Biennale de la Langue Française

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Accueil Les Actes de la XXIXe Biennale B29 Interventions B29 - Ahmed MOSTEFAOUI et Fatima MOKHTARI
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Des impacts de la dimension interculturelle dans l’enseignement supérieur algérien : le cas de recherches en didactique du FLE, littérature et interculturalité


Hypocrite lecteur, - mon semblable, - mon frère!
Charles Baudelaire - Les Fleurs du Mal (1857)

Etrangement, l’étranger nous habite : il est la face cachée de notre identité.
Kristeva, J. - Etranger à nous-mêmes 1988


MOSTEFAOUI Ahmed,  Grade : Professeur

et

MOKHTARI Fatima Zohra,  Maitre de conférences

Université : IBN KHALDOUN- TIARET- Algérie


Résumé :

Un enseignement à la compréhension interculturelle signifie, nécessairement, l’implication de nos chercheurs (enseignants ou étudiants) dans des recherches visant cette dimension pour la promotion d’une meilleure compréhension mutuelle et l’acceptation de la différence dans des sociétés multiculturelles et multilingues. Conséquemment, notre analyse et étude d’un corpus constitué d’un certain nombre  de programmes et de travaux de recherche (articles, magistères, programmes de licence et masters et doctorats) nous a permis de constater que les enseignements dispensés et les recherches initiées au sein de nos universités contribuent efficacement à développer cette dimension. Nous avons pu répertorier des thématiques qui favorisent l’inclusion de la dimension interculturelle et dans les programmes des différents modules et dans les recherches, ce qui reflète, à notre sens, une volonté, d’encourager la construction d’une compétence interculturelle chez nos étudiants.

Mots clés : L’interculturalité, dimension interculturelle, la mondialisation, enseignement supérieur, didactique des langues


Introduction

Nous baignons tous dans une multitude de cultures qui façonnent nos manières de voir le monde mais aussi nourrissent l’ouverture de nos esprits aux autres. La mondialisation actuelle, marquée par une extraordinaire diversité culturelle et linguistique, a donné lieu à une mobilité permanente entre les continents et pays du monde. Ceci explique la multiplication de programmes de formations (masters, doctorats) au niveau de l’enseignement supérieur algérien et le foisonnement de travaux de recherche traitant de la problématique de l’interculturalité. Se poseront, alors, les questions des méthodes et supports pédagogiques à mettre à la portée des enseignants et résultant d’éventuelles retombées de ces enseignements et recherches.

La mission des enseignants chargés d’assurer des enseignements dans ce sens et encadrant des recherches devient impérative et ceci les invite à pallier à  l’insuffisance d’un enseignement linguistique en lui adjoignant un autre interculturel, en cohérence avec le nouveau paradigme en didactique devenue désormais «didactique des langues et des cultures»1, et  seul garant d’une compréhension mutuelle lors de rencontres avec l’autre.

L’interculturalité, devenue désormais une composante de la didactique des langues, (Antonella  Cambria), la question qui nous semble  pertinente pour aborder ce travail est la suivante: Quelle est la nature des thématiques traitées sur l’interculturel et objet d’enseignement et  de recherche? Les enseignements dispensés et les recherches entreprises touchent-ils à tous les aspects de l’interculturalité   pour impacter positivement nos apprenants et  leur inculquer le principe que la pluralité devient  la norme (Abdallah-Pretceille, (1999 :13-14) ?


Lorsque nous avons décidé de ce travail, nous pensions particulièrement aux enseignants de langue  et leurs programmes; ceux de littérature, culture et civilisation, accompagnant des étudiants préparant des PFE2, des recherches en magistère, en thèse et rédigeant des articles scientifiques.

La question de l’interculturel représente un champ de recherche relativement récent, mais en vogue ces derniers temps. L’interculturel suscite autant l’intérêt de certains que la méfiance d’autres. Ceux qui se méfient le font moins de l’autre en tant que personne humaine que de sa culture qui reste toujours la source d’éventuels défis et menaces à sa propre culture. L’intégration de la dimension interculturelle dans les programmes de l’éducation nationale et dans les formations universitaires a toutes les chances d’atténuer les craintes et d’installer la confiance et le respect mutuel.

A travers ce travail descriptif et analytique, nous supposons que plus d’engagement de la part des enseignants et des chercheurs en faveur de l’interculturalité rendrait les cours en langues secondes et étrangères et le domaine de la recherche, des occasions rêvées pour nos apprenants/ étudiants-chercheurs de découvrir l’autre avec sa culture car, « apprendre une langue étrangère, cela signifie entrer en contact avec une nouvelle culture » (Myriam Denis, ( 2000 : 62).


Dissiper la crainte de l’autre à travers un enseignement interculturel

Les diversités culturelles et linguistiques qui marquent les sociétés du monde actuel et l’incessante mobilité, place l’école, en général et l’université algérienne, en particulier, devant une multitude de défis qu'il est essentiel de relever.  Il s’agit en premier lieu de dompter en  nous-mêmes la peur de l’autre en montrant que  l’objectif d’un tel enseignement n’est pas de fendre nos apprenants dans la culture de l’autre mais de leur faire découvrir l’autre avec son mode de vie, ses coutumes,  us et manière de penser différents de notre propre culture. L’objectif, selon  Abdallah Prétceille, (2004) est d’aller à la rencontre de l’autre, de le connaitre et non pas d’apprendre sa culture.  Selon Porcher, L., (1986) :

L’interculturel est l’attitude qui consiste à construire entre des cultures différentes des relations de réciprocité. C’est-à-dire des connaissances mutuelles, connaissance étant pris ici au sens de saisie des lois de fonctionnement organisant chacune des cultures considérées.

En deuxième lieu, il est largement admis de nos jours qu’ «Apprendre une langue, c’est apprendre une culture. », Florence Windmüller, (2015). D’autant plus qu’il est difficile de séparer la langue de sa culture qui lui est intimement liée et lui sert comme une matrice et  donc matière d’apprentissage.

En troisième lieu, c’est aussi une question de la médiation de l’enseignant. Ce dernier sait pertinemment qu’une ouverture sur l’autre passe par la communication et que les compétences linguistiques sont jugées insuffisantes par rapport à l’enseignement de la communication qui devient le nouvel objectif d’un apprentissage au service de l’interculturel, car parler une langue c’est : « Connaitre et comprendre un autre peuple, être capable d’interagir dans une autre culture, c'est-à-dire maitriser une compétence communicative, constituent une entreprise décapante… » (De Salin, 1992 :7).


Finalités de l`enseignement des langues en Algérie

Les instructions officielles que ce soit celles de l’éducation nationale ou bien celles de l’enseignement supérieur recommandent la prise en charge de la dimension interculturelle dans l’enseignement des langues. Tous les programmes scolaires et universitaires comportent des contenus qui préconisent l’ouverture sur le monde par le biais des langues. Rappelons quelques-unes de ces finalités en relation avec l’enseignement des langues tirées du référentiel général des programmes3:

  • Développer les compétences nécessaires à une adaptation réussie au monde de la communication interculturelle, au marché international du travail. (p.14)

  • Les programmes éducatifs doivent inscrire, au nombre de leurs objectifs, l’information objective sur les cultures, les civilisations, l’évolution des métiers, des professions et des marchés de l’emploi. (p. 14)

  • Le champ de la communication se diversifie de plus en plus pour englober quasiment l’ensemble de l’humanité avec comme conséquence l’extrême variété des échanges linguistiques culturels et civilisationnels qu’est appelé à assumer l’homme moderne.p.16

  • La familiarisation avec d`autres cultures francophones pour comprendre les dimensions universelles que chaque culture porte en elle. (p.16)

  • Une approche des autres religions afin que l'élève puisse acquérir une culture plus large dans ce domaine, et qu'il fasse preuve d'ouverture d'esprit et de tolérance vis-à-vis des autres religions et cultures. et de tolérance vis-à-vis des autres religions et cultures. (p.62)

  • La confiance en leur langue et la fierté de leur culture pour renforcer leur sentiment d'appartenance, raffermir leur identité culturelle et civilisationnelle. Ils seront ainsi armés de l'assurance nécessaire à leur ouverture aux différentes cultures et langues étrangères et ce, sans complexes4. p.30

L’éducation à la compréhension interculturelle constitue, donc, l’une des activités les plus importantes pour la promotion d’une meilleure compréhension mutuelle et l’acceptation de la différence dans le monde, sachant que toutes les sociétés sont multiculturelles et multilingues. La présence notable de la culture française à travers les matières enseignées et comprises dans les canevas des programmes officiels atteste de cette volonté de s’ouvrir sur le monde.


Corpus d’étude

Notre travail de collecte nous a permis de dénombrer 113 travaux de recherche (articles, thèses de doctorat et de magister, colloques et travaux d’équipes). Ces recherches ont été catégorisées selon seulement la variable thématique. Ensuite, une approche descriptive et analytique a été adoptée et appliquée  et finalement, quelques résultats saillants obtenus.

Au niveau des publics ciblés, et d’une manière générale selon les thématiques traitées, les recherches dans leurs diversités se concentrent sur les populations universitaires, et particulièrement sur les apprenants de langues.

On ne peut prétendre dans ce modeste travail faire un état des lieux complet de la recherche interculturelle en  Algérie, vu la difficulté d’une telle entreprise préférant en faire un bilan à travers une approche  thématique, en relevant les constantes dans les études et les recherches sur l’interculturel.


Articles

Thèses

Colloques

Types

DDLE5

DTL6

Littérature

SL7


5


2

Nombre (113)

52

8

28

18


Analyse et discussion : Les contenus thématiques

  1. Les thématiques

Les réflexions sur la prise en compte de la dimension interculturelle dans le contexte universitaire algérien se présentent sous formes de catégories « thématiques », nous pouvons constater des références en majorité. Dans les recherches parcourues,  les thèmes les plus saillants ont été relevés mais pas d’une manière exhaustive ; seuls les plus récurrents  ont été pris comme de grandes entrées :

La culture - La culture de l’autre- La question de l’identité - Etudes interculturelles en sociologie - Le métissage - l’altérité - L’histoire/ le passé -  Les représentations/stéréotypes et clichés - Ethos communicatif -  la communication et l'interaction -L’interculturalité/ définitions - La compétence interculturelle - L’enseignement /apprentissage de l’interculturel - La langue maternelle VS LE - Interculturalité et idéologie - La culture propre de nos apprenants -  Psychologie et anthropologie - bilinguisme des apprenant - l’enseignement-apprentissage des langues - La compétence interculturelle - enseignement /apprentissage  de la compétence interculturelle - La langue maternelle VS la langue seconde ou étrangère - Littérature et interculturalité - Littérature et l'identité culturelle-  L'importance de la littérature en classe de FLE-Didactique des Langues - Cultures et pédagogie interculturelle - Contact des langues et interculturalité - Représentations culturelles et sociales des langues - Analyse du discours et diversité culturelle - TICE et interculturel - Traduction et échanges interculturels - Interculturalité et francophonie - Les arts et les enjeux interculturels..etc.


  1. L’interculturel dans les recherches en didactique

A l’Université Batna 2,  c’est sous ce dicton «  L’heure est à la différence, à la pluralité et la diversité » que s’ouvre l’argumentaire d’un Colloque international, « Les voies/voix interculturelles des langues et des cultures », les 15, 16 et 17 avril 20188. Une centaine de participants, universitaires algériens et étrangers y ont pris part. L’objectif de ce colloque était d’aborder la question de l’interculturel dans l’éternel débat «  Identité-Altérité »  et de souligner la relation langue-culture surtout dans le domaine littéraire.

Ailleurs, à Ouargla, des chercheurs didacticiens défendent le statut de la langue française et son importance dans le système universitaire algérien. Les manifestations scientifiques qui ont marqué le séminaire national9: «Enseignement / apprentissage du français en Algérie: Enjeux culturels et représentations identitaires », Les 23 et 24 Novembre 2011, à l’Université Kasdi Merbah de Ouargla en sont un exemple.

Plusieurs articles publiés attestent d’une dynamique scientifique visant la dimension interculturelle et le statut de la langue française.  Le plus notable vu sa longueur (45 pages) est celui de  Aomar Abdelaoui, (2011), «L’enseignement/apprentissage du français en Algérie dans le prisme de la dimension multiculturelle de l’identité nationale : quels arguments pour le statut et rôle pour l’enseignement du français en Algérie ? ». L’auteur argumente, preuves à l’appui de la réalité sociolinguistique de l’Algérie, en faveur non seulement de l’enseignement de la langue française, mais aussi, des langues étrangères, en rappelant qu’à  l’ère de la mondialisation, surtout « économique », une nouvelle donne impose la nécessité de centrer l’enseignement des langues étrangères sur l’objectif de former l’apprenant à l’ouverture, la compréhension et l’acceptation de l’autre avec sa différence (Idem).

Trois autres intervenants proposent de réfléchir à la question du français en Algérie. Bouhadiba, F. (2011), traite de la  cohabitation entre les langues dans le contexte algérien imposée de fait par la  proximité géographique et les liens historiques. Il aborde la question des programmes en FLE en Algérie, des contenus culturels par rapports aux contenus linguistiques, de la motivation de l’apprenant algérien en FLE et de l’apport de l’ingénierie  des langues pour le FLE. Quant à Bekhoucha- Khadraoui Aziyadé Nabila, (2011), elle, parle du passage du paradigme de l’enseignement à celui de l’apprentissage en encourageant l’autoévaluation et l’implication de la culture de la langue cible. Aldjia Outaleb, (2011), revient à l’intérêt pour la question liée à la culture véhiculée par la langue française et juge la question de la culture comme étant un enjeu majeur dans le domaine de la didactique des langues et des cultures.


  1. Littérature et interculturel dans l’enseignement

Le dialogisme qui caractérise la littérature fait d’elle le lieu  de rencontre avec l’autre, un espace où l’on fait l’expérience de l’altérité,  comme le montre Bakhtine, dans son œuvre le Marxisme et la philosophie des langues (1977).

La France, sa culture, sa civilisation et surtout sa littérature sont fortement présents puisque des matières les visant sont programmées et enseignées, telles que les modules (Histoire et civilisation française, texte et histoire, littérature générale et comparée, langue et société). D’autres modules s’occupent de la langue française, de sa diffusion, sa richesse et de son évolution, tels que (Histoire et évolution de la langue française).

Au niveau de tous les départements des langues étrangères, un enseignement  de la littérature française, anglaise, américaine, britannique, espagnole, etc., est dispensé. La littérature française à la part du lion, puisque son enseignement couvre toutes les périodes (à partir du Moyen Age jusqu’à la littérature contemporaine). On trouve, entre autres, des modules sur la civilisation française (Histoire et civilisation française, texte et histoire, littérature comparée, langue et société), d’autres sur la langue française, sa diffusion, sa richesse et son évolution (Histoire et évolution de la langue française).

Après la licence et le master,  il y a des études en post graduation dont le but est d’approfondir l’étude de la littérature et de faire des recherches, ou la spécialisation est le plus souvent accompagnée ou précédée par des cours de civilisation et de la culture française, ce qui situe la littérature française dans son contexte.

3.1 Interculturel,  littérature et didactique du TL

En parcourant quelques travaux de recherche en littérature française et maghrébine, on se rend compte de l’intérêt porté en premier à son enseignement. Entre autres, celle de Sarah Azizi (2020), et celle de Dridi Mohamed, (2018), qui focalisent sur l’enseignement du TL considéré comme un facteur d’interculturalité,  « avec ses aspects linguistique, culturel, social, idéologique, représente un support incontournable et essentiel dans le processus de l’enseignement/apprentissage du FLE en Algérie », et vont jusqu’à privilégier un enseignement/ apprentissage du FLE par le TL qui garantirait, selon eux, une meilleure compréhension de l’altérité jugeant l’art un meilleur ambassadeur de l’interculturalité.

Certaines contributions sont consacrées à la question de l’image de soi et celle de l’autre et de comment se percevoir dans le monde des autres et les différents aspects de l’altérité, leurs modes d’appréhension et leurs retombées sur la connaissance de soi.  C’est le cas de la recherche de Mesli Amel (2021), soulevant la question du dialogue entre civilisations à partir de l’étude du roman de AZOUG Begag, «cas de la voix de son maitre ». Le personnage principal dans sa quête de soi, va jusqu’aux états unis  pour se chercher et finit par rentrer chez lui avec comme bagage la découverte de l’autre.

Soumeya BADER, (2021), analyse le roman de Roger Frison Roche, « De la rencontre, de l’échange et de l’enrichissement dans Djebel Amour », sous forme d’un plaidoyer pour le métissage, confirmant une hypothèse déjà avancée: la rencontre avec l’autre favorise le métissage, la mixité, l’interculturalité, l’échange et la diversité. Une sorte d’ouverture sur l’autre qui n’est  en fait qu’un signe de tolérance et de reconnaissance visant le bonheur et la paix des peuples.

D’autres chercheurs font état de stratégies pédagogiques concrètes visant, par une approche généralement comparative, à sensibiliser les lecteurs à la spécificité de l’autre et, par conséquent, à la leur. L’exemple de « Penser l’algérianité dans la littérature « d’ici et de là-bas » : de Lila Medjahed, (2015), une lecture comparative de deux œuvres fictionnelles qui nous renseignent sur le  regard du Sud sur l’immigration10 et ou l’algérianité apparait comme une  composante  essentielle dans l’identité des algériens de l’autre rive. Un autre exemple de, « Intertextualité et interculturalité : quelle articulation en classe de FLE ? », de Amina Hadjersi et Nabila KERMEZLI, (2021), dont l’objectif est de faire acquérir aux étudiants des savoirs et des savoir-faire interculturels dans le champ de l’intertextualité en exploitant les deux contes « Le petit chaperon rouge et Le chaîne de l’ogre » et de découvrir  la culture française.


  1. La  compétence interculturelle dans les recherches

La compétence interculturelle, dans le contexte algérien actuel, devient l’une des priorités dans le domaine de l’enseignement des langues étrangères, entre autres, l’enseignement du Français Langue Etrangère (FLE) et dans les recherches scientifiques.

A ce sujet de la compétence interculturelle, plusieurs travaux apportent d’intéressantes  contributions dans le flux de la dynamique qui caractérise la recherche actuellement dans la didactique des langues et des cultures. Les exemples foisonnent dans ce sens, ou on se demande en particulier comment définir la nature de la compétence culturelle  et surtout comment la développer à travers le texte littéraire. Tiffour Thameur (2018), et Derardja Fatiha El Hasna, (2020), examinent les avantages de l’enseignement du TL11 dans la construction de la compétence interculturelle. Chemmar Saïd, (2021), lui aussi, s’interroge sur  la place de la compétence interculturelle et la part de la culture de l’autre dans les manuels de français au secondaire. Le développement d’une compétence communicative et interculturelle fait de même l’objet de recherche dans les travaux de Nadia TABELLOUT, (2017),  qui vise les stratégies Communicatives à l’oral dans une situation interculturelle.

4.1 L’exemple du numéro 8 de la revue Didacstyle réservé à la pédagogie de l’interculturel12

Dans un numéro thématique réservé à la pédagogie de l’interculturel au service de la didactique des langues organisé en 2016 à l’université LOUNICI de Blida 2, plusieurs contributions mettent le doigt sur le problème et proposent des réponses à travers une didactique et un enseignement de l’interculturel, avec comme support pédagogique le TL (Soumeya BOUANANE, (2016), Thameur TIFOUR, (2016), Djazia HABET, 2016. D’autres auteurs tentent d’attirer l’attention des lecteurs (enseignants, jeunes chercheurs et étudiants) sur les représentations et les enjeux de l’enseignement interculturel, qui émanent de l’interaction entre la culture locale et celle de l’autre (Hatem AMRANI, 2016, Souad DJOUDI, 2016).

Et à tour de rôle, les différents auteurs essayent de répondre à un certain nombre de questions, telles que : Quelle(s) culture(s) enseigner ? Comment la (les) faire découvrir ? Comment motiver l’apprenant à entrer dans cette nouvelle culture ? Comment mettre en pratique ces acquis théoriques ? Ils ont basé leur argumentaire sur des axes visant exclusivement la question de l’interculturalité comme celui de la  didactique et la conscience interculturelle, le contact des individus et des cultures vu comme un enrichissement et l’encouragement à la création du désir de découvrir la culture de la langue cible.

4.1.1 Les attentes des chercheurs de ce numéro et ses retombées didactiques

Les articles  présentés dans de ce numéro se donnent comme ultime finalité un certain nombre  d’objectifs à travers des pistes de réflexion. Le premier consiste à atténuer les conflits dus aux difficultés culturelles et qu’en les identifiant comme étant des traits distinctifs de l’autre, ils ne constitueront nullement une menace quelconque pour nos propres cultures et valeurs. Un enseignement basé sur la compétence de communication est à même d’aider dans l’installation d’une compétence interculturelle. Ceci passera nécessairement par des méthodes et des supports pédagogiques à exploiter en classe de langue et ce en préconisant de :

∙ Conceptualiser les éléments linguistiques à charge culturelle et en comparant les représentations sémantico-conceptuelles dans les langues et les cultures en contacts ;

∙ Diversifier les situations de tensions culturelles susceptibles de déclencher les malentendus, la violence verbale ; conflits d’incompréhension en vue de développer une sorte d’intelligence culturelle ;

∙ Sensibiliser des apprenants aux changements sémantiques dans les zones des marqueurs culturels. (Didactstyle, 2016).


Conclusion

Au terme de cet article, et après la réalisation de ce panorama qui a permis de présenter un état des lieux au niveau de quelques programmes et de recherches sur l’interculturel en Algérie, nous  espérons avoir apporté une petite contribution à la construction du champ de la recherche en éducation interculturelle en Algérie. Il en ressort que le concept de l’« interculturel » en tant que matière à enseigner n’est qu’à ses balbutiements ; c’est un paradigme nouveau en Algérie dans les différents champs de recherche en Littérature et en didactique. Toutefois, les faits sont là, l’université algérienne s’est déjà approprié cette nouvelle dimension au niveau de l’enseignement des langues étrangères et des contenus de recherches initiées par ses étudiants et enseignants chercheurs.

Bien connaitre la culture de l’autre fait partie des composantes d’une compétence interculturelle et ceci passe nécessairement par l'apprentissage des langues secondes et étrangères. Un enseignement à la compréhension interculturelle signifie, donc, l’implication de nos étudiants-chercheurs dans des recherches visant cette dimension pour la promotion d’une meilleure compréhension mutuelle et l’acceptation de la différence dans des sociétés multiculturelles et multilingues. Nous avons bel et bien saisi les intentions à partir des objectifs assignés à l’enseignement-apprentissage des langues et des thématiques choisies dans les recherches scientifiques qui visent, en plus du développement des compétences linguistiques, l’installation d’une compétence interculturelle, assurant le respect et l’ouverture envers l’autre et améliorant les rapports entre les cultures. Ceci constitue incontestablement une valeur ajoutée et un investissement  pour un avenir basé sur l’intercompréhension, la tolérance et moins de tensions dans le monde.


Notes :

1. La dénomination de didactique des langues et des cultures caractérise la réflexion didactique actuelle sur l’enseignement des langues étrangères qui a pour socle la dimension culturelle.

2. Projets de fin d’étude

3. Référentiel général des Programmes disponible à l’adresse : https://www.ens-oran.dz consulté le 10/04/2022

4. «Référentiel général des Programmes » https://www.ens-oran.dz

5. Didactique des langues étrangères

6. Didactique du texte littéraire

7. Sciences du langage

8. Réseau Mixte LAFEF : https://lafef.net/IMG/pdf/colloque_international_univ_batna-2_lafef_avril-2018.pdf

9. https://manifest.univ-ouargla.dz/

10. Les deux écrivains, Mustapha Benfodil, Algérien et Sabri Louateh, Français d’origine algérienne.

11 Texte littéraire

12. https://univ-blida2.dz/en/wp-content/uploads/sites/2/2017/02/Didacstyle-8-V-finale.pdf


Bibliographie :


Corpus (Enseignement) : Liens vers quelques offres de formation (masters) et leurs programmes :


Courtes biographies :

MOKHTARI Fatima Zohra

Dr. Mokhtari Fatima Zohra est maitre de conférences en (Sciences des textes littéraires) au Département des Lettres et  Langues Etrangères –Section de Français - Université Ibn Khaldoun – Tiaret (Algérie). Chef de département, Adjoint responsable de la post- graduation, département des lettres et langues étrangères,  faculté des Lettres et Langues. Chercheure en  littérature générale et comparée, auteure de plusieurs articles sur des sujets variés en littérature, littérature comparée entre autres. Membre de  laboratoires de recherche LADICIL et TRADEC.

MOSTEFAOUI Ahmed

Ahmed MOSTEFAOUI : Grade : Professeur ; enseignant-chercheur en  (Didactique et Ingénierie de la formation) à l’université de Tiaret(Algérie), enseignant de didactique, didactique du TL et de l’analyse du discours. Titulaire d’un DAFA obtenu à la CCIP de Paris, d’un magister et d’un doctorat en Didactique et Ingénierie. Auteur de plusieurs articles et recherches en didactique et Ingénierie. Membre du laboratoire de recherche sur le discours argumentatif et membre du comité de lecture et de traduction (Anglais-Français-Arabe) de deux revues : « El Bahith » et « ElKhaldounia », éditeur associé de la revue TRADEC de l’université Oran 2 et de celle de Faslo El khitab de l’université de Tiaret. Responsable d’une équipe de recherche d’un PRFU.


 

Accréditation OING Francophonie

Sommaire des Actes de la XXIXe Biennale

SOMMAIRE DES ACTES XXIXe BIENNALE

LIVRE XXIX :

Sommaire


Séance d'ouverture de la XXIXe Biennale

Cheryl TOMAN, Présidente de la Biennale de la langue française

Cyril BLONDEL, Directeur de l’Institut français d’Allemagne

Christoph BLOSEN, Ministère fédéral des Affaires étrangères


1ère séance de travail : « Les apports de la langue germanique dans la langue française »

Présidence de séance : Lamia BOUKHANNOUCHE

Anne-Laure RIGEADE, Docteur en littérature comparée, (France) «L'oeuvre bilingue de Anne Weber, une épopée franco-allemande »

Line SOMMANT, Journaliste, auteur, linguiste, Université Paris 3-Sorbonne nouvelle, Paris (France), « De l’influence des langues germaniques sur la langue française »

Claire Anne MAGNÈS, Poètesse, critique littéraire, journaliste (Belgique) , « Comment vous appelez-vous ? les prénoms français d’origine germanique » lu par Cheryl Toman


Table ronde : « Réalités des francophonies en Allemagne:

Quelles pratiques pour la langue française dans un contexte où son usage est minoritaire. »

Modération : Luc PAQUIER, Directeur de la Maison des Francophonies à Berlin

Alexander HOMANN, Délégué général de la Communauté germanophone de la Fédération Wallonie-Bruxelles et de la Wallonie à Berlin

Delphine de STOUTZ, Autrice Traductrice, directrice de projets, et maman Suisse vivant en Allemagne

Anne-Chrystelle BAETZ, Présidente de l'association Emploi Allemagne.


2ème séance de travail : « Interculturalités franco-allemandes : aspects économique, géopolitique, linguistique et numérique »

Présidence de séance : Christian TREMBLAY

Daddy DIBINGA , Université Gaston Berger de Saint-Louis du Sénégal, « Une Approche comparative de la diplomatie culturelle « occidentale » en Afrique francophone subsaharienne à travers les plateformes numériques de l’institut français et du Goethe institut, de Dakar »

Philippe KAMINSKI, statisticien économiste (France),« Economie sociale : le grand dos-à-dos entre France et Allemagne »

Yves MONTENAY, Docteur en Démographie politique (France),« L’Interculturalité à l’épreuve de la géopolitique en francophonie africaine »

Antoine BROQUET, Directeur d'Ecocert, filiale allemande d’Airbus, entreprise franco-allemande, « Témoignage sur la communication en langue française dans les entreprises franco-allemandes »


3ème séance de travail : « Plurilinguisme et interculturalités du français hors de France »

Présidence de séance : Line SOMMANT

Lamia BOUKHANNOUCHE, Etoile Institut, Paris, « Repenser le programme de français langue étrangère à Modern Languages et Literature – CWRU, Cleveland »

Ahmed MOSTEFAOUI et Fatima MOKHTARI, Université Ibn Khaldoun à Tiaret (Algérie), « Des impacts de la dimension interculturelle dans l’enseignement supérieur algérien : le cas de recherche en didactique du FLE et interculturalité »

Maryse NSANGOU-NIJKAM, Université de Yaoundé 1 (Cameroun), «Le multilinguisme dans la francophonie: le cas du Cameroun »

Karen FERREIRA-MEYERS, Université d'Eswatini (Eswatini, Afrique australe), « Que faire pour améliorer les compétences des enseignant(e)s du FLE en contexte exolingue? »


4ème séance de travail : « Accès à la langue française via les arts, la littérature, la langue scientifique »

Présidence de séance : Cheryl TOMAN

Christoph Oliver MAYER, Université Humboldt de Berlin (Allemagne), « Quand l’Allemagne chante de la France et vice-versa »

Métou KANÉ, Université Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan-Cocody (Côte d’Ivoire), « Le translinguisme dans la poésie ivoirienne : cas de Les Quatrains du dégoût de Zadi Zaourou et de Wanda Bla ! de Konan Roger Langui »

Patrick OUADIABANTOU, Université Marien Ngouabi, ( République du Congo), « Mots francophones: liens inextricables et destins croisés »

Ousmane DIAO, Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Sénégal), « Analyse lexicale de la terminologie médicale au Sénégal »

Myriam HILOUT, Université Humboldt de Berlin (Allemagne), « L’influence d’un séjour à l’étranger sur l’identité professionnelle et linguistique des enseignants/es de français du secondaire allemand »


Philippe GUILBERT, Ambassade de France en Allemagne, « Les apprenants de français en Allemagne »


5ème séance de travail : « La Francophonie et ses influences : passé, présent, futur »

Présidence de séance : Line SOMMANT

Saholy LETELLIER, Musée de Tadio (Madagascar), Université de Rouen Normandie Grhis, et Sciences Po Paris (France), Le musée francophone des Deux Guerres à Tadio « Musée Johanesa Rafiliposaona », un musée vivant, un musée humaniste.

Didier OUEDRAOGO, Université Paris-Saclay, « La francophonie, entre héritage traumatique et syncrétisme identitaire dans l'espace sahélien »

Christian TREMBLAY, Observatoire européen du plurilinguisme, « Réflexion sur la différence entre « interculturalité » et « multiculturalisme ». Le plurilinguisme en Afrique »

Françoise BOURDON, Cercle des Solidarités francophones en Normandie (France) et Saholy LETELLIER, Musée de Tadio (Madagascar), Université de Rouen Normandie Grhis, et Sciences Po Paris (France), « Échange culturel et linguistique entre Tadio (Madagascar) et Le Houlme (France) »


Clôture de la XXIXe Biennale

Cheryl TOMAN, Présidente de la Biennale de la langue française




A la Une

« La culture suppose l'enracinement, la profondeur et la perspective d’un épanouissement sans cesse en progrès. »

Jacqueline de ROMILLY

Présidente d’Honneur de la Biennale de la langue française (2002-2010)

Dans Le Trésor des savoirs oubliés, Éditions de Fallois, 1998, p. 93