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Joan NETTEN

Présidente de Canadian Parents for French


Canadian Parents for French et la vitalité de la langue française au Canada


C'est un grand plaisir d'être invitée à participer à la 19e Biennale de la langue française et surtout de vous parler du rôle de Canadian Parents for French (CPF) dans le contexte de la vitalité de la langue française au Canada. En outre, CPF se situe bien dans le thème du congrès, Jeunesse et langue française, car nous ciblons l’apprentissage du français langue seconde dans les écoles; la mission de Canadian Parents for French est de promouvoir et de créer des occasions pour l'apprentissage et l'utilisation de la langue française pour tous, et toutes, les jeunes Canadiens et Canadiennes.

Vous allez peut-être demander pourquoi nous ciblons les écoles, le système scolaire et l'apprentissage de la langue française? Il faut se rendre compte qu'au Canada, même dans toute l'Amérique du Nord, l'anglais est la langue de la majorité de la population. Le français se trouve donc une langue dite minoritaire. Pour les francophones au Canada, apprendre l'anglais n’est pas trop difficile; on peut l'entendre presque partout. Mais, pour les anglophones, la situation n'est pas du tout la même. Il est difficile d'apprendre le français (sauf au Québec, et probablement dans la région d'Ottawa\Hull). Dans tous les autres endroits au Canada où l'anglais est la langue majoritaire, les enfants n'apprennent le français qu'à l'école. Les anglophones dépendent donc entièrement du système scolaire pour apprendre le français.

Tout récemment (avril 2000) on a fait un sondage auprès des Canadiens anglophones pour déterminer l'importance pour eux d'apprendre une langue seconde à l'école. Les résultats de ce sondage ont montré que la plupart des Canadiens (87%) croient qu'être capable de parler plus d'une langue est très important, et 78% croient qu'il est important pour les élèves d'apprendre une langue seconde à l'école. Plus de la moitié des anglophones croient que les élèves anglophones devraient apprendre le français à l'école.

Mais, dans les écoles, il y a beaucoup de compétition pour les heures dans la grille-horaire. Les administrateurs ont tendance à mettre un accent très fort sur les sciences, les mathématiques, la technologie, surtout pour les garçons. Dans ce contexte le français a tendance à être dévalorisé. C'est le but de Canadian Parents for French de promouvoir la valeur du français et l'importance de l'apprentissage du français langue seconde au Canada.

Canadian Parents for French a été fondé dans les années soixante-dix, en 1977 pour être exact, car nous comptons célébrer notre 25e anniversaire en 2002 (probablement dans ces mêmes locaux), avec les parents anglophones qui voudraient que leurs enfants apprennent à bien communiquer en français comme langue seconde. Au début, Canadian Parents for French était associé surtout à l'implantation des programmes d'immersion en français, un régime pédagogique innovateur initié ici au Canada en 1965 à St. Lambert, Québec. Notre intérêt dans ce programme venait surtout du désir des parents de trouver les façons d'améliorer l'enseignement du français comme langue de communication au Canada. Comme c'est souvent le cas pour presque toutes les innovations dans le domaine de l'éducation, le système scolaire n'a pas immédiatement répondu d'une façon très positive à cette innovation. Par conséquent, Canadian Parents for French a été créée par les parents pour encourager les preneurs des décisions dans le système scolaire d'implanter le nouveau programme, et aussi de donner un soutien à tous les parents qui voulaient que leurs enfants participent à un tel programme. L'immersion en français est maintenant reconnue, pas seulement au Canada mais à travers le monde, comme le meilleur moyen pour les non-francophones d'apprendre à communiquer en français, et c'est surtout grâce aux efforts de Canadian Parents for French que l'immersion est devenue un programme accepté dans le système scolaire. Il y a maintenant à peu près 320 000 élèves dans les programmes d'immersion en français au Canada.

Canadian Parents for French ne comprend pas seulement les parents, en dépit de son nom, mais tous ceux qui s'intéressent à l'apprentissage du français comme langue seconde au Canada. Nous avons plus de 15 000 membres qui sont répartis dans les 3 territoires et 9 provinces. Nous sommes tous des bénévoles qui donnons de notre temps pour valoriser le français et son apprentissage dans la société canadienne.

L'éducation au Canada est un des domaines qui appartient aux provinces, mais le gouvernement fédéral y porte un intérêt aussi dans le cadre de ses politiques au sujet des langues officielles. Canadian Parents for French a une structure qui répond à ces exigences; nous sommes un organisme à trois niveaux: national (où nous interagissons avec le gouvernement fédéral pour maintenir un support financier et psychologique pour la langue française); provincial (où nous interagissons avec les ministères de l'Éducation dans chaque province pour maintenir et améliorer les programmes de la province, et bien utiliser les fonds du gouvernement fédéral), et local (où nous interagissons avec les commissions scolaires et les administrateurs dans les écoles pour nous assurer de la bonne qualité des programmes dans chaque communauté). La structure de notre organisme valorise beaucoup les groupes locaux, nous aide à avoir une influence assez forte et assez directe sur les programmes de français dans les écoles.

Cependant, ces 320 000 élèves qui font toutes leurs études en français dans les programmes d'immersion ne comprennent qu'environ 10% des effectifs au Canada qui étudient le français comme langue seconde. En outre 90% de ceux qui sont admissibles aux programmes de français langue seconde (ou environ 1 454 000 de nos jeunes) étudient le français dans d'autres programmes, surtout celui que nous appelons le français de base, un régime pédagogique où les élèves étudient le français pour une période de 40 minutes par jour, soit à peu près 100 heures par an. Nous portons un intérêt à ces programmes aussi dans le but de les améliorer. En plus de la promotion de la valeur du français et de l'apprentissage de cette langue, en général, les objectifs de Canadian Parents for French sont les suivants :

améliorer la qualité des programmes de français langue seconde,

s'assurer de la disponibilité des programmes de FLS pour tous les jeunes Canadiens.


La première partie de notre mission nous permet de contribuer beaucoup à la vitalité du français dans le pays en ciblant le système scolaire et à la valorisation du français comme partie intégrante dune éducation de qualité pour tous les élèves.

Cependant, la deuxième partie de la mission de Canadian Parents for French élargit beaucoup notre influence sur la vitalité de la langue française au Canada. Pour nous, chaque élève devrait avoir l'occasion non seulement d'apprendre à communiquer en français, mais d'utiliser la langue apprise à l'école dans les situations de communication authentique. Nous encourageons donc les occasions pour nos jeunes d'utiliser le français. Dans le cadre de notre organisme, nous offrons des camps dété où des centaines d'élèves, au moins, ont l'occasion de passer plusieurs jours, même des semaines, en français. Nous donnons un soutien aussi aux échanges entre des écoles pendant l'année scolaire, échanges organisés par les enseignants, souvent avec l'aide de l'organisme SEVEC (Société des échanges et visites éducationnelles et culturelles) au Canada. Nous organisons aussi des concours oratoires, des occasions d'écrire des compositions et bien d'autres activités pour l'utilisation du français.

Toutes ces activités, prises ensembles, contribuent énormément à l'utilisation de la langue française au Canada, et par conséquent à sa vitalité, car il faut rappeler que plus une langue est utilisée, moins elle est en danger de disparaître.

En outre, il y a une troisième façon par laquelle le Canadian Parents for French contribue à la vitalité de la langue française au Canada. C'est que, pour utiliser la langue d'une façon vraiment authentique, il nous faut communiquer avec les francophones. Nous établissons donc des partenariats avec les francophones afin d'opérationnaliser concrètement nos initiatives pour que nos jeunes communiquent authentiquement en français. Le fait de communiquer entre eux aide nos jeunes à se respecter. Liée étroitement à la langue est aussi la culture. L'utilisation de la langue apporte un désir de participer à la culture francophone. Comme francophiles, nous et nos jeunes, nous nous intéressons, non seulement à y participer mais aussi, à la préserver. En outre, nos croyances nous mènent à donner de l'appui politique aux points de vue des francophones. Par exemple, surtout dans la question de la gestion des écoles francophones par les francophones, les membres de Canadian Parents for French ont souvent donné leur appui aux francophones pour qu'ils puissent atteindre leur buts.


Au Canada en ce moment le pourcentage des jeunes qui parlent français est le plus élevé qu'il ait jamais été; près de 35% des jeunes adultes au Canada parlent couramment français et anglais. La Ministre du Patrimoine Canadien a indiqué que le but de son département est d'assurer que, en l'an 2010, 50% des finissants de l'école secondaire puissent être considérés comme bilingues. À Canadian Parents for French, nous travaillons de notre mieux pour aider à atteindre, sinon à dépasser, ce but si important pour l'avenir de nos jeunes et de notre pays.


La vision de Canadian Parents for French (ce qui représente l'idéal vers lequel nous voudrions amener la société canadienne) est un Canada où les francophones et ceux qui parlent anglais vivent ensemble en harmonie et respectent la langue et la culture les uns des autres. Pour nous, comme le dit notre devise, notre fierté, c'est nos deux langues, l'anglais et le français.