La Biennale Amérique de la langue française a organisé à Moncton du 17 au 19 août 2006 un colloque.
À l’origine, les francophonies en Amérique se sont développées sur
de vastes territoires sans frontières. Plusieurs foyers sont à la source
de l’essaimage francophone : l’Acadie, le Québec, les États-Unis, la
Louisiane et les Antilles-Caraïbes. D’un territoire sans frontière, les
francophonies en Amérique se sont rapidement retrouvées à l’intérieur de
frontières qui circonscrivaient physiquement leur développement et leur
identité. Le jeu politique de l’histoire a modifié ces frontières et
forcé des proximités politiques qui continuent aujourd’hui à façonner
les identités des francophonies. La francophonie québécoise est la seule
qui se développe en contexte majoritaire. Les autres francophonies
évoluent dans des contextes minoritaires et partagent leur destinée avec
la majorité anglophone. Dans les Antilles, à Haïti et en Guyane
cependant, même si la langue française est minoritaire, elle est la
seule langue officielle sur le territoire. Que ce soit en contexte
majoritaire ou minoritaire, nous pouvons nous interroger sur la façon
que les francophonies habitent ces territoires et les formes que
prennent leurs relations avec les autres communautés linguistiques.
En privilégiant une approche pluridisciplinaire, ce colloque propose
de réfléchir sur les espaces sociaux dans lesquels se déploient les
francophonies en Amérique. Que sont ces espaces? Quelles formes ont-ils
et quelles fonctions assument-ils dans la construction identitaire des
francophonies en Amérique? Que sont devenus les espaces imaginaires des
francophonies en Amérique? Quels en sont les contours aujourd’hui et
qu’est-ce qui compose ces imaginaires ? Dans quels espaces sociaux se
déploient les francophonies en Amérique? Quels sont les lieux sociaux
qui assurent la transmission de la langue et offrent un substrat
matériel à cet imaginaire francophone? Par ailleurs, quel rôle joue la
langue dans l’établissement de ces liens?
Organisé par l’Institut canadien de recherche sur les minorités
linguistiques et comptant plus d’une vingtaine de participants issus de
la francophonie canadienne, québécoise, acadienne et américaine, le
colloque est construit autour de trois grandes thématiques :
1)les mouvances et les transformations des francophonies en Amérique
compte tenu de leurs situations linguistiques, géographiques,
politiques, sociales et économiques;
2)les visages de la vitalité des francophones en Amérique; compte
tenu de leurs dynamiques démographiques, culturelles, sociales et de
leur gouvernance; et
3)le phénomène de fragmentation et de recomposition des
francophonies en Amérique du point de vue de leurs identités, des
rapports entre les francophonies et du rôle de la langue et des
institutions dans la recomposition des francophonies.
par Line Sommant (Vice-présidente de la BLF)
La première Biennale Amérique de la langue française s’est tenue du 17 au 19 août 2006 à l’Université de Moncton dans le Nouveau-Brunswick, au Canada.
Cette biennale était organisée par l’Institut canadien de recherche sur les minorités linguistiques et bénéficiait, entre autres, du soutien du Ministère du Patrimoine Canadien, du Secrétariat aux affaires intergouvernementales canadien, de l’Université de Moncton.
Le Président, Joseph-Yvon Thériault, a, dès son introduction, caractérisé ainsi la Biennale Amérique : « la Biennale Amérique de la langue française est un réseau en émergence qui vise à regrouper des chercheurs et acteurs des francophonies d’Amérique. Il s’agit d’un observatoire qui veut comprendre la langue dans tous ses états : tant ses évolutions linguistiques et grammaticales que ses rapports à l’espace et au politique, tant la création culturelle et littéraire que l’identité et les sociétés qui s’en réclament, tant les enjeux de l’éducation et de formation qu’elle fait naître que les passions et les minorisations qu’elle engendre ».
De même, Joseph-Yvon Thériault a déclaré que la Biennale Amérique s’inscrit dans l’histoire de la Biennale de la langue française fondée par Alain Guillermou en 1965. Et de rappeler également, en 1977, la Biennale de la langue française qui s’était tenue à Moncton.
La première Biennale Amérique avait pour thème :
« La langue française en Amérique : dynamiques spatiales et identitaires ».
Les trois jours de travaux qui ont composé cette Biennale furent riches et variés tenant compte de l’essaimage francophone : Acadie, Québec, USA, Louisiane, Antilles-Caraïbes.
Nombre de spécialistes se sont succédé à la tribune : sociologues, linguistes, spécialistes de littératures, sociolinguistes, historiens, géographes, psychologues, etc. pour rendre compte des diverses formes qu’a emprunté et qu’emprunte la langue française en terre d’Amérique, selon les territoires qu’elle occupe et leurs contacts avec la langue anglaise, voire espagnole.
Quels espaces et territoires ont occupé et occupent les francophones en Amérique ? Quels ont été les pertes et les conquêtes tant politiques que juridiques, et quels impacts ont elles eu sur la langue française – ses maintiens, ses reculs de même que sur sa vitalité. Ses rapports avec l’économie ont été également évoqués.
En s’appuyant sur les tendances passées et actuelles des francophonies et à partir des analyses qui sont faites sur les francophonies d’Amérique, la Biennale Amérique a tenté de dégager une réponse à la question : quel avenir pour elles ?
Cette Biennale Amérique fut l’occasion pour nous, Biennale de la langue française, d’établir la filiation puisque Joseph-Yvon Thériault, le Président, m’a fait intervenir à la fin de la Biennale sous l’intitulé : « Mot de remerciement », juste après l’intervention de Madame Sylvie Boucher, Secrétaire parlementaire de la ministre de la Francophonie et des langues officielles. Je rappelle à ce propos que la Biennale Amérique fut ouverte par l’Honorable Benoît Pelletier, ministre responsable des Affaires intergouvernementales canadiennes, de l’Accord sur le commerce extérieur, de la Réforme des institutions démographiques et de l’Accès à l’information.
J’ai pu non seulement y lire le discours du Président Eluerd que je représentais, mais également commenter les travaux, les orateurs. J’ai pu aussi informer le public du fonctionnement de la BLF et de ses coordonnées électroniques, de donner l’intitulé et les dates de la prochaine Biennale à Dakar et du Colloque du 16 décembre à Paris avec les noms des intervenants dont nous étions sûrs.