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Discours d’ouverture de la XXIXe Biennale de la Langue Française, Berlin 23-25 mai 2022

Allocution de M. Cyril BLONDEL, Conseiller culturel et Directeur de l’Institut français d’Allemagne


Madame la Présidente,

Mesdames et Messieurs,

Chers partenaires du Centre Français de Berlin et de la Maison des Francophonies de Berlin,

Chers amis de la francophonie,


Comme vous le savez, le Président de la République, Emmanuel MACRON, a mis la langue française au cœur de la diplomatie d’influence de notre réseau diplomatique mondial et au premier plan du programme de la Présidence française du Conseil de l’Union européenne. Il a souhaité la replacer dans la perspective plus large et inclusive du plurilinguisme, où les langues doivent pouvoir jouer de leur singularité et de leur complémentarité. C’était aussi le sens du rapport LEQUESNE en 2021, puis de la conférence de Pau sur la « Diversité linguistique et [la] langue française au sein de l’Union européenne » en mars dernier pour faire des propositions de diffusion de la langue française.

La devise de la Présidence française du Conseil de l’Union européenne est : « Relance, Puissance, Appartenance ». Ces trois concepts politiques et économiques peuvent tout à fait s’appliquer à la promotion du français et de la francophonie sur le territoire allemand tel que nous le vivons depuis l’Ambassade de France et l’Institut français d’Allemagne. Les chiffres des apprenants de français vous seront présentés ce mercredi par l’Attaché de coopération éducative de l’Ambassade, mais je peux d’ores et déjà vous dire que l’enseignement du français en Allemagne nécessite une forme de relance dont se sont d’ores et déjà emparées politiquement les autorités françaises et allemandes. Les chiffres sont en baisse de manière structurelle depuis plus d’une dizaine d’années, même si le français reste la LV2 la plus apprise en Allemagne aujourd’hui, devant le latin et l’espagnol. Sans doute faut-il dans ce contexte axer notre stratégie sur la puissance culturelle, économique et scientifique de la francophonie, très mal connue en Allemagne, pour accompagner cette relance. Enfin, ce sentiment d’appartenance, prôné au niveau européen dans le cadre de notre présidence, ne peut advenir dans sa forme la plus aboutie qu’avec un plurilinguisme affirmé et vécu qui ouvre à la diversité des identités individuelles et collectives, à la multiplicité des perspectives sociétales, historiques et culturelles. C’est le vœu que nous formons pour la jeunesse européenne et la jeunesse du monde entier. Notre action pour la langue française est donc une contribution à cette vision politique au-delà de la simple maîtrise de la langue anglaise, si riche soit-elle, et dans un espace d’expression démocratique où chaque langue peut être entendue.


C’est dans ce contexte que j’ai souhaité faire de la langue française la première priorité de l’Institut français d’Allemagne que j’ai l’honneur et le plaisir de diriger. Dans ce cadre, nous conduisons des actions de soutien à l’enseignement du français en direction des enseignants allemands de français dans tous les domaines : le cinéma, la bande dessinée, la littérature, la musique, les mobilités.


Le Ministère français de l’Europe et des Affaires étrangères a lancé cette année un appel à projets dédié pour le développement de la langue français et avec l’Institut français de Paris une campagne de communication intitulée « Parlons-nous ». Dans ce cadre, mon Institut a organisé une conférence-débat sur les avantages du plurilinguisme précoce et nous avons constaté qu’il y avait encore beaucoup de préjugés négatifs à ce sujet. Nous avons ainsi travaillé avec l’Ambassade la République tchèque et une spécialiste allemande de la question et cette manifestation en replay a connu le plus grand nombre de consultations en ligne de tous nos projets éducatifs. On sent bien que les jeunes parents de nos sociétés actuelles, sociétés de migrations transnationales accrues, contraintes ou volontaires, s’interrogent sur la meilleure éducation linguistique à donner à leurs plus jeunes enfants.


Mais toutes ces actions ne se font pas sans des partenaires institutionnels et historiques comme le Centre français de Berlin ou plus récent comme la Maison des Francophonies de Berlin, dirigés avec beaucoup d’énergie et de créativité par Florian Fangmann et Luc Paquier. Nous sommes très attachés au Centre français de Berlin et à la Maison des Francophonies de Berlin, parce que nous avons des partenaires qui font vivre et rayonner la francophonie sur la ville de Berlin avec ce paradoxe – qui crée aussi parfois des difficultés – que ces actions se déroulent dans un pays, l’Allemagne, qui n’est ni membre de plein droit, ni membre associé, ni même observateur de l’OIF. Je garde un souvenir impérissable de la fête des francophonies de la fin d’année 2021, dans ces mêmes lieux, avec de nombreux ambassadeurs et ambassadrices.


C’est aussi notre rôle, à l’Ambassade, de faire vivre le Groupe historique des Ambassadeurs et Ambassadrices francophones en Allemagne. Et l’Ambassadrice de France et l’Ambassadrice de Tunisie ont été durant les deux dernières années co-présidentes de ce groupe, aujourd’hui piloté par les Ambassades de Belgique et de la République démocratique du Congo. Nos consulats dans les autres régions d’Allemagne travaillent aussi avec les consulats d’autres pays francophones au moment de la semaine de la francophonie et nous pouvons ainsi entretenir des liens importants pour nos actions.


Cette biennale organisée cette semaine au Centre français de Berlin / Maison des francophonies de Berlin est un signe supplémentaire de la place qu’occupe désormais cette Maison dans le réseau de coopération de la francophonie et de la qualité des événements accueillis quand je vois la présence de chercheurs du monde entier et les thématiques abordées. Les thématiques de l’influence de l’allemand sur la langue française et des interculturalités induites permettent de rappeler que la promotion de la francophonie et de la diversité linguistique sont synonymes d’échange, d’ouverture, de solidarité et de respect.


Pour terminer mon intervention, je tenais à vous transmettre les meilleures salutations de Mme l’Ambassadrice de France en Allemagne, Anne-Marie DESCÔTES, qui a été très sensible au programme de ces rencontres et à vous souhaiter d’excellents travaux.


Merci beaucoup.