Biennale de la Langue Française

  • Augmenter la taille
  • Taille par défaut
  • Diminuer la taille
Les Actes
Envoyer Imprimer PDF


XXVIIe BIENNALE DE LA LANGUE FRANÇAISE

PARIS 14-16 SEPTEMBRE 2017

Des compétences linguistiques et méthodologiques pour aider les étudiants vétérinaires

Asmaa Leila SASSI, Doctorante en didactique du FLE/FOS, Enseignante de FLE



Résumé

Dans le présent travail et à la lumière du constat des difficultés des étudiants en sciences vétérinaires et la négligence de la langue française, langue d’enseignement, dans leurs performances et dans leurs écrits et en puisant dans les travaux en didactique, il nous semble approprié de nous intéresser à l’analyse de leur discours. Il est nécessaire, de prime abord de décrire et analyser un corpus représentatif du discours des sciences vétérinaires pour en tirer les spécificités langagières et les mécanismes discursifs : opérations discursives, éléments lexicaux, syntaxiques et énonciatifs.

Nous partons du constat que les étudiants de cette filière sont amenés à lire et à produire un certain nombre de travaux écrits. Même s’il existe des situations où l’oral prime, l’écrit s’impose toujours de lui-même puisqu’il sert dans l’évaluation et c’est par son intermédiaire que se construisent les apprentissages. L’objectif de l’Université étant de développer aux étudiants, à la fois, des compétences méthodologiques et linguistiques qui leur permettront la réception, la compréhension et la production de plusieurs types discursifs académiques dont l’appropriation est un gage d’intégration au milieu universitaire et de réussite sociale par la suite.

Nous essayerons de confirmer que les connaissances linguistiques seraient essentielles pour s’approprier les connaissances sur le domaine.

Ainsi, nous nous contentons dans ce travail de focaliser sur l’écrit dans un corpus qui se compose de cours, de TD et de TP très structurés (textes du programme institutionnel) représentatifs du discours des sciences vétérinaires en mettant l’accent sur les récurrences linguistiques, sur le lexique, la morphosyntaxe et les opérations discursives.

À travers cette analyse du discours de leur discipline, nous pensons nous munir d'outils qui nous permettront de proposer des activités sur des points de langue (grammaire de phrase ou de texte, neutralité du texte scientifique, temps verbaux, connecteurs, anaphoriques, etc.). Ces activités seront utiles dans la construction des savoirs nécessaires pour leur réussite.


Mots clés: discours scientifique - sciences vétérinaire - corpus - analyse du discours- compétences langagières.



Introduction


Dans le cadre de la préparation de notre thèse de doctorat, nous avions constaté que les étudiants algériens inscrits en première année sciences vétérinaires n’arrivent pas à réussir leur apprentissage du fait de la situation linguistique complexe du pays.

Certes, l’arabe y est la langue officielle au côté de l’Amazigh mais l’enseignement supérieur des filières scientifiques et techniques des sciences vétérinaires en l’occurrence se fait exclusivement en langue française.

En effet, ayant suivi leur cursus scolaire du primaire au lycée en arabe, ils arrivent démunis à l’université ; d’où la nécessité de les prendre en charge. Cependant, dans notre situation, nous nous focalisons principalement sur une aide de nature linguistique qui doit être menée selon la méthodologie du français sur objectifs spécifiques (FOS).

S’ajoute à cela, la nécessité d’une consolidation au niveau de l’acquisition des formes méthodologiques et procédurales, ce qui relève d’une démarche du FOU (Français sur objectifs universitaires) autrement dit notre projet s’inscrit dans une perspective FOS/FOU.


Constat d’une urgence : La prise en charge des étudiants en sciences vétérinaires


Dans le cas des étudiants de première année en sciences vétérinaires, les lacunes linguistiques dont ils souffrent et leurs répercussions sur leur apprentissage ont fait qu’il était nécessaire de les prendre en charge. Une première étape, d’audit, avait consisté à connaitre la nature de ce public, ses besoins langagiers, ses pré-requis et ses attentes à la fois professionnelles et sociales.


L’institut vétérinaire de Tiaret


Nous avons effectué notre enquête à l’institut vétérinaire de Tiaret.

L’institut des Sciences Vétérinaires de l’université de Tiaret est un établissement à caractère public qui a été créé en (1984), et est l’unique à ce jour dans toute la région de l’ouest Algérien.

La filière des sciences vétérinaires a d’abord débuté son activité dans des locaux alloués temporairement et ce au sein de l’ex-INES de Génie Civil en premier lieu, puis au sein d’une annexe de FIDA (Route d’Ain Bouchekif). Il a accueilli au cours de l’année universitaire 2015-2016, 1408 étudiants en graduation et (60) en post graduation, encadrés par (54) enseignants toutes spécialités confondues,  assistés par (100) membres du personnel administratif et technique.



L’Institut des Sciences Vétérinaires compte deux départements


- Un département de Biomédecine couvrant les trois premières années de formation avec un total de (855) étudiants   (année universitaire 2015-2016), hébergés dans le site de l’ex-ITMA.

- Un département de Santé Animale couvrant les deux dernières années de formation avec un total de (553) étudiants (année universitaire 2015-2016), hébergés dans le site de l’ex-Habitat.



Des difficultés disciplinaires à cause de problèmes linguistiques

Dans la filière de sciences vétérinaires, à partir de la première année universitaire, tous les cours sont dispensés en français, or aucune compétence n’est installée pour manipuler la langue française dans leur situation. D’un autre côté, il n’existe pas un enseignement spécialisé en français, cela se limite à la terminologie. Pour réussir, son apprentissage l’étudiant a besoin de connaitre les caractéristiques de sa spécialité et de son discours qui relèvent d’un français spécifique. En d’autres termes, l’appropriation par les étudiants des filières scientifiques de leur discours, constitue une activité universitaire essentielle, or il n’existe aucun programme qui leur permet d’acquérir cette compétence.


Une solution : Le Français sur objectifs spécifiques et le Français sur objectifs universitaires


1. Le français sur objectifs spécifiques (FOS)

Il est généralement préconisé pour répondre à des situations qui nécessitent une formation à la carte sur une demande clairement signifiée ; Il s’agit de mettre en œuvre une démarche d’ingénierie qui commence par une analyse des besoins de notre public de vétérinaires, et aboutira à un programme de formation pour permettre à ce public précisément défini d’atteindre un certain nombre d’objectifs nécessaires à l’accomplissement d’activités professionnelles (Parpette, Ch. et Mangiante, 2004). Or dans notre situation, il s’agit d’un public relevant d’un cadre institutionnel, donc aucune demande n’a été émise, mais le constat d’une situation lacunaire en matière de langue nous a fait réagir. La première question que l’on se pose est quelles sont les compétences qu`il doit développer pour être performant dans leur domaine? Après interviendra une démarche qui s’appuie sur l’ingénierie de la formation en quatre étapes, l’analyse, la conception, la réalisation et en fin de compte l’évaluation. Selon Berchoud,M,J, l’enseignement en FOS vise à apporter des savoirs dans des situations d’expression orale, d’interaction et de contact des cultures.


2. Le français sur objectifs universitaire (FOU)

Selon Mangiante et Parpette, (2012) le FOU: « s’inscrit totalement dans cette perspective d’une acquisition de compétences linguistiques combinée à une acquisition de savoir-faire en situation, en l’occurrence des savoir-faire universitaires.».

Tout en s’inspirant de la méthode du FOS, Le FOU se donne comme priorité la maitrise de certaines composantes de la langue de communication scientifique. Dans notre situation, notre public de vétérinaire aura besoin de: comprendre oralement des cours magistraux, conférences, assimiler des documents écrits, prendre des notes, restituer des cours, rechercher et classer des informations, de rendre compte d’une expérimentation, d’écrire un rapport, de prendre notes en suivant un TD, TP ou un cours, faire une synthèse de documents ou rédiger un mémoire. Ceci explique leur besoin de compétences à la fois méthodologiques et transversales doivent impérativement être travaillées avec eux la synthétisation des informations.


Ingénierie pédagogique : Analyser le discours des sciences vétérinaires

L’objectif étant de dégager la spécificité de la langue utilisée dans la production de ce discours, nous avons procédé par  une analyse morphosyntaxique, terminologique (morpho-lexicale, lexico-sémantique) et lexicale dans le but d’élaborer un référentiel de compétences comme le préconise l’ingénierie pédagogique pour remédier aux lacunes des étudiants.

Pour constituer notre corpus nous nous sommes référées aux documents supports (programme) utilisés par les enseignants de l’institut des sciences vétérinaires de l’université de Tiaret-Algérie.


Conclusion

Il est clair que le meilleur moyen d’aider ces étudiants était de leur proposer des activités en langue française issues de leur discours. Après une étape d’audit/enquête, il était question d’analyser leur discours, celui des sciences vétérinaires, en dégager les récurrences à la fois, linguistiques, discursives, lexicales et morphosyntaxiques en faire un référentiel et les traduire en objectifs d’enseignement apprentissage. Cette démarche nous a été très utile pour concevoir tout un programme après une démarche ingénierique. Leurs besoins ne pouvaient se limiter aux items linguistiques sachant qu’ils ont aussi besoin de savoir comment prendre note, faire des rapports, rendre compte d’expérimentations, ce qui nous a poussé à leur proposer des solutions dans le cadre du français sur objectifs universitaires. Ceci devait se traduire par le renforcement de leurs compétences méthodologiques et transversales. Leur proposer des savoir-faire dans ce sens les a beaucoup aidés.



Références bibliographiques


BERCHOUD, M, (2012), Savoirs et rapport au savoir (Paris-X), IUFM, université de Bourgogne, sur www.francparler-oif.org/wp-content/uploads/2012/02/fos_berchoud.rtf.

LEHMANN, D., (1993), Objectifs spécifiques en langue étrangère, Collection F, Hachette Fle.

MAINGUEUNEAU, D, (1991), L’analyse du discours, Paris, Hachette. 1991.

MANGIANTE, J.M. et Parpette, C. (2004). Le français sur objectif spécifique. Paris : Hachette- FLE, collection F.

MANGIANTE, J, M., et Parpette, C., 2012, Le Français sur Objectif Universitaire : de la maitrise linguistique aux compétences universitaires, Synergies Algérie, n°15, p.118.

KOCOUREK, R., La langue française de la technique et de la science, Dubois et al, 2001.In LERAT, P., (1995), Les langues spécialisées, puf, Paris.


 


Accréditation OING Francophonie

Sommaire des Actes de la XXVIIe Biennale

SOMMAIRE DES ACTES DE LA XXVIIe BIENNALE

Livre XXVII : Choisir le français aujourd’hui dans les études et les métiers.

Sommaire

Roland ELUERD

Loïc DEPECKER

Patrice HENRIOT


Choisir le français, mais quel français ?

Line SOMMANT

Charline EFFAH


Réflexions sur les méthodes de l'apprentissage du français

Lamia BOUKHANNOUCHE

Renlei WANG

Nadia ORIGO


Pourquoi choisir le français au Maghreb et en Afrique?

Mohamed TAIFI

Amel DJEZZAR

Marianne CONDE SALAZAR

Souad BENABBES


Écrire en français 1

Yves MBAMA

Julia DILIBERTI


Choisir / enseigner le français en Amérique du Nord

Gabriel MICHAUD et Natallia LIAKINA

Christian MBARGA

Metka ZUPANCIC


Choisir d'apprendre le français partout dans le monde

Biagio MAGAUDDA

Petya IVANOVA-FOURNIER

Karen FERREIRA-MEYERS

Cheryl TOMAN


Le français et le plurilinguisme/ la diversité culturelle

Salima KHATTARI

Ekaterine GACHECHILADZE et Nino PKHAKADZE


Écrire en français 2

Bellarmin MOUTSINGA

Wilfried IDIATHA

Evelyne ACCAD


Le français, les études/disciplines scientifiques, les métiers

Sabine LOPEZ

Asmaa Leila SASSI

Raja BOUZIRI

Aminata AIDARA et Ousmane DIAO


Discours de clôture de Cheryl TOMAN


A la Une

« La culture suppose l'enracinement, la profondeur et la perspective d’un épanouissement sans cesse en progrès. »

Jacqueline de ROMILLY

Présidente d’Honneur de la Biennale de la langue française (2002-2010)

Dans Le Trésor des savoirs oubliés, Éditions de Fallois, 1998, p. 93