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Alain GUILLERMOU


Avant-propos

1965 - 1995 ! La Biennale célèbre ici, à Bucarest, son trentième anniversaire. Tous les deux ans, sans interruption, se sont tenus les États généraux de la langue française. On me permettra de dire que cet anniversaire se double, au sens vrai du verbe, d'un autre : il y a soixante ans, Bucarest m'accueillait, jeune étudiant, pour mon apprentissage dans la langue et la littérature roumaines.

Seize biennales ! Si l'on multiplie en esprit par seize le nombre moyen des participants de chaque congrès, on atteint un chiffre de plusieurs milliers de personnes.
Cette foule me fait penser à celle des élus que l'on voit sur les fresques des églises moldaves. Les auréoles se superposent, en demi-cercles d'or, jusqu'à l'infini. Les biennalistes sont-ils des saints ? A tout le moins des fidèles.

Loué soit leur nouvel igumen, comme on dit du prieur dans les couvents roumains, d'avoir choisi, avec un flair étonnant, le thème du présent congrès et d'avoir, en excellent maître du péage, organisé puis canalisé les débats. On me permettra d'imaginer, en dalmatiques somptueuses, ses trois assistants, le couple ô combien fidèle des Ogée et leur acolyte, Madame Randot-Schell.
Que dire du public roumain qui soit à la mesure de son accueil si chaleureux? Je ne retiendrai qu'une image, qui n'est pas byzantine mais traditionnelle et qui nous vient du fond des âges,
celle de ces musiciens en costume paysan qui ont réjoui un soir d'agapes. Nous avons vu des dames congressistes se laisser emporter dans les bras d'un vigoureux danseur et des messieurs , dont un ancien ambassadeur, enlacer, dans sa blouse de lin fin, toute brodée de fleurs, une jeune fata roumaine.

On a dit que la hora, la danse villageoise, a été un des facteurs de l'unité roumaine parce qu'elle était partout la même. Celle que les Biennalistes ont dansée restera le symbole d'une amitié, retrouvée pour les uns, découverte avec joie pour les autres, et qui se montrera à jamais vivace.
Je suis certainement l'interprète de tous en disant à la Roumanie non le banal La revedere ! mais, avec des r également roulés, la formule qu'on entend à Jersey et qui sonne comme une promesse : J' te r' verrai !