XXe Biennale

Imprimer

Sous le haut patronage de
Monsieur Jacques CHIRAC
Président de la République

XXe BIENNALE DE LA LANGUE FRANÇAISE
LA ROCHELLE
25-28 septembre 2003

CONSEIL SCIENTIFIQUE (mai 2003)

COMITE DE PARRAINAGE

Séance solennelle d’ouverture

VOEUX ADOPTES



CONSEIL SCIENTIFIQUE (mai 2003)

Membres invités :
Agence intergouvernementale de la Francophonie. Direction des langues et de l'écrit.
Archives départementales de la Charente Maritime.
Académie des Belles Lettres, Sciences et Arts de La Rochelle.
Jean Glénisson, directeur (H) de l'Institut de recherche d'histoire des textes au CNRS
Maurice Basque, professeur à l'Université de Moncton, directeur des Études acadiennes

Membres du conseil d'administration de la Biennale :
Jacques Chevrier, professeur à l'Université de Paris-Sorbonne, directeur du Centre international d'études francophones
Jean-Alain Hernandez, enseignant chercheur au Groupe des écoles des télécommunications
Christian Pelletier, chercheur associé à l'Université d'Angers
Michel Tétu, professeur à l'Université Laval, directeur de l'Année francophone internationale
Alain Vuillemin, professeur à l'Université d'Artois, directeur du Centre de recherche sur les textes électroniques

Coordination et présidence :
Roland Eluerd, président de la Biennale de la langue française

COMITE DE PARRAINAGE

Jean Chrétien, Premier ministre du Canada

Mahamoudou Ouedraogo, ministre de la culture, des arts et du tourisme du Burkina Faso

Pierre-André Wiltzer, ministre délégué à la Coopération et à la Francophonie

Raymond Chrétien, ambassadeur du Canada

Claude Belot, sénateur, président du conseil général de la Charente Maritime

Maxime Bono, député-maire de La Rochelle

René Monory, ancien président du Sénat, sénateur de la Vienne, président du conseil général

Jacques Legendre, ancien ministre, sénateur du Nord

Gérard Larcher, sénateur des Yvelines, président de Champlain France

Jean-Michel Bolvin, président du Conseil général de la Charente

Franck Borotra, président du conseil général des Yvelines

Bernard Cerquiglini, délégué général à la langue française et aux langues de France

Françoise Tétu de Labsade, professeur à l'Université Laval, membre du Conseil permanent des Français à l'étranger

Bernard Dorin, ambassadeur de France, président des Amitiés francophones

Jean R. Guion, président de l'Alliance francophone

Paul Sabourin, président du Cercle Richelieu Senghor de Paris

Benoît Jullien, directeur des archives départementales de la Charente maritime

Jean Flouret, président de l'Académie des Belles Lettres, Sciences et Arts de La Rochelle

Charles Mavaut, Académie des Belles Lettres, Sciences et Arts de La Rochelle

Séance solennelle d’ouverture
25 septembre 2003

Exposé de Jeanne Ogée

Vice-présidente de la Biennale


1963-2003
La Fédération du français universel

Si aujourd'hui, en 2003, la Biennale de la langue française fête le quatrième centenaire de l'arrivée de Samuel de Champlain en 1603 dans le Nouveau Monde, sur l'immense territoire qu'on appela la Nouvelle France et où il fonda Québec quelques années plus tard, la Biennale fête aujourd'hui un autre événement.

Sans doute cet événement est-il moins prestigieux, mais à lui seul il justifierait notre présence aujourd'hui en 2003. Il nous est doublement cher, car nous fêtons notre naissance, la fondation par Alain Guillermou en 1963 de la Fédération du français universel, qui institua les biennales.

Voilà donc 40 ans qu'elles furent créées et aujourd'hui s'ouvre la XXe biennale.

400 ans, 40 ans, 20 biennales. Chiffres ronds, propices aux souvenirs, lourds de passé, de plénitude, d'action dans notre mémoire.

Voici comment l'annonça la revue d'Alain Guillermou, Vie et Langage, tellement aimée et regrettée par ceux qui l'attendirent chaque mois pendant 22 ans, de 1952 à 1974.

Il y eut d'abord la simple annonce d'une journée d'étude sur le langage du Tourisme pour le 9 mai 1963 (n° 134 de Vie et Langage) suivie par son compte rendu en novembre 2003 (n° 140).

Cette information apparemment anodine se révéla ouvrir une perspective nouvelle pour la langue française en France et hors de France.

Et le Canada qu'on fête aujourd'hui fut ce jour-là particulièrement mis à l'honneur.

Deux informations en effet, très différentes, sans rapport avec la journée d'étude sur le tourisme qui se terminait, furent faites aux participants.

I / Le 9 mai 1963, l'Office du vocabulaire français, émanation de Vie et Langage et dont Alain Guillermou était le secrétaire général, attribuait des Coupes Émile-de-Girardin.

Fondées en 1959, ces Coupes récompensaient chaque année les journaux qui avaient franchi la journée du 1er avril sans accident de vocabulaire, puis de grammaire. Elles ne disparurent qu'en 1974.

Cette année-là, les Coupes revenaient  aux journaux qui accomplissaient un effort envers le bon langage  et particulièrement à ceux qui publiaient  une rubrique de grammaire .

Les lauréats furent La Croix et Sud-Ouest en France, Le Soir à Bruxelles, et Le Journal de Genève en Suisse.

Mais, au Canada, une Coupe exceptionnelle fut attribuée non pas à un journal, mais à un organisme, dans les termes suivants :  Radio-Canada diffuse auprès des personnes de toute qualité qui travaillent dans ses studios un bulletin intitulé C'est-à-dire auquel s'ajoute un remarquable instrument pratique : une série de fiches  rédigées par le comité de linguistique de Radio-Canada fondé en 1958 par Philippe Desjardins.

Et Alain Guillermou d'ajouter :  L'entreprise de Radio-Canada est exemplaire. Il faut élaborer pour la RTF un même procédé .

De là sans doute, avec retard comme toujours, la création en France en 1968, à la demande de Georges Pompidou, du "Secrétariat permanent du langage de l'audiovisuel" dont nous entretint son directeur Roland Godiveau à la biennale d'Echternach au Luxembourg en 1975. Ce Secrétariat diffusait Hebdo-langage, devenu Télélangage en 1975, puis La Lettre du CSA maintenant.

Merci donc à Radio-Canada de nous avoir dotés par ricochet d'un organisme de sauvegarde pour nos ondes.

Venus de Radio-Canada et de son Comité de linguistique, Jean-Marie Laurence, Philippe Desjardins, Robert Dubuc apportèrent aux biennales leur foi, leur compétence, leur humour, de Namur à Tours et même à Ottawa par Philippe Desjardins.

Et toujours de Radio-Canada, Henri Bergeron et Gilbert Picard, fidèles aux biennales, en étaient l'écho sur les ondes, au Canada et ailleurs, en particulier sur France-Culture.

Il était indispensable de rappeler aujourd'hui l'apport inégalé de ces acteurs et amis de la Biennale qui font partie de notre Comité d'Honneur et de redire la célèbre phrase de Philippe Desjardins à la 1ère biennale, à Namur, en 1965 :  Cette biennale, voilà deux siècles que nous l'attendons ! .


II / Le deuxième événement, dont la portée engageait notre avenir, ne fut annoncé qu'en fin de journée, ce même 9 mai 1963 et en termes modestes par Alain Guillermou :

 Je voudrais vous annoncer officiellement la naissance d'un organisme que l'Office du vocabulaire français va créer, à savoir la Fédération internationale pour la sauvegarde et l'unité de la langue française, dont la tâche principale sera de coordonner les efforts des divers pays de langue française pour la sauvegarde de notre commun patrimoine linguistique  (Vie et Langage, n° 140, p. 607).

Et Alain Guillermou rêvait déjà de  larguer les amarres  et de  rendre visite à bien des pays francophones  ....en ayant à la barre Maurice Genevoix, le Secrétaire perpétuel de l'Académie française, qui avait donné son accord. Notre pavillon serait celui de la ville de Paris "Fluctuat nec mergitur" appliqué à la langue française.

Ces envolées du 9 mai 1963 furent suivies d'analyses dans plusieurs numéros de Vie et Langage (n° 141 de déc. 1963 et suiv.).

Des organismes de pays francophones donnèrent leur accord pour faire partie de la Fédération. Défense de la langue française, l'OVF en France; le Club de la Grammaire et le Fichier français de Berne en Suisse; l'Office du bon langage en Belgique, l'Office de la langue française au Québec, pour les plus importants. Mais la Fédération regroupera vite d'autres organismes, qui seront 14 à Namur et 21 à Tours en 1985.

La première réunion de la Fédération se tint à Paris le 17 février 1964 (Vie et Langage n°145, avril 1964).

Parmi les présents, je retiendrai, sous la présidence de Jacques Chastenet de l'Académie française, Jacques Duron, auteur du merveilleux livre Langue française, langue humaine, Robert Elie pour le Québec, André Amiguet et Pierre Murith (ici présent) pour la Suisse, Joseph Hanse pour la Belgique, Pierre Agron, Robert Le Bidois. Et d'autres personnalités du monde francophone. Sans être une personnalité, j'eus le bonheur d'y assister.

Alain Guillermou y exposa les objectifs de la Fédération en ces termes :

1 -  la création d'un centre de documentation linguistique dont les premiers apports seraient les fiches de Radio-Canada et celles du Fichier français de Berne . (S'y ajouteront plus tard les ressources sans limite de la Banque de terminologie de Montréal avec Maurice Paré, biennaliste fidèle).

2 -  la publication d'un glossaire en trois couleurs , qui ne vit jamais le jour, au grand regret d'Alain Guillermou, qui l'appelait encore, en 1993 à Avignon la  grande idée du règne , et voulait réaliser ce Code du bon usage par des sondages auprès des usagers. Mais, plaidant pour la norme du français universel, il accueillait le vocabulaire francophone.

En fait, le Dictionnaire universel francophone publié par Hachette en 1995 alla dans cette direction, ainsi que le grand projet de Bernard Quémada lancé en 1990 sous le titre de Trésor des vocabulaires francophones qu'il présenta à la biennale de Lafayette en 1991.

3 -  la création d'une biennale à partir de 1965 , qui constituerait "les états généraux de la langue française", selon l'expression de Jacques Duron. La première se tiendrait en Suisse ou en Belgique, la deuxième au Canada.

Et déjà il parlait des Actes et de la collection de ces gros ouvrages dont il dira plus tard qu'elle n'a pas d'équivalent en Francophonie.

 Nul doute que la Fédération ne joue un rôle historique dans la défense de notre langue plus que jamais menacée  concluait Alain Guillermou le 17 février 1964.

La Fédération a-t-elle joué le rôle que lui assignait Alain Guillermou ?

En 1963, il n'existait pas encore d'organisme regroupant les Associations privées qui oeuvraient à travers le monde pour le bien et l'avenir de la langue française; les institutions officielles furent lancées à partir de 1970 à Niamey par la constitution de l'Agence de coopération culturelle et technique. Et l'AFAL ne vit le jour qu'en 1974.

Alain Guillermou ne voulait pas mêler langue et politique :  Nous faisons de la politique linguistique et non de la linguistique politique  disait-il. Cependant l'accord des Gouvernements français et étrangers ne lui manqua jamais.

Sans doute les organismes de la Fédération n'ont-ils pas toujours une action commune. Leurs avis diffèrent parfois sur l'application de la "politique linguistique". Ainsi en est-il pour la féminisation par exemple ou la réforme de l'orthographe.

La principale mission de la Fédération se limita vite à l'organisation des biennales, où se retrouvent des représentants des diverses Associations. Alain Guillermou en tint compte en remplaçant en 1991 l'intitulé Fédération du français universel par Biennale de la langue française dans les documents et à la publication des Actes.

La Biennale persiste dans sa particularité. Elle ne réunit pas des spécialistes de tel ou tel domaine, de telle ou telle discipline; elle réunit des amoureux de la langue française. Ainsi le disait en 1959 un éditorialiste de La Voix du Nord en parlant de l'OVF, mais cela s'applique aux biennalistes :  ils sont aussi bien professeurs de français, que cultivateurs ou contrôleurs des wagons-lits ! .

 Mon seul vice  disait Céline - était-ce le seul ? - ,  c'est la langue française ! 

Allons-nous l'appliquer aux biennalistes ? Personnellement, je préfère l'acte de foi d'Élie Wiesel :

 Plus qu'un outil, le français est une demeure , que j'adopte en conclusion de l'enquête La langue française et vous.

Défendre le français, c'est donc en somme dire que l'on se sent bien là où on le parle, par exemple aujourd'hui entre les biennalistes que nous sommes et que la Fédération d'autrefois a réunis. Comme le souhaitait Alain Guillermou pour les Actes :  Rien ne laisse prévoir que la série s'arrête un jour ! .

VOEUX ADOPTES

PREMIER VOEU

Considérant les histoires croisées du Canada et de la France, la XXe Biennale de la langue française, réunie à La Rochelle du 25 au 28 septembre 2003,


DEUXIÈME VOEU

Considérant la diversité linguistique de la Francophonie, la XXe Biennale de la langue française, réunie à la Rochelle du 25 au 28 septembre 2003,



TROISIÈME VOEU

En fidélité à la haute figure de Léopold Sédar Senghor, la XXe Biennale de la langue française, réunie à la Rochelle du 25 au 28 septembre 2003,