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Gabriela MARCU


Présidente de l’Association FRADEV, Deva


et Mariana MUNTHIU


Membre de l’Association FRADEV, Deva


Francophonie – ton nom peut être aussi multimédia (Point de vue)



“La musique est une chose grave qui doit vivre sans nos doigts, sans nos yeux, dans notre cœur, dans notre être avec tout ce que nous pouvons lui apporter comme offrande”

Vous le savez tous, la Francophonie, avec un grand F, est depuis quelques années un cheval de bataille très sollicité. La plupart des pays francophones développent une partie de leur politique étrangère et culturelle autour de cet axe.

À présent, l’Europe est avant tout une communauté culturelle, qui réunit et diversifie à la fois un inépuisable capital de mémoire, de savoir, d’intelligence et de sensibilité. Aucune institution ne saurait y assumer de manière plus convaincante, plus spécifique aussi, cette dimension et cette responsabilité qui obligent à l’incessante remise en question, à la disponibilité, à l’ouverture d’esprit et au sens de l’équilibre.

C’est au nom de cet équilibre que l’étude du français doit retrouver un souffle nouveau, destiné à faire entendre le son juste et revigorant d’un esprit fondamentalement moderne.

La francophonie, concept non stabilisé comme on se plaît à l’appeler, est un de ces modèles et la flexibilité de sa définition en fait un modèle particulièrement souple, proche de l’essence même de l’européanisme dans le pluriel et le divers. Une francophonie vivante et féconde, valorisant les particularités, jouant à fond l’originalité de son statut éclaté ; et la relation dynamique d’interdépendance, de variance aussi qui la marque, pourrait justifier, au sein de l’étude du français, l’intérêt accru pour une matière culturelle et linguistique riche de ses paradoxes, contradictions, complémentarités, perçue comme terrain de l’échange et de la créativité.

Lieu d’identités multiples, le français, parlé par des communautés culturelles différentes, devrait assumer le rôle intégrateur qui ne serait plus saisi comme contraignant, mais au contraire comme porteur de la variété. Plus cet atout sera exploité dans l’étude du français, plus cette conscience d’appartenance spirituelle à une aire européenne ouverte et active sera perceptible chez les jeunes, plus il y aura de chance pour un développement harmonieux de l’Europe.

En Roumanie comme ailleurs, on entend le refrain morose : “la langue française perd du terrain face à l’anglais”.
Et pourtant, avec l’anglais, le français est la seule langue à être enseignée dans quasi tous les pays du monde.

La francophonie est bien vivante et jamais on n’a autant parlé en français ou enseigné le français dans le monde. Mais, dans les pays comme la Roumanie où elle n’est pas – ou n’est plus – une chose normale et banale, elle doit “innover et enrichir la simple connaissance de la langue et de la culture françaises d’objectifs concrets favorisant davantage les relations entre pays, y compris les relations économiques et commerciales, en jouant la préférence francophone par la recherche de l’excellence dans tous les domaines possibles”.

Notre présence ici s’explique par l’appartenance à une association d’échanges culturels “France-Deva”, fondée par quelques passionnés de la langue, de la culture et de la civilisation françaises d’une petite ville de Transylvanie, Deva.

Une des préoccupations des membres de FRADEV est de trouver les moyens d’enseignement du français les plus nouveaux, d’adapter des documents authentiques à l’apprentissage de la langue et de la civilisation françaises.

Cette fois nous nous sommes engagés à une véritable aventure : celle de réaliser un cédérom “Dinu Lipatti”. Comme ce n’est qu’une tentative de moderniser nos moyens, je vous prie de l’accepter telle qu’elle est.

Pourquoi donc le musicien Dinu Lipatti ? Voici la réponse :

Ce cédérom a été conçu comme un document qui sera employé, nous l’espérons, à grand profit dans nos cours de langue française parce qu’il s’adapte très bien autant à un travail de compréhension qu’à un travail d’expression libre.

D’ailleurs il y a encore beaucoup de possibilités pédagogiques à exploiter, qui peuvent être facilement adaptées au niveau des élèves, des étudiants.
Voici quelques sujets où notre cédérom pourrait servir comme auxiliaire didactique :

Ce cédérom sera mis à la disposition des professeurs de français du lycée bilingue et à l’Université écologique de notre ville, et il sera exploité autant en classe que pendant les activités extrascolaires.

Le multimédia, de par sa nature même, détient des atouts clés en matière de processus même d’apprentissage et d’acquisition. L’utilisateur fait appel à ses facultés cognitives, à ses capacités à réfléchir et penser. Il est impliqué dans son propre processus d’apprentissage.
Il a la possibilité de manipuler les matériaux, d’aller du mot à l’image, des images aux mots, de prendre des notes visuelles, de s’attarder sur des images. Ainsi, l’apprentissage de la langue prend-il une dimension plus riche.

Langue – culture, une relation totalement indissociable : “Le multimédia permet de faire ressortir et de rendre visible la dimension culturelle d’un contexte”.
Le rôle du professeur s’en trouve changé. Il guide les apprenants, les aide dans leur exploration, les écoute, regarde ce qu’ils voudront lui montrer.

Le multimédia n’est qu’un outil parmi les autres outils d’enseignement et d’apprentissage. Il ne peut pas les remplacer et encore moins remplacer le professeur.
Il y a près de cent cinquante ans Henry David Thoreau écrivait : « Nos inventions risquent de n’être que de jolis jouets qui détournent notre attention des choses sérieuses, et de n’être que des moyens meilleurs pour une fin non meilleure ».

Je souhaiterais rappeler que nous approchons d’une fin de millénaire que nous pouvons vivre comme une fin-commencement, c’est-à-dire un espoir et un combat pour le renouvellement de nos méthodes et de nos moyens. De bien comprendre cette vérité, d’en tirer toutes les conséquences dépend, en somme, notre avenir.