Biennale de la Langue Française

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Micheline SOMMANT

Docteur en linguistique, Directrice du département Langue française aux éditions Larousse


Les dictionnaires pédagogiques pour les jeunes comme outils d'apprentissage de la langue française: historique et adaptation pour les pays francophones (Maghreb et Québec).


Introduction

Qu'entendons-nous par la dénomination "dictionnaires pédagogiques"? Tous le sont. Certes, tout dictionnaire est un outil d'apprentissage ou d'approfondissement de la langue française et des connaissances en langue française ou en d'autres disciplines.

Mais précisons qu'entre le livre d'images et le Petit Larousse illustré se trouve toute une gamme de dictionnaires très sériés chez Larousse (autant que chez Bordas, Hachette, Le Robert) dits «pédagogiques» ou encore «scolaires».


I- Historique des dictionnaires pédagogiques

1) Présentation et commentaires du tableau

a) Les éditeurs de dictionnaires pédagogiques:

Larousse, Bordas, Hachette, Le Robert

Année/Titre

âge

auteurs

niveau

éditeur

Nombre de mots

1963

Larousse des débutants


M. de Toro

Jeunes écoliers

Larousse

<20 000

1971

Dictionnaire du français vivant


Davau

Lallemand

Cohen

Écoliers+

tout le monde

Bordas

34000

1974

Mes 10 000 mots

À partir de 7 ans

Marcel Didier

CE/CM

Bordas

10000

1977

Nouveau Larousse des débutants

7/9 ans

Collectif

Larousse

École élémentaire

Larousse

16000

1980

Hachette Junior

8/11 ans

Collectif Hachette

CE/CM

Hachette

>20 000

1985

Mini-débutants

6/8 ans

Collectif Larousse

CP/CE

Larousse

5400

1985

Le Tour du mot

À partir de 9 ans

Jean Girodet

CE/CM

Bordas

16000

1987

Dictionnaire du français au collège

12/16 ans

Collectif Larousse

6e 5e 4e 3e

Larousse

40000

1989

Bordas Cadet (ex Mes 10 000 mots)



CE/CM

Bordas

10000

1993

Bordas Junior (ex Le Tour du mot)



CM

Bordas

16000

1993

Robert Juniors

8/12 ans

Collectif

Le Robert

CE au CM

Le Robert

20000

1994

Super major


Collectif Larousse

CM/6e

Larousse

25000

1996

Hachette Benjamin

6/8 ans

Collectif Hachette

CP/CE

Hachette

6000

1997

Maxi-débutants (ex Nouveau Larousse des débutants)

7/10 ans


CE2/CM1/CM2

Larousse

20000

1997

Robert Benjamin

6/8 ans

Collectif

Le Robert

CP/CE (de la maternelle au CE)

Le Robert

6000

1997

Robert des collèges

12/16 ans

Collectif

Le Robert

6e 5e 4e 3e

Le Robert

40000

2000

Larousse des débutants (ex Mini-débutants)





6200

2000

Refonte du Dictionnaire du français au collège




Larousse


Historiquement parlant, c'est Larousse qui dès 1963 a senti le besoin de créer un dictionnaire destiné à des personnes qui commençaient leur apprentissage de la langue française, avec le Larousse des débutants.

Ensuite, en 1971, Bordas avec le Dictionnaire du français vivant (Davau, Lallemand et Cohen) concevait un dictionnaire classé par familles de mots, très pédagogique, avec des définitions très claires.

Hachette a publié le Hachette Juniors pour les 8/11 ans en 1980.

Puis, de nouveau, en 1985, on trouve Bordas avec Le Tour du mot de Jean Girodet (devenu le Bordas Junior) et le Mini-débutants chez Larousse destiné au CP/CE, refondu en 1999 et devenu depuis janvier 2000 Larousse des débutants.

Ensuite, la gamme s'est allongée: en 1974, Bordas sort un Dictionnaire de 10 000 mots de Marcel Didier pour l'école (filles et garçons de moins de 11 ans), devenu en 1989 le Bordas Cadet.

En 1977, Larousse sort le Nouveau Larousse des débutants devenu le Maxi-débutants (CE/CM) refondu en 1997, puis le Super-Major (CM/6e) en 1994.

Chez les autres éditeurs: Robert a sorti un Robert Juniors pour les 8/12 ans en 1993 puis un Robert Benjamin pour les 6/8 ans en 1997. Hachette Benjamin pour les 6/8 ans est publié en 1996.


b) Gamme des dictionnaires pédagogiques Larousse

Primaire

Larousse des débutants (6/8 ans) CP / CE

Cycles des apprentissages fondamentaux

6 200 mots (+ synonymes)

750 dessins

31 planches thématiques

Un atlas


Maxi-débutants (7/10 ans) CE / CM

Cycle des approfondissements

20 000 mots

Plus de 70 planches d'illustrations thématiques

Un atlas

Conjugaison des verbes irréguliers.


Super major (9/12 ans) CM1, CM2 / 6e

Cycle des approfondissements et entrée au collège

23 800 mots + locutions et expressions

Tableaux de conjugaison

Noms propres

Petit passeport pour la francophonie

Atlas


Collège

Dictionnaire du français au collège (DFC) (12/16 ans) 6e à 3e

Il suit les Instructions officielles des collèges de la 6e à la 3e

40 000 mots et locutions du domaine courant et des disciplines enseignées (+ préfixes)

Les différents sens du mot

Prononciation

Étymologies et tableaux des préfixes et suffixes

Synonymes et contraires

Niveaux de langue

Remarques orthographiques et grammaticales

grammaire thématique + une liste des proverbes français


Ensuite, pas de niveau pour le lycée mais accès au Petit Larousse illustré

Au premier degré ou au primaire, on trouve dans la gamme Larousse le Larousse des débutants destiné à la tranche d'âge 6/8 ans et aux classes de CP/CE1, puis le Maxi-débutants aux élèves de 7 à 10 ans du CE1/CE2 et CM1/CM2. Enfin, le Super major s'adresse aux élèves de CM1/CM2 confirmés et à ceux qui commencent la 6e, première année de Collège.

Ensuite vient le DFC, Dictionnaire du français au Collège, (ex-DFC Dictionnaire du français contemporain de Jean Dubois) qui couvre les quatre niveaux du Collège de la 6e à la 3e.

On remarque donc, dans le premier degré ou primaire, un phénomène de «tuilage». Par ce terme, on entend une cible qui est fixe mais empiète néanmoins sur le niveau supérieur ou inférieur, et qui relève de la pédagogie différenciée.

Le Maxi-débutants, par exemple, et le Super major ont en commun le niveau CM, le Super major et le DFC la classe de 6e.

Il s'agit là d'un ensemble de dictionnaires dont la cible d'élèves ne peut pas être aussi précise que l'on pourrait le croire. Un certain nombre d'entre eux possède bien le niveau moyen habituel que l'on a l'habitude de comprendre, par exemple, pour le CM1/CM2. D'autres élèves sont soit plus faibles, soit plus forts que ce niveau et ils utilisent alors soit le dictionnaire de la gamme inférieure, soit le dictionnaire de la gamme supérieure.


II- Différences entre dictionnaires adultes et dictionnaires pédagogiques pour enfants et adolescents

A/ L'objet ou le produit dictionnaire

1) Couvertures

L'iconographie est appropriée pour chaque niveau d'âge. Par exemple, une photo de surfeur illustre la couverture du Maxi-débutants (7/10 ans) et une sorte de kart celle du Larousse des débutants (6/8 ans).

Le niveau scolaire est indiqué sur la couverture ainsi que l'âge (sauf pour les versions francophones où seul l'âge est mentionné car les systèmes scolaires sont différents).

Un plat IV de couverture approprié est lié aux notions «pédagogiques» de chaque pays.

En général, le dictionnaire est cartonné mais on enregistre une tendance aux ouvrages brochés pour les versions francophones adaptées à moindre coût.


2) Formats

•Les dictionnaires pédagogiques semblent légèrement réduits en hauteur ou bien sont identiques - pour une meilleure praticabilité et lisibilité - (Larousse des débutants + Maxi-débutants + Super major) au Petit Larousse par exemple (15x22.5/23).


3) Pages

Formats

Larousse des débutants, 640 pages 15 x 23,5 (14 x 21 Maghreb)

Maxi-débutants,1 084 pages 15 x 22

Super major,1 344pages 15 x 20,5

Dictionnaire du français au collège, 1 424 pages 15 x 23


En fonction de la nomenclature plus ou moins exhaustive de chacun de ces titres, on peut calculer le nombre de pages.

En fonction de la tranche d'âge, des acquisitions en connaissances demandées, le nombre de pages va croissant.


4) Intérieur

•Couleurs: les dictionnaires pédagogiques - tout comme le Petit Larousse illustré - sont en quatre couleurs, excepté le Dictionnaire du français au collège (en bichromie et sans illustration).

La lisibilité de chaque dictionnaire est accrue (avec l'utilisation d'un corps suffisamment important).

Les entrées sont classées de façon différente.

Classées par ordre alphabétique dans le Larousse des débutants, le Super major et le Petit Larousse illustré, elles le sont par famille de mots dans le Maxi-débutants.

Illustrations: dessins, légendes et planches existent dans le Larousse des débutants, le Maxi-débutants et le Petit Larousse illustré. Quelques dessins et des planches illustrent le Super major également, mais il n'y a ni dessins, ni planches dans le DFC.


B) Le produit lexicographique et pédagogique

1) Les fonctions de l'outil dénommé «dictionnaire pédagogique»

Trois fonctions essentielles:

Le dictionnaire est le livre des repères. Dans une société de l'image, de l'audiovisuel et des multimédias, l'enfant a tendance à éparpiller son apprentissage des connaissances. Le dictionnaire lui permet de structurer ses connaissances par l'acquisition des bases fondamentales du «capital-mots».

Le dictionnaire permet également l'organisation de la pensée par le classement, le repérage, l'ordre alphabétique: on apprend à trier et à classifier. Le dictionnaire est à la fois un synthétiseur et un structurateur du langage et des connaissances à apprendre et à maîtriser, au cours de l'éveil physiologique et psychologique de l'enfant.

C'est un outil (du latin ustensilia, «ustensile») - au sens fort - d'apprentissage entre les mains de l'enseignant mais, attention, il ne se substitue en aucune façon à l'enseignant lui-même.

On doit s'en servir pour trouver l'orthographe ou le sens d'un mot mais aussi pour étudier des mots comme s'il s'agissait d'une «leçon de choses» du mot. C'est donc un auxiliaire essentiel de l'apprentissage du français.

Des fichiers pédagogiques sont conçus pour proposer des pistes d'exploitation pédagogiques du dictionnaire à laide d'exercices.


2) Nomenclature

Il y a moins de mots dans un dictionnaire pédagogique que dans un dictionnaire pour adultes:


Larousse des débutants:6 200 mots

Maxi-débutants:20 000 mots

Super major:24 000 mots

Dictionnaire du français au collège:40 000 mots

Comparativement, le Petit Larousse illustré, pour adultes, compte environ 59 000 noms communs et 28 000 noms propres.


3) Catégorie grammaticale/phonétique

La catégorie grammaticale intervient en entrée, parfois à l'intérieur de l'article ou dans la rubrique «remarque» en fin d'article.


Larousse des débutants:moyennement développée

Maxi-débutants:moyennement développée

Super major:plus développée

Dictionnaire du français au collège:très développée + +

Petit Larousse illustré:très développée


Le problème de la phonétique est délicat. Si celle-ci est omniprésente dans le Dictionnaire du français au collège, elle est limitée dans le Petit Larousse illustré à cause du public de ce dictionnaire (+ de 50/60 ans), et dans le Super major.

Ce problème reste très difficile à régler. D'une part, l'alphabet phonétique international doit être enseigné dès les classes du primaire - ceci est stipulé dans les instructions officielles - , d'autre part le grand public a du mal à appréhender ce système, lui préférant la formule plus concrète de: «ce mot se prononce comme».


4) Les abréviations

Elles existent pour ce qui est des catégories grammaticales, des marques d'usage, des disciplines dans le Maxi-débutants, le Super major, le DFC, et le Petit Larousse illustré.

En revanche, il n'y a pas d'abréviations dans le Larousse des débutants. Verbe, noms masculin et féminin, adverbe, adjectif sont écrits en toutes lettres en entrée, ce qui s'explique par l'âge 6/8 ans des consultants de ce dictionnaire.


5) Les mots monosémiques et polysémiques

Que les mots soient monosémiques ou polysémiques, il va de soi que plus on monte en âge, plus le niveau de connaissance s'amplifie. Ainsi, par exemple, comparons de visu le mot détail dans le Larousse des débutants et dans le DFC.

Larousse des débutants

Détail nom masculin. Pierre voulait connaître tous les détails de l'histoire, les petites choses qui ne sont pas toujours très importantes.

DFC

Détail [detaj] n.m. 1. Énumération complète et minutieuse: Voulez-vous le compte global ou le détail des dépenses? Expliquez-moi cela en détail (SYN. par le menu). 2. Élément d'un ensemble, particularité, circonstance d'un événement: Observer les détails d'un tableau. Détail mineur (= non essentiel). Les détails ne doivent pas faire perdre de vue l'essentiel. Ce n’est qu'un détail. 3. Vente ou achat dune marchandise par éléments: Vendre, acheter des assiettes au détail (SYN. à l'unité) 4. Vente par petites quantités au public de marchandises achetées à un grossiste: Un commerce de détail (CONTR. gros, demi-gros).


Définitions

On relève deux types de définitions dans les dictionnaires pédagogiques alors que dans le Petit Larousse illustré, par exemple, la métalangue répond à plusieurs types définis en fonction des entrées.


a)la définition phrastique (ou explicative ou (pédagogique) déductive)

L'exemple seul sert parfois de définition.

Pour le Larousse des débutants et Maxi-débutants c'est la plus caractéristique pour le jeune âge où l'enfant, possédant peu de connaissances encore, a besoin qu'on lui explique, dans le détail et avec des mots simples, le sens d'un mot qu'il ne connaît pas.

L'inconvénient majeur de ce type de définition réside dans le confinement au sens de l'exemple et de son contexte. Cette méthode semble être délaissée aujourd'hui: on lui préfère désormais la définition rédigée, ce qui a le mérite d'englober le sens général (suivi ensuite d'exemple(s)). Toutefois, pour les notions abstraites, on tend à conserver la définition phrastique.


b) la définition inductive pour le Super major, le Dictionnaire du français au collège ou le Petit Larousse illustré.

Dans ces dictionnaires, la tranche d'âge est plus élevée, on part donc de la définition et on donne éventuellement un exemple «d'application».

Par exemple: on définit un adjectif dans le Petit Larousse illustré selon plusieurs typologies:

a)Synonymiques: fléché = balisé par des flèches.

b)Subordonnée relative: flexible = qui plie aisément.

c)Propositions «se dit», «se rapporte à»: noueux = se dit du bois qui a beaucoup de nœuds.

d) Adjectif «relatif»: notionnel = relatif à une notion.


c) Exemples (la démonstration)

Là encore, pour les dictionnaires pédagogiques, les exemples visent:

-à faire fonctionner le mot en contexte,

-à s'inscrire dans l'univers de l'enfant (prénoms, famille… ),

-à donner parfois des détails encyclopédiques.


Le dictionnaire pour adultes Petit Larousse illustré contient peu d'exemples ou ceux-ci sont brefs révélant une expression figée. Ex.: ovale, l'ovale du visage, ou plus long: irradier, les rayons d'un foyer lumineux irradient de tous côtés; saper, la mer sape les falaises.


d) Locutions et expressions

Il y en a très peu dans le Larousse des débutants ou le Maxi débutants car le public est encore «apprenant» et parce que la nomenclature est restreinte.

Le Petit Larousse illustré en possède moyennement (c'est la tradition).

Le Super major en contient davantage mais en nombre limité.

Elles sont en nombre très important dans le Dictionnaire du français au collège.


e ) Synonymes et contraires

Ils sont essentiels en pédagogie soit pour mieux comprendre le sens d'un mot (le synonyme renforce et le contraire permet d'intégrer la notion inverse) donc très présents dans les dictionnaires scolaires.

Ils sont beaucoup moins fréquents dans le Petit Larousse illustré (le dictionnaire spécialisé des synonymes existe en tant que tel et ne justifie donc pas l'ajout exhaustif des synonymes).

Dans le DFC, le système des synonymes a une particularité, il est marqué ou (croissant ou décroissant) suivant que la notion traitée est plus ou moins forte.


f) Mots de la même famille

Pour aborder l'étymologie dans le Larousse des débutants et le Maxi-débutants, on a recours à cette rubrique. En revanche, dans le Super major, l'histoire du mot se trouve en marge et dans le Dictionnaire du français au collège l'étymologie est donnée systématiquement en entrée. Les étymologies sont généralement mentionnées lorsqu'elles sont éclairantes.

Le Petit Larousse illustré possède la rubrique «étymologie» mais celle-ci figure surtout pour les mots dont l'étymologie présente un intérêt.


g) Marques d'usage

On les dénomme aussi «registres de langue» (argotique, familier, populaire, littéraire, etc.).

Plus le dictionnaire est destiné à une tranche d'âge de petits ou d'apprenants (reposant donc sur une nomenclature réduite), plus les marques d'usage sont rares. En effet, le champ restreint du vocabulaire essentiel ou de base limite les niveaux ou les registres de langue.

Le Larousse des débutants n'utilise que la marque «familier» tout comme le Maxi-débutants et le Super Major.

Le Dictionnaire du français au collège en possède une bonne dizaine: argotique, populaire, vieux, ancien, familier, ironiquement, littéraire, péjoratif, trivial…

Le Petit Larousse illustré en possède le plus grand nombre.


h) Orthographe

Les pluriels sont donnés quand ils sont irréguliers dans le Larousse des débutants et dans tous les dictionnaires jusqu'au Petit Larousse illustré, ainsi que les conjugaisons, les formes fléchies (adjectifs, noms) qui sont écrites en entier.

Les marques d'orthographe et de grammaire sont absolument présentes dans chacun des ouvrages enfants et adultes car elles concernent le code écrit, et répondent, pour chaque tranche d'âge, aux acquis demandés dans les Instructions officielles.


III- Les adaptations des dictionnaires

a)Typologie des adaptations: pour les pays francophones, les éditions Larousse exportent

trois types d'ouvrages:

1-Le dictionnaire en version française avec un simple changement de couverture (sans mention du niveau scolaire).

Belgique, Suisse, Dom-Tom

Il y a peu de différence dans ces pays avec la langue parlée en France (frontières et départements d'Outre-Mer).

2- Le dictionnaire dont le contenu texte et images est adapté en français pour un pays précis

Québécisation Maxi-débutants au Québec sous le titre de Larousse des jeunes.

Maghrébisation Larousse des débutants au Maroc, en Algérie sous le titre de Mon premier dictionnaire.

Larousse des débutants en Tunisie sous le titre de Dictionnaire des débutants.

3- Le dictionnaire dont le contenu texte et images est adapté en français pour un pays précis et comporte un index bilingue.

C'est le cas pour le Larousse des débutants et le Super major qui vont comporter un index bilingue français/arabe pour l'Égypte, le corps du texte ne changeant pas.


b)Deux exemples

Voici deux exemples d'adaptations de dictionnaires pédagogiques:

- L'adaptation du Larousse des débutants pour le Maghreb: Mon premier dictionnaire.

- L'adaptation du Maxi-débutants pour le Québec: Larousse des Jeunes.


Modifications apportées

a)Méthodologie et équipe

Pour réaliser ces adaptations, une collaboration entre les lexicographes Larousse et les conseillers pédagogiques sur place au Maroc, en Tunisie et au Québec s'est avérée nécessaire.

Ainsi, d'un pays à l'autre, les modifications sont appropriées, spécifiques aux règles de l'enseignement et aux traditions et coutumes de chaque pays.


b)Modifications pour le Maghreb du Larousse des débutants

Les noms d'enfants: il s'agit de prénoms du Maroc, de Tunisie, d'Algérie et de quelques-uns du Moyen-Orient qui remplacent les prénoms français.

Exemples: Aïcha, Leïla, Mohamed, Rachid, Youssef, etc.

Autres modifications (l'Atlas): les frontières sont à marquer pour l'Algérie et le sud du Maroc.

Pour le Maghreb, la planche des costumes et celle des habitations ont été ajoutées.

Des planches ont été modifiées: le corps (ajout de maillots), les drapeaux (+ Egypte, Jordanie, Libye, Mauritanie, Syrie), l'orchestre et la musique (joueur de luth), les saisons (les saisons «en France»).

Les articles et les exemples sont parfois modifiés pour introduire l'univers particulier où évolue l'enfant dans ces pays (ajouts de: ablutions, africain, agrumes, algérien, arabe, aumône, etc.), soit 158 articles ajoutés.

A noter qu'en Tunisie la couverture est conservée telle qu'en France alors qu'au Maroc et en Algérie le dessin représente des personnes dans le contexte typique du pays.

En Algérie, une planche a été remaniée pour faire apparaître la différence du calendrier (année, jours de la semaine) selon qu'il est de tradition orientale ou occidentale.

Sont également mentionnés les jours de la semaine internationale.

c) Modifications pour le Québec du Maxi-débutants

1- Modifications partielles

a)Formes fléchies (en particulier féminisation des noms de métier).

Bon nombre de noms de métier masculin sont féminisés au Québec:

Exemples:

un charpentier > une charpentière

un luthier > une luthière

un menuisier > une menuisière

un sommelier > une sommelière

un sourcier > une sourcière

un major > une majore

un professeur > une professeure

un sculpteur > une sculpteure

un syndic > une syndique

un truand > une truande

un forgeron > une forgeronne

un chauffeur > une chauffeuse

un rémouleur > une rémouleuse

un tailleur de pierre > une tailleuse de pierre

un rebouteur ou un rebouteux > une rebouteuse

un ou une trompettiste

un homme-grenouille > une femme-grenouille

un maréchal-ferrant > une maréchale-ferrante

un sapeur-pompier > une sapeure-pompière

b)Modifications graphiques

On enregistre des formes orthographiques doubles, qui sont précisées afin que l'une ou l'autre graphies de ces mots soient acceptées.

Exemples :

canette ou cannette

tommette ou tomette

canyon ou canon

canoë ou canoé

curry, cari ou carry

supporter ou supporteur, trice

c) Modifications de catégories grammaticales

Certains changements de catégories grammaticales sont dus à la féminisation de noms de métiers qui deviennent épicènes

Exemples :

un ou une métallurgiste

un ou une trompettiste

d) Des éléments dessinés sur les planches

Ces éléments ne correspondent pas à l'environnement ni aux coutumes du Québec, ce qui justifie leur suppression ou leur modification.

Exemple:

- les planches relatives au train, aux femmes dans une profession jusqu'alors masculine, aux avions, ont été modifiées.

2- Modifications importantes

a) Suppression de mots

Les mots de la nomenclature ou l'un de leur sens ou l'une des locutions où ils se trouvent ne correspondant pas à une réalité québécoise: ils ont donc été supprimés.

Quelques exemples:

Académien.m.

Académique adj.[sens 2].SENS 2 ( circonscription administrative de l'enseignement, en France).

Biniou n.m. sorte de cornemuse bretonne

Bleuet n.m sens de fleur en France, remplacé par celui de fruit au Canada. cf. liste des modifications

Gabelle n.f. impôt sur le sel

Maréchaussée n.f. ensemble des gendarmes

Minuterie n.f. sens français [lumière électrique qui s'éteint automatiquement] remplacé par sens canadien [qui correspond au minuteur français]. cf. liste des modifications

Week-end n.m.vfin de semaine

Zouave n.m.vSENS 1. sens français [soldat de l'ancienne armée française d'Afrique]

remplacé par sens canadien [soldat chargé de la défense du pape à Rome]


3. Introduction de mots propres au lexique québécois

a) Verbes *

Quelques verbes typiques du lexique québécois ont été introduits:


grafigner v. 1er groupe. Je me suis grafigné dans les ronces (= égratigner, griffer).

mémérer v. 1er groupe. Fam. Paul mémère tout le temps, il bavarde sur tout et sur rien.

zigonner v. 1er groupe. Fam. Zigonner, c'est hésiter, perdre son temps.


Quelques verbes du lexique français qui ont un nouveau sens spécifique au Québec ont fait leur entrée dans la nomenclature:

pitonner v. 1er groupe. [SENS 3] Il pitonne constamment avec sa télécommande, il appuie sur les touches, les pitons pour changer de chaîne.

rebouter v. 1er groupe. Elle lui a rebouté le poignet, remis en place (= ramancher).

saper v. 1er groupe. SENS 1. La mer sape les falaises, […]. SENS 2. Il ne sait pas manger sans saper, faire du bruit avec sa langue ou ses lèvres.


b) Noms *

Ces québécismes ont été introduits dans le Larousse des jeunes:

chantepleure ou champlure n.f. Ferme bien la chantepleure, le robinet muni d'une clé tournante.

ouaouaron n.m. Le ouaouaron est une grenouille géante d'Amérique du Nord.

poutine n.f. La poutine est un mélange de pommes de terre frites et de fromage, accompagné d'une sauce chaude.


Ces noms ont un sens dans le lexique français mais un sens spécifiquement québécois a été ajouté:

bleuet n.m. [SENS 1] Comme dessert, il y a une tarte aux bleuets, une tarte faite de petites baies bleu-noir sucrées.

poudrerie n.f. [SENS 1] Le vent souffle, quelle poudrerie!, quelle neige fine et sèche que le vent soulève en tourbillons.

trempette n.f. [SENS 2] Julie a préparé une bonne trempette pour les légumes crus, une sauce dans laquelle on trempe les légumes. On sert des trempettes avec l'apéritif, des morceaux de légumes crus, des croustilles que l'on peut tremper dans une sauce. À la fin du repas, ma tante aime faire une trempette, tremper des petits morceaux de pain dans du sirop d'érable.


c) Adjectifs *

Les adjectifs suivants sont des québécismes:

Bretteux, euse n. et adj. Fam. Charles est un bretteux, il ne sait pas ce qu'il veut.

Quétaine adj. Ta robe est quétaine, d'un goût douteux.


Au sens français, s'est ajouté un sens propre au Québec:

Râblé/râblé, ée adj. Mme Bonnet est une femme râblée, elle a le dos large et musclé (= trapu).

Réformé/réformé, ée adj. [SENS 2] La religion réformée est la religion protestante.


d) Quelques locutions et expressions typiquement québécoises *

Être dans les patates/il divague, il est dans l'erreur

Se faire passer un sapin/Je me suis fait passer un sapin, on m'a trompé.

Se payer la traite/Il ne s'est pas gêné pour profiter des circonstances


e)Précisions pour les marques déposées

Il s'agit, comme pour la France, de préciser les noms de marque:

klaxon

jeep

inox

mobylette

nylon

pédalo

polaroïd

pyrex

scrabble

skaï

tergal

thermos

walkman

yo-yo


f) Précisions pour les Recommandations officielles *

Au Québec, les recommandations officielles sont largement diffusées pour remplacer d'éventuels anglicismes. En voici quelques exemples:

Charter/vol nolisé

Puzzle/casse-tête

Scoop/primeur, exclusivité


4. Modifications d'exemples

Les exemples ont été adaptés à l'environnement québécois. Ainsi trouve-t-on aux mots entrées les exemples ou éléments d'exemples indiqués après /:

arrondissement/île d'Orléans

autochtones/Au Canada, les Inuits et les Amérindiens sont les véritables autochtones, des personnes qui habitent le pays de leurs ancêtres.

libéral/parti libéral

magistrature/au Canada, la plus haute magistrature

mordu, ue/mordu de hockey

naturaliser/naturaliser canadien

nation/la nation canadienne

patron, onne/Mme Ribour est la patronne de l'usine

partance/en partance pour Ottawa

pavoiser/on pavoise le 24 juin

péninsule/La Gaspésie forme une péninsule

rondelle/la rondelle de hockey

scène/la scène se situe à Toronto

soubassement/le sous-sol

terre/avoir des terres en Estrie

territoire/le territoire du Québec

tisser/à Lyon, en France, on tisse la soie

Totem/les Amérindiens dansent autour du Totem

tribu/Le chef amérindien a rassemblé sa tribu

tributaire/Le Québec est tributaire des pays qui ont du pétrole


5. Modifications de couverture

Sur la couverture, on remarque, pour ce type de public, que jamais le niveau scolaire n'est mentionné. En effet, le système éducatif de la France est différent de celui du Québec.

L'enfant qui faisait du «skate board» en France et illustrait en grande partie la couverture a été changé pour une photo de hockeyeur, sport courant au Québec.

Le changement de titre est dû à des raisons juridiques.

La mention «nouvelle édition nord-américaine» englobe le Québec, les francophones du Canada et du nord de l'Amérique en général.

Sur le plat IV figure un texte spécialement rédigé pour le public québécois avec la mention: «Ce dictionnaire veille à respecter les critères en vigueur au Québec pour le matériel didactique»


Conclusion

D'un pays à un autre, d'un système éducatif à l'autre, d'une situation contextuelle bilingue à une autre monolingue, on s'aperçoit qu'une même trame d'un dictionnaire subit des adaptations diverses tant de forme que de contenu.

Ces outils incontournables que sont les dictionnaires pédagogiques s'avèrent indispensables pour acquérir un lexique de base (entrées + sens), un vocabulaire, mais également pour savoir orthographier les mots, les faire «fonctionner» grammaticalement dans une phrase.

Ils évolueront avec l'influence des néologismes et des multimédias à l'avenir.

Aujourd'hui, ils sont des auxiliaires indispensables pour les différentes tranches d'âge scolaire exigeant la connaissance d'un capital-mot essentiel (de façon croissante de 6 à 16 ans) afin d'apprendre la langue française tant en France que dans les pays francophones avec les versions dictionnairiques adaptées.

* Les ajouts étant en très grand nombre, nous n'avons choisi que quelques exemples typiques (trois maximum), à chaque fois.


Bibliographie sommaire

Dictionnaires:

- Les dictionnaires pédagogiques de la gamme Bordas, Hachette et Le Robert

(de 6 à 16 ans)

ainsi que:

Chez Larousse

- Larousse des débutants

- Mon premier dictionnaire

- Maxi-débutants

- Larousse des jeunes

- Conférence sur "Le dictionnaire comme outil d'apprentissage du français " au Maroc et en Tunisie (septembre et octobre 2000) par Micheline Sommant.

- Conférence sur le "Traitement de la grammaire dans les dictionnaires pédagogiques Larousse de langue française : comparatifs du 1er degré et du second degré" à l'Université de Cergy-Pontoise le 21 mars 2001, par Micheline Sommant.

 


Accréditation OING Francophonie

Sommaire des Actes de la XIXe Biennale

SOMMAIRE

XIXe Biennale à Hull-Ottawa 2001

Jeunesse et langue française. Créer, partager, entreprendre.

Langue française au Canada et en Amérique du Nord.


Préface par Roland Eluerd

Remerciements

SEANCE SOLENNELLE D'OUVERTURE

Messages de:

La très Honorable Adrienne Clarkson

L'Honorable Lise Thibault

L'Honorable Sheila Copps

Allocutions de:

M. Marcel Proulx

S.E. M. Denis Bauchard

M. Marcel Hamelin

M. Francis R. Whyte

M. Roland Eluerd

et Hommage posthume à Henri Bergeron par Roland Eluerd

Résultats de l'enquête par Mme Jeanne Ogée

JEUNESSE ET LANGUE FRANÇAISE

I . Créer

I. A . La poésie

Débat la poésie

I. B . Les technologies de l'information

Alain Vuillemin

Jean-Alain Hernandez

Louise Guay

Frédéric Nolin

Synthèse de René Morin

Remise des prix du concours “Les mordus de la langue”par Alain Landry

II . Partager

II. A . Les mots

Albert Doppagne

Noëlle Guilloton

Claire-Anne Magnès

Débat sur les mots animé par Antonine Maillet

II. B . Les engagements, les O.N.G.

Angèle Bassolé-Ouédraogo

Herman Zoungrana

Gabriela Marcu

Débat

II. C . L'enseignement du français

Micheline Sommant

Pascale Lefrançois

Sally Rehorick

Pierre C. Bélanger

Débat 1 sur l'enseignement

Marius Dakpogan

Mioara Todosin

Cécilia Gaudet

Fabienne Cauchi

synthèse par Ibnou Dia

Débat 2 sur l'enseignement

Hommage à Philippe Desjardins

III . Entreprendre

III. A . Jeunes entrepreneurs

Théodore Boukaré Konseiga

Sidney Ribaux

Daniel La Bossière

Débat 1 sur Entreprendre

III.B . Espace linguistique de la jeune entreprise francophone

Éric Bergeron

Jean-Paul Buffelan-Lanore

Isabelle Plouffe

Débat 2 sur Entreprendre

LANGUE FRANÇAISE AU CANADA ET EN AMÉRIQUE DU NORD

A . Paysage linguistique canadien et nord-américain

Gratien Allaire

Lise Dubois

Paul Dubé

Geneviève Labrecque

Samia I. Spencer

Débat Canada Amérique 1

B . Langue et culture dans le contexte canadien et nord-américain

Lise Gaboury-Diallo

Naïm Kattan

Miléna Santoro

René Cormier

C . Vitalité de la langue française au Canada

Lisa Balfour Bowen

Michel Chartier

Joan Netten

James Thériault

D.Témoignages

Isabelle Chiasson

Luc Lainé

Anne Pham-huy

Débat Canada Amérique 2

Mot de la fin par Norman Moyer

Allocution de Jean-Louis Roux

TABLE RONDE Le choc des cultures

Animateur Jean-Louis Roy


SEANCE DE CLOTURE

Vœux

Discours de clôture par Roland Eluerd

Liste des participants

Échos de la XIXe Biennale


A la Une

« La culture suppose l'enracinement, la profondeur et la perspective d’un épanouissement sans cesse en progrès. »

Jacqueline de ROMILLY

Présidente d’Honneur de la Biennale de la langue française (2002-2010)

Dans Le Trésor des savoirs oubliés, Éditions de Fallois, 1998, p. 93