Marc DUGARDIN

Marc Dugardin est né à Bruxelles en 1946. Actuellement préretraité, après avoir travaillé comme éducateur spécialisé et dans l'Enseignement de Promotion Sociale. Depuis 1982, il a publié une dizaine de livres de poésie, aux éditions " L'arbre à parole " et chez Rougerie (dont le dernier titre paru, " Fragments du jour ", en 2004).
Bibliographie :
- Connivences, Vérités, Flémalle, 1982 (épuisé)
- Itinéraire de la patience, Le Cormier, Bruxelles, 1984 (épuisé).
- Poème des matins exigeants, Rougerie, Mortemart, 1989.
- Une parenthèse pour le vent, Rougerie, Mortemart, 1989.
- Un pas pour l'éphémère, un pas pour l'éternel, Rougerie, Mortemart, 1993 (Prix Arthur Praillet).
- La peur la plénitude, l'Arbre à paroles, Amay, 1994.
- L'écoute infiniment, Rougerie, Mortemart, 1999 (Prix Jean Kobs de l'Académie).
- Adieux (avec Lucien Noullez), Ed. De l'Ours, Bruxelles, 2000.
- Solitude du chœur, Rougerie, Mortemart, 2002.
- Hovenieren in vergeteheid / Jardinier dans l'oubli, choix de poèmes en version bilingue néerlandais/français, Léo Peeraer éditeur, Leuven, 2002.
- Stances, l'Arbre à Paroles (collection Textimage-avec deux gravures de Jean Verly), Amay, 2004.
- Fragments du jour, Rougerie, Mortemart, 2004.
il y a ce visage et tout près
deux colombes mutilées il y a
la vie mutilée de celle qui écrit
des poèmes petite sœur à l'enfance
noircie et l'on ne sait rien
de cette ombre qui se penche
par-dessus l'épaule déchiffrant
les signes avant qu'ils ne soient
sur le papier - rien non plus
de ce brouillard tout au fond
où habitent l'insistance du jour
et tout ce qui un jour a été entendu
(Extrait de " Stances II " inédit)
par le soupirail de l'enfance
il hurle il supplie
celle qui ne viendra pas
dehors c'est novembre
dehors déchirure des roses
saison où naître sans guérir
les yeux de l'absente brillent
- des années de lumière
nous séparent de ses larmes
du lait a coulé de sa poitrine
comme une louange assoiffée
une blancheur secrète autour des mots
petite voix rescapée
dans l'herbe de décembre
petite mère dans l'ignorance
de ta propre mélodie nageuse
dans quelle matrice oubliée
et lui enfant aux stigmates
de givre bientôt il va tendre
ses guirlandes et il fera
danser le corps de ses mots
et tout au bord de la chute
il deviendra la chair de ton silence
la ride inconsolée de tes caresses
un pas dans le noir- qu'ensuite
quelque chose sûrement allait
commencer - un premier pas dans le noir
à présent il se rappelle comme lui revient
le bruit de la canne lorsque l'aveugle
longeait les façades ou l'éclat
des cymbales au plus fort du crescendo
le lamento sauvage des cordes
reprenant de plus belle et tout à la fin
la ronde les mains qui se tiennent
le martèlement de la terre
-ce qui s'est dénoué pour la première fois
-qu'avait-il à faire entendre
le joueur de clochettes ? qu'est-ce
aujourd'hui encore qui tintinnabule
dans la pierre ? - secrète est la couleur
de l'attente et ce qui viendra
s'y déposer personne ne l'aura attendu
secret l'espace où jaillit la parole
où la partition déplie ses énigmes -
blanches l'écume au bord des blessures
et la neige et l'étoffe des possibles
- oh ! et que soit blanche la fin
l'attente où tu nous reconnaisses