Biennale de la Langue Française

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Stoyan Atanassov

Université de Sofia « Saint Clément d’Ohrid »


Présence de la littérature française en Bulgarie


Le sujet de la 23e Biennale de la Langue française nous permet d’aborder plusieurs aspects des identités francophones. Le pluriel de la notion exclut déjà d’emblée le sens unique et tout a priori conceptuel. Je me propose, pour ma part, de privilégier la notion de modèle pour saisir le statut de la culture écrite française dont la présence en Bulgarie constitue un des facteurs principaux de l’émergence lente d’une identité francophone en Bulgarie

La quête d’identité collective ne se réduit jamais à une coïncidence de soi à soi, pas plus qu’elle ne ressemble à un reflet en miroir. Elle recourt nécessairement à un modèle identitaire, voire à plusieurs, dont elle fixe les contours ou dynamise les traits, atteignant ainsi un point d’arrivée ou un seuil de dépassement. Les rapports qu’une collectivité entretient avec son modèle identitaire varient au fil du temps. Du reste, au cours de leur évolution, la collectivité et le modèle prennent forcément des sens différents. On peut donc considérer que l’identification est un processus à géométrie variable : ses trois composantes – le sujet, le modèle et la relation entre eux – sont évolutives. Pour preuve, l’histoire du couple antithétique Anciens/Modernes, qui est une forme de conscience de soi pratiquée systématiquement en Europe occidentale. L’histoire de ce modèle identitaire est longue : elle remonte au Haut Moyen Âge et se poursuit à travers toutes les grandes périodes jusqu’à nos jours. Son essence reste pourtant la même : il s’agit d’un modèle temporel où la quête d’identité passe nécessairement par le regard que l’on jette sur son propre passé. Pour avoir longtemps bénéficié d’un statut d’exemplarité, ce passé finit par perdre sa pertinence aux yeux des générations nouvelles. Celle-ci le nient, en partie ou en bloc, mais dans cet antagonisme idéologique le passé, pour être le perdant d’office, n’en joue pas moins un rôle constitutif. Car il nourrit le dialogue et la polémique avec le présent avant de perdre son actualité.

Si l’Occident se mire depuis une quinzaine de siècles dans le couple passé-présent, matérialisé par des nombreuses querelles des Anciens et des Modernes, dans la partie orientale du continent, notamment en Bulgarie, l’identité sociale ou culturelle s’est toujours réclamée de modèles spatiaux plutôt que temporels : Byzance, la Turquie, la Russie, l’Occident… Pourquoi cette préférence pour un « ailleurs » plutôt que pour un « avant » ? On serait tenté de répondre par une hypothèse : le mouvement identitaire de la société bulgare n’adopte pas la forme d’un dialogue avec son passé. Il s’inscrit plutôt dans une logique de rattrapage de temps historique, autrement dit, dans un processus de modernisation. Celle-ci implique la volonté d’embrasser un type de culture ou de société qui existe ailleurs et maintenant et qui, par conséquent, ne se trouvait pas ici. Dans ce sens, on peut dire que le processus identitaire en Bulgarie relève d’une détermination politique, tandis que la dichotomie Anciens/Modernes est de nature culturelle, au sens large du mot. Tel est le cadre réflexif dans lequel je voudrais situer mon aperçu sur la présence de la Littérature française en Bulgarie.

Dans l’histoire moderne, ce processus commence vers le milieu du XIXe siècle. C'est l'époque où le romantisme bat son plein et les visées politiques du régime de Napoléon III seront ressenties dans les Balkans en même temps que le souffle du romantisme.

Les choses vont évoluer assez vite après la Guerre russo-turque à l'issue de laquelle la Bulgarie du Nord accède а son indépendance en 1878. A la veille et au lendemain de cet événement, la présence de diplomates et de voyageurs français devient plus importante de même que, dans le sens inverse, les jeunes Bulgares qui font leurs études en France ou dans des établissements français à l'étranger se font de plus en plus nombreux. On peut y voir l'amorce d'une nouvelle période quant à l'influence de la culture française en Bulgarie. Cette période correspond à l'édification de l'État bulgare et s'étend jusqu'а la fin de la Seconde guerre mondiale. L'étape suivante est marquée par le régime communiste (1944-1989) qui impose une normativité tant à la production culturelle nationale qu'à la réception des cultures étrangères. Une dernière étape, qui commence en 1989, concerne la période postcommuniste. Dans cette articulation en quatre étapes de longueur inégale, notre critère se définit à partir du type de société en Bulgarie: 1) 1840 - 1878: province d'un État féodal, à savoir l'Empire ottoman1; 2) 1878 - 1944: État indépendant; 3) 1944 - 1989: État communiste inféodé à l'Union soviétique; 4) Démocratie renaissante dans les conditions du postcommunisme. Ces quatre types d'état social représentent autant de contenants différents. Leur réception de la culture française n'est pas la même: tel réceptacle, telle réception. Ce qui n'exclut pas, bien entendu, des permanences et une certaine continuité de ce processus qui méritent attention autant que les ruptures et les nouveautés.


1. La période 1840 - 1878


Cette période, appelée d'Eveil national, offre quelques uns des traits de la Renaissance européenne dont notamment l'apparition de l'imprimerie. Les années 40 du XIXe siècle marquent les débuts du livre imprimé en bulgare. Jusqu'а la Libération de 1878, la plupart des livres bulgares sont imprimés à l'étranger, notamment à Belgrade, Izmir (Smyrne), Odessa, Bucarest, Moscou, Leipzig, Vienne, Constantinople. Le gouvernement turc n'autorisait pas la mise en place d'imprimeries bulgares. Ainsi, jusqu'en 1840, il n'y a que 55 livres bulgares imprimés dont 15 seulement en Bulgarie (а Samokov). On observe une accélération au cours de la décennie suivante: 150 livres2. C'est а cette époque que paraissent les premières traductions, essentiellement du grec, du russe et du français. Il s'agit d'adopter ou de traduire librement des ouvrages pédagogiques, religieux et didactiques. Quant à la France, sa politique officielle était soucieuse de préserver, au prix de réformes, l'intégrité de l'Empire ottoman et de neutraliser les mouvements centrifuges de libération nationale. L'élite politique turque parle français et s'inspire de certaines lois françaises. Le système pédagogique français est également considéré comme étant le plus progressiste en Europe. Dans ce contexte, les intellectuels et les humanistes bulgares se mettent à traduire des auteurs français en fonction de l'orientation didactique ou romantique de leurs њuvres. Entre 1845 et 1877, 70 traductions d'auteurs français3 sont éditées. Les aventures de Télémaque de Fénélon viennent en tête de liste (1845). Cinq ans plus tard, en 1850, paraîtront La chaumière indienne et Paul et Virginie de Bernadin de Saint-Pierre, traduits à partir du grec. La pièce d'Alexandre Dumas-père Napoléon ou trente ans d'histoire de France est traduite de la version serbe. Tout comme pendant la Renaissance en France, les premières traductions à l'époque de l'Eveil national en Bulgarie pratiquent un transfert de sens assez libre. En témoignent les termes employés pour désigner le travail de traduction sur la page de couverture: "restituée", "traduite et complétée", "adaptée", "tissée" (c'est-а-dire versifiée); sans parler des notes circonstanciées jointes, telle, par exemple, "L'Histoire ancienne, racontée aux enfants par Jules Raymond Lamé Fleury" dont la traduction bulgare (а partir du russe) ajoute "pour la curiosité des lecteurs et l'utilité de la jeunesse bulgare". Bien évidemment, le cas bulgare ne fait que confirmer une situation culturelle typologique: à l'aube d'une littérature nationale, traduire n'implique pas un souci particulier de fidélité à l'original, pas plus qu'écrire ne constitue pas une tentative d'originalité. L'adaptation, l'oeuvre épigone, voire le plagiat, répondent mieux aux besoins de l'heure.

Les visées réformistes de la France de Napoléon III à l'égard de l'Empire ottoman seront doublées par le travail des missions catholiques qui pénètrent en Bulgarie dès les années 40. Les premières bourses d'études sont accordées à de jeunes Bulgares. L'ambassade de France à Constantinople entre en contact avec les humanistes bulgares Néofite Rilski et Ilarion Makariopolski. En conséquence, ceux-ci mettent au point un projet d'Eglise bulgare autocéphale, mais orientée plutôt vers Rome, afin d'écarter l'influence russe en Bulgarie. Le projet n'aboutira pas. Néanmoins, quelles que soient les intentions de l'intervention française, celle-ci apparaоt comme un premier stimulant extérieur du mouvement autonomiste de l'Eglise bulgare4. Après la guerre de Crimée (1853-1856), qui affaiblit les positions russes sur les provinces balkaniques de l'Empire ottoman, 26 écoles catholiques en Turquie ouvrent leurs portes aux jeunes Bulgares. Je ne citerai que le collège de Bébek, ouvert par les Lazaristes à Constantinople et le lycée de Galata Saraï. Bien des publicistes, écrivains et enseignants bulgares y ont fait leurs études. Le système pédagogique français connaît une diffusion croissante en Bulgarie.. A cette époque, les maîtres d'école bulgares se servaient de 47 livres et manuels français d'arithmétique, de logique, de sciences naturelles, de littérature, de musique etc. Certains de ces ouvrages seront traduits en bulgare5. Sur les 70 traductions françaises parues entre 1845 et 1877, une quinzaine revient aux ouvrages pédagogiques: livres de lectures, de grammaire, petites encyclopédies. Il est d'ailleurs difficile de distinguer nettement entre les livres d'école et les livres édifiants pour enfants. Remarquons sur ce dernier point que l'auteur français le plus traduit en ce moment est Marie Le Prince de Beaumont, femme de lettres du XVIIIe s., connue aujourd'hui avant tout comme auteur de La Belle et la Bête, mais très appréciée а l'époque essentiellement pour ses contes moraux et ses traités de pédagogie. Son Magasin des enfants avait fait l'objet de six traductions-adaptations intégrales ou partielles et, dans le dernier cas, complétées par des récits édifiants bulgares.

Par contre, on constate l'absence quasi totale de traductions d'ouvrages de catéchisme alors que les missions catholiques françaises jouent un rôle si important. Manifestement, l'influence de la religion catholique ne s'étend pas au-delа des écoles gérées par des ordres catholiques où l'enseignement était dispensé en français.

Les années 60 et 70 du XIXe s. marquent un essor considérable dans le domaine de l'édition. La plupart des livres imprimés sont des ouvrages originaux: plus de 1250 titres, tandis que les traductions sont au nombre de 550. La plus grande partie des livres publiés sont destinés à satisfaire aux besoins de l'éducation (580 titres); 350 titres relèvent des Belles lettres; 340 titres traitent des problèmes de religion orthodoxe; 220 titres appartiennent au domaine laïque et aux sciences appliquées6. On le voit, par rapport à ces chiffres, les 70 titres7 traduits du français entre 1845 et 1877 représentent une quantité, sinon négligeable, pour le moins modeste. Mais, fait important, il s'agit de traductions bien ciblées: propager un savoir venu de France, faire connaître une littérature essentiellement romantique où le rêve de bonheur individuel rejoint souvent l'aspiration à des idéals collectifs, telles étaient les deux grandes voies par lesquelles les premiers livres français pénétraient, traduits ou adaptés, dans l'espace d'une culture qui se cherchait moins en sondant ses racines profondes qu'en s'ouvrant vers les grands modèles à imiter.



2. La période de 1878 - 1944


Après la libération de la Bulgarie de la domination ottomane (1878), l'édification d'un État bulgare, d'un système éducatif et d'une littérature nationale constituent les objectifs prioritaires du pays et déterminent également les attentes de l'élite intellectuelle vis-а-vis de la culture française. Nous avons déjа des témoignages plus précis de ces attentes. L'historien et le publiciste Siméon Radev raconte quels conseils lui avait donné, vers le milieu des années 90 du siècle, à l'époque où il faisait ses études au lycée franco-turque de Galata Saraï (Istanbul), le chef de l'Eglise orthodoxe bulgare Exarque Yosif:

"J'étais allé voir un jour Exarque Yosif qui me posait des questions sur mes réussites à l'école. Quand je lui parlais de mes progrès en langue turque, il me fit observer de ne pas trop m'appliquer lа-dessus: «Tâche de bien apprendre le français, me dit-il. Il te faut étudier la littérature française, ses grands écrivains. Quant au turc, ce n'est pas la peine d'y consacrer trop de temps.». Ces propos m'ayant étonné, il s'expliqua. Les Arméniens qui sortaient des écoles turques avec une bonne connaissance de la langue turque, entraient dans l'administration turque, finissaient par accepter la domination turque et s'immisçaient comme agents turcs dans le travail du Patriarche arménien. «Je ne veux pas d'intelligentsia arménienne», trancha-t-il"8.


Des écrivains comme Stoyan Michaïlovski, Konstantin Vélitchkov, Siméon Radev, formés dans les écoles françaises et excellents francophones, écrivent en bulgare non seulement influencés par le français, mais essayent d'introduire dans les Lettres bulgares des procédés d'écriture et des concepts esthétiques empruntés à la littérature française. Les deux maîtres-mots sont à cet égard la clarté et le plan de composition. On se permettra de rapporter un peu plus longuement le témoignage de Siméon Radev de ses années d'études au lycée Galata Saraï, où il entre en 1895, parce qu'il est fort significatif de ce qu'un lycéen bulgare devait acquérir de l'enseignement français :

On nous donnait un texte d'auteur classique. Il fallait en extraire un plan; ou bien on nous donnait un plan à développer. Tout plan comportait quelques parties: une idée principale, quelques idées secondaires, une conclusion. Je m'y étais tellement habitué que lorsque, plus tard, j'entrai dans le journal "Vetcherna pochta" ("Courrier du soir"), avant de rédiger mon article, aussi petit fût-il, je commençais toujours par faire un plan selon la méthode apprise.

Nous avions également des devoirs de composition. Il s'agissait non seulement de perfectionner la langue, mais d'éveiller l'imagination.

Je me rappelle comment Guéortché Pétrov, notre maоtre de lettres en quatrième classe9, nous avait donné un sujet а développer: "Décrivez votre salle de classe". Que pouvait-on en dire? - La salle de classe a quatre murs, une fenêtre, une porte, il y a aussi des bancs etc. Le premier sujet que j'avais à développer dans les petites classes du lycée était: " Les mémoires d'une canne". Le maître nous a donné une idée de ce qu'il fallait écrire. La canne était exposée en vitrine, puis quelqu'un l'achetait et, au bout d'une série de hasards, elle passait d'une main à une autre. C'était à nous d'inventer ces hasards et de les décrire. Il fallait pour cela mettre en branle notre imagination.

Monsieur Perard [...] nous apprenait l'ordre et la simplicité. Il attachait une attention particulière à l'emploi juste des mots. Il nous disait: "Si vous vous exprimez avec le moins de mots possibles et si vous placez chaque mot au bon endroit, c'est déjа un grand pas de style". [...] Il me disait: "N'abusez pas des adjectifs, ils sont comme des parasites; si vous en mettez trois, les deux qui sont de trop mangent le troisième". [...]Il attirait notre attention sur la composition nous disant: "Elle est la première condition d'un écrit réussi"10.


Il n'est pas possible, dans le cadre de cet aperçu, de suivre de près l'impact de la langue et de la littérature française sur plusieurs écrivains bulgares. Au delа des influences individuelles, aussi fertiles qu'elles soient, la littérature française pénètre par la voie des traductions et occupe une place de première importance dans la culture bulgare. Si l'on cherche à savoir quels sont les écrivains français traduits à la fin du XIXe s. et au début du XXe s., on constate que les écrivains contemporains avaient la cote sur tous les autres, c'est-а-dire sur les grands classiques du XVIIe et du XVIIIe siècle. Outre les oeuvres littéraires, on traduit, dès la fin du XIXe siècle, des ouvrages de vulgarisation dans quelques domaines privilégiés, notamment la médecine, l'art militaire, la littérature socialiste, la viticulture, l'apiculture, sans oublier les manuels scolaires. Nous ferons mention de quelques noms pour illustrer le tableau général. L'auteur le plus traduit est Jules Verne, qui, jusqu'а nos jours, figure avec 136 titres, y compris les nouvelles traductions et les rééditions. Le public bulgare découvre Verne en 1880 avec La tour du monde en quatre-vingt jours. D'ailleurs, à cette époque son oeuvre entre plus souvent en Bulgarie par le biais du russe que traduit de l'original. Depuis plus de cent ans, l'oeuvre de Verne ne connaît pas d'éclipses: sa présence dans l'espace du livre bulgare possède une régularité que les aléas de l'histoire bulgare n'ont jamais rompue. Les dernières années, on assiste à une vague de rééditions des grands romans de Jules Verne. Molière vient en deuxième position avec 100 titres traduits depuis 1872 ( Georges Dandin, Le Mariage forcé, l'Avare) jusqu'à nos jours. Si Verne est un auteur obligé pour les jeunes de toutes les époques, Molière l'est tout autant dans les écoles, sans sous-estimer sa présence permanente sur la scène du théâtre bulgare.

La troisième place dans ce palmarès est partagée par Hugo et Zola, tous les deux représentés par 96 titres. C'est en 1872 que Lucrèce Borgia est traduite partiellement pour la première fois. La popularité de Victor Hugo connaît une montée en flèche à la suite de l'Insurrection d'Avril de 1876, lorsqu'il publie, dans le journal "Le Rappel", le 29 août de la même année, son Appel au soutien et à la solidarité avec les peuples balkaniques. On remarque que les deux dernières décennies du XIXe siècle, c'est surtout le romancier Hugo que l'on traduit; les années 20 et 30 du XXe siècle marquent un intérêt pour son théвtre. Il faudra attendre les années 1980 pour voir enfin traduite, dans le cadre de l'édition des oeuvres complètes de Hugo, sa poésie lyrique.

Parmi les auteurs ayant fait l'objet de nombreuses traductions, il convient de mentionner Guy de Maupassant (88 titres à partir de 1891), Dumas-père (77 titres: Le Comte de Monte Cristo est traduit d'abord en 1926 d'après la traduction allemande de Max Pannwitz), Balzac (71 titres), Alphonse Daudet (40 titres). Parmi les auteurs de théâtre, outre Molière, dont les pièces figurent immanquablement dans les programmes scolaires, Corneille et Racine11 sont traduits et enseignés dès le XIXe siècle, sans avoir jamais bénéficié d'un succès particulier auprès du public bulgare. Le pathos cornélien et la musicalité du vers racinien passent mal dans une autre langue. Il faut également rappeler que les conditions sociales ayant déterminé l'apparition du classicisme en France n'ont jamais existé en Bulgarie même si, à l'époque totalitaire, le régime officiel impose une esthétique normative que l'on pourrait, à bien des égards, apparenter aux normes sur lesquelles veillait assidûment la jeune Académie française du temps de Richelieu.

Les idées relatives à l'organisation sociale, à la social-démocratie et au mouvement coopératif sont d'actualité à la fin du XIXe et au début du XXe siècle. On observe dans ce domaine une grande diversité d'auteurs dont peu de noms ont survécu leur temps. Signalons cependant les principaux porte-parole du socialisme: Jean Jaurès (15 titres traduits entre 1905 et la fin des années 20); Emile Vandervelde (9 titres), Jules Guesde (9 titres), Paul Lafargue, le gendre de Karl Marx (26 titres), Gabriel Deville12 (4 titres).

Il faudrait compléter ce tableau par des ouvrages qui diffusaient un nouveau savoir-vivre, une nouvelle éthique qui allait se substituer petit à petit aux moeurs patriarcales de la société traditionnelle bulgare: Auguste Debé13, auteur de plusieurs ouvrages de vulgarisation sur les rapports entre les conjoints, la vie sexuelle du couple, l'hygiène, qui connaissent un grand succès dès les années 80 du siècle dernier; Ernest Monin, Elie Pécaud et d'autres auteurs de traités d'hygiène et de soins de beauté.

Les années 30 et 40 du XXe siècle se caractérisent par l'entrée massive du roman bourgeois. Le public citadin accueille avec beaucoup d'enthousiasme des romanciers comme Pierre Benoоt (13 titres), Henri Bordeaux (27 titres), Paul Bourget (39 titres), André Maurois (49 titres). La diversité des domaines où le livre français est présent а cette époque échappe а toute synthèse. Pour la jeune société bourgeoise, la France devient une source universelle dans laquelle on puise à toute occasion.


3. La période 1944 - 1989


Les 45 années de régime communiste se caractérisent par deux tendances opposées dans la traduction du livre français: d'une part, une priorité inconditionnelle à la littérature dite "progressiste" et une attention soutenue aux auteurs classiques; d'autre part, une méfiance et un silence sur tout auteur contemporain qui, dans sa vie ou dans son oeuvre, aurait désapprouvé le bloc soviétique. En fait, il serait simpliste de considérer cette période de façon monolithique car, s'il subsiste des zones sacrées sous surveillance, les courants et les engouements pour ce que l'on traduit varient. Les années 50 et 60 semblent être l'âge d'or pour la traduction des écrivains communistes. Louis Aragon jouit dès 1948 de la faveur des éditions d'État. Les années 70, il traversera une période de disgrâce pour avoir condamné l'entrée des armées du Pacte de Varsovie en Tchécoslovaquie, mais refera surface au cours de la décennie suivante. Au total, Aragon est traduit ou réédité avec 11 titres, ce qui n'a rien d'excessif pour un écrivain de cette taille, quelles que soient ses positions idéologiques. Par contre, les nombreuses éditions en grand tirage dont le régime gratifie les écrivains communistes tels Pierre Gamara (11 titres), André Stil (8 titres), Elsa Triolet (8 titres), Henri Barbusse (9 titres), créent pendant un bon moment l'illusion que ce que la France compte de bon en littérature se situe du côté de l'idéologie dominante en Bulgarie.

A partir des années 70, on assiste à une pratique éditoriale aussi ambitieuse que méritoire: assurer une nouvelle traduction des oeuvres complètes des grands classiques - Balzac, Stendhal, Maupassant, Zola, Flaubert, Hugo. L'institutionnalisation de la traduction14 contribuera à en améliorer sensiblement la qualité. La plupart des livres traduits sont munis de préfaces, d'introductions et de notes critiques. Les maisons d'édition (toutes d'État) bénéficient d'une stabilité financière. Leur budget étant assuré par l'État, peu leur importe la rentabilité des livres édités. C'est ce qui permet de combler bien des lacunes. Des auteurs importants, qui n'avaient pas été traduits jusqu'а ce moment, feront l'objet d'éditions critiques qui paraissent dans des collections prestigieuses: Montaigne, Rabelais15, Proust16, La Rochefoucauld, La Bruyère, Pascal, La Fontaine, Claudel, les surréalistes. Autant la politique communiste de la traduction déformait la vision de la production contemporaine en France, autant elle a eu le mérite de présenter à un très bon niveau professionnel l'héritage classique.


4. La période postérieure à 1989


La désintégration du système communiste, commencée avec le renversement de Todor Jivkov, chef inamovible depuis 1954 du parti communiste au pouvoir, sera vécue par les milieux du livre comme un espoir côtoyant une angoisse. Un espoir, car plusieurs textes importants pouvaient enfin être traduits. Détail anecdotique: pendant l'hiver de 1990, lorsque tout manquait sur le marché des produits alimentaires et on pouvait voir des colonnes de gens se former dès 4 h. du matin devant les points de vente de lait, la plus grande file d'attente (quelque 400 personnes impatientes) était celle qu'on avait observée devant une librairie centrale de Sofia où sortait Introduction à la psychanalyse, le premier livre de Freud que la génération grandie sous le communisme pouvait enfin lire en bulgare. Une angoisse, car les maisons d'édition voyaient leur budget d'État se rétrécir en peau de chagrin avant d'être purement et simplement supprimé. Des éditeurs privés poussèrent comme des champignons17. Certains s'orientèrent exclusivement vers des titres commerciaux; d'autres avaient l'ambition de publier de la "haute" littérature.

Il n'est pas difficile de s'apercevoir de la stratégie de la première catégorie d'éditeurs: réimprimer les anciens auteurs à succès à gros tirage, sans rien modifier ni à la traduction qui datait ni même à l'ancienne orthographe qui irritait18. Les romans de Dumas-père, de Jules Verne se vendent comme de petits pains. Par contre, le retour d'autres romans populaires ou d'aventures19 est moins triomphant. Le roman rose (Marion Delly alias Marie Petijean de La Rosière - 34 titres, Max du Veuzit - 20 titres), les romans-feuilletons d'Emile Richebourg (17 titres), les romans policiers de Maurice Leblanc (46 titres), les romans d'aventure de Jean de la Hire (60 titres!) couvrent les étalages improvisés des vendeurs de livres qui, à la suite de la restitution des biens immobiliers, expropriés en 1947, et à la privatisation de la diffusion du livre, se sont retrouvés à la rue. Or, manifestement le goût du grand public, pour être réputé le plus inerte, n'en change pas moins. D'autre part, la concurrence des séries télévisées restreint le nombre de lecteurs potentiels de ce genre de littérature. Quoi qu'il en soit, cette couche de la culture et de la littérature, dite populaire ou de masse, s'est déjа émancipée, alors qu'elle était sécrétée au compte-gouttes par le régime totalitaire, notamment pour tout ce qui relevait de l'astrologie, des croyances, du magnétisme et d'autres phénomènes parapsychiques.

De son côté, la "haute" culture a vu son domaine se réduire sensiblement. Elle peut en revanche se réclamer ouvertement de l'élitisme. Dans le domaine du livre, il fallait traduire les auteurs dont certains étaient en attente depuis longtemps: Sartre, Camus, Céline20, Gide, Jean Genet, Sade. Les oeuvres de quelques grands poètes français ont pu enfin voir le jour: Baudelaire, Mallarmé, Nerval, Claudel, Apollinaire. La fin des interdits idéologiques s'est particulièrement fait sentir dans le domaine des sciences humaines et sociales. Des textes importants de Raymond Aron, Emmanuel Lévinas, Claude Lévi-Strauss, Paul Ricoeur, Michel Foucault, Jacques Derrida, Jean-François Lyotard, Gilles Delleuze, pour ne citer que les plus célèbres, sont entrés dans les Lettres bulgares. Leur influence est en train d'opérer d'ailleurs une profonde mutation dans le discours philosophique en Bulgarie. Ce discours n'est plus monolithique. On assiste à une dispersion babylonienne de langages, souvent à un babil hermétique ou à une préciosité postmoderne dont le maniérisme cache mal la déroute intellectuelle. La rapidité avec laquelle les traductions se font actuellement, l'absence totale de contrôle institutionnel (ce qui est bien en soi) et de débat public sur la qualité des traductions (ce qui est regrettable) expliquent pourquoi les mots étrangers et les néologismes injustifiés envahissent à grands flots le discours des sciences humaines. Le discours qui se réclame de la dite postmodernité, par exemple, sous prétexte d'assouplir la langue bulgare lui fait subir des constructions étrangères (souvent françaises) qui restent rigides et ont du mal à s'intégrer dans la syntaxe bulgare. Le phénomène est cependant bien plus vaste: les mots étrangers (essentiellement anglais) semblent être le must lexical obligé de toute activité ayant quelque trait aux affaires; ils pullulent dans les médias comme si les réalités de la mondialisation ne pouvaient s'énoncer que dans une sorte de lingua franca, un idiome international qui laisse à entendre: "Je suis meilleur parce que je viens d'ailleurs".

Derrière cette tendance, qui n'est pas que de surface, le grand nombre de traductions de tout bord témoignent que la culture bulgare s'ouvre plus que jamais au monde. Cette ouverture se pratique cependant en l'absence de tout repère et de tout objectif à long terme: la pensée sociale et les sciences humaines se cherchent ainsi en empruntant des voies dont la multitude fait qu'on en abandonne souvent une avant la fin de parcours pour en suivre une autre. Pluralisme déplorable, mais certainement aussi passage obligé vers une culture à venir mieux orientée.

Comment cette nouvelle vague de traductions est-elle matériellement possible dans une société qui connaît de graves problèmes économiques? La persévérance idéaliste de certains éditeurs, qui sont eux-mêmes plutôt des intellectuels que des hommes d'affaires, y est sans doute pour quelque chose. Mais le facteur essentiel qui permet aujourd'hui à un éditeur bulgare de traduire un livre français de qualité, et par conséquent à public limité, est la politique de la France d'aide а la publication d'auteurs français à l'étranger. La mise en oeuvre de cette politique en Bulgarie se fait grâce au Programme "Vitocha" d'aide à la publication. Ce Programme existe depuis 1991 et a subventionné21 plus de 1000 titres français traduits en bulgare. Il joue ainsi un rôle vital. Mais pour combien de temps?

Tant que l'économie bulgare n'aura connu une véritable reprise, l'industrie du livre vivra d'une vie assistée. Et c'est d'ailleurs faute d'une assistance pareille à celle de la France que le livre francophone reste toujours une des taches blanches sur la carte de l'édition bulgare.




1. Rappelons que la Bulgarie tombe sous la domination ottomane en 1396 pour ne recouvrer son indépendance qu'en 1878 et son intégrité territoriale qu'en 1885.

2. Cf. Histoire de la Bulgarie (en bulgare), t. V, Editions de l'Académie bulgare des sciences, Sofia, 1985, p. 409.

3. Ici et par la suite, nos observations sont faites а partir du Répertoire bibliographique de livres de langue française traduits en bulgare (1845-1995), établi par une équipe de bibliographes de la Bibliothиque Nationale de Bulgarie, sous la responsabilité de Mme Diana Ignatova, conservateur en chef, que je remercie vivement d'avoir mis à ma disposition le manuscrit du Répertoire qui n’est toujours pas publié.

4. Cf. l'étude de Nicolaп Guentchev La Renaissance bulgare (en bulgare), Sofia, 1988, notamment pp. 207-209.

5. Ibidem, p. 253.

6. Petar Dinékov in Histoire de la Bulgarie, vol. VI, p. 510 (en bulgare).

7. Ici et par la suite, les chiffres indiqués comprennent toutes les traductions et toutes les éditions du même ouvrage.

8. Siméon Radev, Souvenirs de jeunesse (Ranni spomйni), Ed. Streletz, Sofia, 1994, p. 173. Ici et par la suite, la traduction est de moi (S. A.).

9. La quatrième classe correspond à la quatrième année d'études au collège. Les élиves ont 10 ans. Guéortché Pétrov enseignait au collège de Bitolia (région de Macédoine) où le jeune Radev faisait ses études avant d'aller à Istanbul.

10. Siméon Radev, op. cit., pp. 185-187.

11. Entre 1894 et 1912, seule Athalie de Racine est traduite et rééditée.

12. Sous réserve de l'orthographe, les notices bibliographiques ne mentionnant pas le nom original de l'auteur et du titre de ses ouvrages.

13. Sous réserve de l’orthographe.

14. L'Union des traducteurs, créée au début des années 70 procиde à des discussions annuelles de toutes les traductions. Il existe plusieurs instances de responsabilité de tout ouvrage traduit: compte-rendu concluant à la nécessité de traduire l'oeuvre en question, double supervision de la traduction (de la part d'un spécialiste et de la part d'une personne а responsabilité idéologique).

15. Traduit, il est vrai, une première fois en 1948, mais du russe et en adaptation libre.

16. Si Un amour de Swann est traduit dиs 1932, il faudra attendre 1975 pour voir paraître le premier livre d'A la recherche du temps perdu, а savoir Du côté de chez Swann. Il sera suivi des deux livres suivants: A l'ombre des jeunes filles en fleurs (1984) et Le côté de Guermantes (1992). Le reste du chef-d'oeuvre proustien n'a pas encore vu le jour en bulgare.

17. Il y a aujourd'hui plus de 1000 firmes qui ont enregistré l'édition de livres parmi leurs activités. En fait, celles qui sont réellement présentes sur le marché du livre ne dépassent pas le chiffre 300, alors que les éditeurs actifs qui exposent leur production aux différentes foires du livre sont entre 120 et 150.

18. En 1945, le nouveau pouvoir introduit une importante réforme de l'orthographe bulgare visant à rendre celle-ci plus phonétique. Cette réforme sera suivie par des innovations normatives que l'Institut de langue bulgare auprès de l'Académie bulgare des sciences opère à partir de 1950. Aussi un texte bulgare d'avant 1945 frappe-t-il aujourd'hui tant par son orthographe que par son lexique qui a sensiblement évolué depuis.

19. Par exemple, Gustave Aimard - 34 titres, Jules Lermina - auteur de Le fils de Monte-Cristo, première édition de 1890, réédité en 1990 et en 1992 par deux auteurs différents avant d'être traduit de nouveau la même année 1992), Xavier de Montepin ( 16 titres traduits récemment).

20. Sur lequel pesait un interdit formel en raison de ses écrits pro-national-socialistes et antisémites de la fin des années 30.

21. Sous forme de prise en charge des droits d'auteurs et/ou une partie des honoraires des traducteurs.





1 Rappelons que la Bulgarie tombe sous la domination ottomane en 1396 pour ne recouvrer son indépendance qu'en 1878 et son intégrité territoriale qu'en 1885.

2 Cf. Histoire de la Bulgarie (en bulgare), t. V, Editions de l'Académie bulgare des sciences, Sofia, 1985, p. 409.

3 Ici et par la suite, nos observations sont faites а partir du Répertoire bibliographique de livres de langue française traduits en bulgare (1845-1995), établi par une équipe de bibliographes de la Bibliothиque Nationale de Bulgarie, sous la responsabilité de Mme Diana Ignatova, conservateur en chef, que je remercie vivement d'avoir mis à ma disposition le manuscrit du Répertoire qui n’est toujours pas publié.

4 Cf. l'étude de Nicolaп Guentchev La Renaissance bulgare (en bulgare), Sofia, 1988, notamment pp. 207-209.

5 Ibidem, p. 253.

6 Petar Dinékov in Histoire de la Bulgarie, vol. VI, p. 510 (en bulgare).

7 Ici et par la suite, les chiffres indiqués comprennent toutes les traductions et toutes les éditions du même ouvrage.

8 Siméon Radev, Souvenirs de jeunesse (Ranni spomйni), Ed. Streletz, Sofia, 1994, p. 173. Ici et par la suite, la traduction est de moi (S. A.).

9 La quatrième classe correspond à la quatrième année d'études au collège. Les élиves ont 10 ans. Guéortché Pétrov enseignait au collège de Bitolia (région de Macédoine) où le jeune Radev faisait ses études avant d'aller à Istanbul.

10 Siméon Radev, op. cit., pp. 185-187.

11 Entre 1894 et 1912, seule Athalie de Racine est traduite et rééditée.

12 Sous réserve de l'orthographe, les notices bibliographiques ne mentionnant pas le nom original de l'auteur et du titre de ses ouvrages.

13 Sous réserve de l'orthographe.

14 L'Union des traducteurs, créée au début des années 70 procиde à des discussions annuelles de toutes les traductions. Il existe plusieurs instances de responsabilité de tout ouvrage traduit: compte-rendu concluant à la nécessité de traduire l'oeuvre en question, double supervision de la traduction (de la part d'un spécialiste et de la part d'une personne а responsabilité idéologique).

15 Traduit, il est vrai, une première fois en 1948, mais du russe et en adaptation libre.

16 Si Un amour de Swann est traduit dиs 1932, il faudra attendre 1975 pour voir paraître le premier livre d'A la recherche du temps perdu, а savoir Du côté de chez Swann. Il sera suivi des deux livres suivants: A l'ombre des jeunes filles en fleurs (1984) et Le côté de Guermantes (1992). Le reste du chef-d'oeuvre proustien n'a pas encore vu le jour en bulgare.

17 Il y a aujourd'hui plus de 1000 firmes qui ont enregistré l'édition de livres parmi leurs activités. En fait, celles qui sont réellement présentes sur le marché du livre ne dépassent pas le chiffre 300, alors que les éditeurs actifs qui exposent leur production aux différentes foires du livre sont entre 120 et 150.

18 En 1945, le nouveau pouvoir introduit une importante réforme de l'orthographe bulgare visant à rendre celle-ci plus phonétique. Cette réforme sera suivie par des innovations normatives que l'Institut de langue bulgare auprès de l'Académie bulgare des sciences opère à partir de 1950. Aussi un texte bulgare d'avant 1945 frappe-t-il aujourd'hui tant par son orthographe que par son lexique qui a sensiblement évolué depuis.

19 Par exemple, Gustave Aimard - 34 titres, Jules Lermina - auteur de Le fils de Monte-Cristo, première édition de 1890, réédité en 1990 et en 1992 par deux auteurs différents avant d'être traduit de nouveau la même année 1992), Xavier de Montepin ( 16 titres traduits récemment).

20 Sur lequel pesait un interdit formel en raison de ses écrits pro-national-socialistes et antisémites de la fin des années 30.

21 Sous forme de prise en charge des droits d'auteurs et/ou une partie des honoraires des traducteurs.


 


Accréditation OING Francophonie

Sommaire des Actes de la XXIIIe Biennale

Sommaire

Remerciements

Allocutions et messages

M. le Président Gueorgui Parvanov

M. Alain Joyandet

L'Honorable James Moore

M. Roland Eluerd

Vœux de la 23e Biennale et Voeux en bulgare

Synthèse des travaux, rédigée par Roland Eluerd

Actes du colloque en Sorbonne, samedi 29 novembre 2008

M. Radu Ciobotea

M. Antony Todorov

Gueorgui Jetchev

René Meissel


Actes de la XXIIIe Biennale, Sofia, 29 octobre-1er novembre 2009

Vendredi 30 octobre

Présidents de séances : M. Vincent Henry, directeur délégué aux programmes, Agence universitaire de la Francophonie, Bureau Europe centrale et orientale. Mme Anna Krasteva, professeur de sciences politiques à la Nouvelle Université Bulgare. M. Alain Vuillemin, professeur à l'Université d'Artois. Mme Raya Zaïmova, Institut d'études balkaniques de l'Académie bulgare des sciences.

Mme Andromaqui Haloçi

Mme Cheryl Toman

Mme Mariana Perisanu

Mme Irina Babamova

M. Jean R. Guion

Mme Monique Cormier

M. Erich Weider

M. Stoyan Atanassov

Mme Roumiana L. Stancheva

Mme Rennie Yotova

Mme Mihaela Chapelan

M. Stéphane Gurov


Samedi 31 octobre.

Présidents de séance : M. Richard Lescure, maître de conférence des universités, attaché de coopération éducative au Centre culturel français de Sofia. Mme Line Sommant, docteur en linguistique, professeur associé à l'Université de Paris III, vice-présidente de la Biennale de la langue française. M. Abderrahmane Rida, directeur de l'Institut de la Francophonie pour l'administration et la gestion (IFAG), Sofia. M. Roland Eluerd, docteur d'État ès lettres, président de la Biennale de la langue française.


M. Stéphane Lopez

M. Gueorgui Jetchev

Mme Claire-Anne Magnès

M. Mohamed Taïfi

Mme Stephka Boeva

M. Simeon Anguelov

Mme Odile Canale

M. Jean-Alain Hernandez

M. Richard Lescure

M. Moustapha Tambadou

M. Amadou Lamine Sall

M. Andrey Manolov

M. Alain Vuillemin





A la Une

« La culture suppose l'enracinement, la profondeur et la perspective d’un épanouissement sans cesse en progrès. »

Jacqueline de ROMILLY

Présidente d’Honneur de la Biennale de la langue française (2002-2010)

Dans Le Trésor des savoirs oubliés, Éditions de Fallois, 1998, p. 93