фолклора. Проблеми на българския фолклор, т.6, БАН, С., 1987, с. 59-65.

Le rire dans le folklore. Problèmes du folklore bulgare, v. 6, Académie des sciences bulgare, S., 1987, p. 59 65.



 

Accréditation OING Francophonie

Sommaire des Actes de la XXIIIe Biennale

Sommaire

Remerciements

Allocutions et messages

M. le Président Gueorgui Parvanov

M. Alain Joyandet

L'Honorable James Moore

M. Roland Eluerd

Vœux de la 23e Biennale et Voeux en bulgare

Synthèse des travaux, rédigée par Roland Eluerd

Actes du colloque en Sorbonne, samedi 29 novembre 2008

M. Radu Ciobotea

M. Antony Todorov

Gueorgui Jetchev

René Meissel


Actes de la XXIIIe Biennale, Sofia, 29 octobre-1er novembre 2009

Vendredi 30 octobre

Présidents de séances : M. Vincent Henry, directeur délégué aux programmes, Agence universitaire de la Francophonie, Bureau Europe centrale et orientale. Mme Anna Krasteva, professeur de sciences politiques à la Nouvelle Université Bulgare. M. Alain Vuillemin, professeur à l'Université d'Artois. Mme Raya Zaïmova, Institut d'études balkaniques de l'Académie bulgare des sciences.

Mme Andromaqui Haloçi

Mme Cheryl Toman

Mme Mariana Perisanu

Mme Irina Babamova

M. Jean R. Guion

Mme Monique Cormier

M. Erich Weider

M. Stoyan Atanassov

Mme Roumiana L. Stancheva

Mme Rennie Yotova

Mme Mihaela Chapelan

M. Stéphane Gurov


Samedi 31 octobre.

Présidents de séance : M. Richard Lescure, maître de conférence des universités, attaché de coopération éducative au Centre culturel français de Sofia. Mme Line Sommant, docteur en linguistique, professeur associé à l'Université de Paris III, vice-présidente de la Biennale de la langue française. M. Abderrahmane Rida, directeur de l'Institut de la Francophonie pour l'administration et la gestion (IFAG), Sofia. M. Roland Eluerd, docteur d'État ès lettres, président de la Biennale de la langue française.


M. Stéphane Lopez

M. Gueorgui Jetchev

Mme Claire-Anne Magnès

M. Mohamed Taïfi

Mme Stephka Boeva

M. Simeon Anguelov

Mme Odile Canale

M. Jean-Alain Hernandez

M. Richard Lescure

M. Moustapha Tambadou

M. Amadou Lamine Sall

M. Andrey Manolov

M. Alain Vuillemin





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« La culture suppose l'enracinement, la profondeur et la perspective d’un épanouissement sans cesse en progrès. »

Jacqueline de ROMILLY

Présidente d’Honneur de la Biennale de la langue française (2002-2010)

Dans Le Trésor des savoirs oubliés, Éditions de Fallois, 1998, p. 93