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Claire Anne MAGNES

Claire Anne MAGNES

Née à Bruxelles en 1937. Vit dans le Brabant wallon depuis plus de tente ans.
Poète.
Traductrice de poésie hongroise, notamment de Sándor Kányádi, Quelqu'un marche sur la cime des arbres (1999).
Parutions nombreuses (poésie, traductions) dans des anthologies et des revues belges et étrangères.
Critique littéraire et chroniques de langage : collaboration régulière à des revues de presse périodique.
Rédactrice en chef de Francophonie vivante (Association Charles Plisnier) depuis 1989.

Bibliographie :

nuit de Cobá

Il regardait les étoiles, attiré pour la première fois par la spéculation difficile d'imaginer les différences dans le temps que comportait leur scintillation simultanée.
Marcel Thiry

Nuit d'étoiles sur Cobá. Le vent remue les palmes, ride le lac où dorment les tortues.

En forêt proche, pierres captives des fourrés. Signes sacrés prisonniers des racines.

Un temple vide domine la jungle. Veille sur l'insomnie des serpents, des iguanes. À son fronton, la chute du soleil.

Côte à côte, nous déchiffrons le ciel qui cligne : le Grand Chariot, Arcturus éclat du Bouvier, l'œil luisant de Sirius.

Au même instant, le jour se lève sur Corroy. Les merles et les pies s'éveillent au jardin brabançon. La brume s'effiloche entre les noisetiers. Au même instant.

Nous marchons dans la nuit de Cobá. Attentifs au corail noir du ciel. Devant nous, huit heures de vie, de tendresse, avant que le matin soit celui qui verdit maintenant l'herbe de ma prairie.

Nuit d'étoiles, prunelles lumineuses. Au coeur sombre de la jungle, rêve l'oiseau quetzal. Du peuplier, la grive lance une note très pure. Au même instant.

maison embarcadère

Maison embarcadère.

Nous l'ignorions alors, que naissaient sous les lampes, les beaux oiseaux de nos voyages. Qu'à l'âge des bilans, s'annonçait un temps de promesses.

Chance venue, chance tenue. À pleines mains. Sous l'œil complice des cadrans.

Livres. Atlas. Cartes postales en couleurs. Petits matins d'aéroport. Chemins cahotés des campagnes.
Le proche et le lointain. Rivière des parfums, ruisseaux du pays d'enfance.

Bonheur à vivre. À partager.
Les yeux fermés je le retrouve.

L'autre maison. De pierres et de feuilles. De lampes et d'oiseaux.
Elle fut nôtre aussi.

Dernier départ. Seul. Et puis de l'herbe sous le ciel. Le vol aigu des martinets.

Les yeux fermés je te retrouve. Et dérive avec toi dans l'espace du temps.

La maison des horloges (recueil inédit)

Claire Anne MAGNES