Biennale de la Langue Française

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Les Actes
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XXVIIe BIENNALE DE LA LANGUE FRANÇAISE

PARIS 14-16 SEPTEMBRE 2017

Le français des ingénieurs en Tunisie, entre pratiques ordinaires et pratiques spécifiques.

Raja Bouziri, Université de Carthage-ISLT.



Jusqu’à une époque très récente, l’Université tunisienne a maintenu une distance entre les formations universitaires qu’elle dispensait et les formations professionnalisantes. Un tournant s’est produit dans les années 2000 avec l’introduction du système LMD et la prise en considération de la réalité des pratiques académiques. En effet, une interaction implicite entre les deux mondes ; le monde de l’enseignement et le monde du travail s’est opérée. Dans cette perspective, rares sont les institutions qui ont pu et su s’acclimater à la situation, s’ouvrir au monde économique et intégrer les concepts et les pratiques de l’économie marchande à la sphère de l’éducation. Repliées sur elles-mêmes, la majorité des institutions qui ont hérité de la massification scolaire/universitaire et des conséquences des réformes précédentes ont connu une baisse de niveau, surtout en langue française. Incapables de répondre aux besoins du marché du travail, les diplômés sortants de ces institutions se retrouvent ; soit au chômage soit mal intégrés au monde du travail. De ce fait, les enseignements dispensés et les diplômes accordés par ces institutions sont rejetés, déclassés et dévalorisés aux yeux des employeurs, de la société et des étudiants. Pour remédier à la situation et pour se conformer aux besoins de la société, l’institution a saisi l’occasion de la mise en place de la réforme LMD pour revoir ces diplômes et reconsidérer l’enseignement de la langue française, langue d’enseignement des disciplines scientifiques, pourvoyeurs d’emploi. Ainsi, un plan d’accompagnement linguistique défini dans le PREF/SUP projet franco-tunisien soutenant la rénovation dans les enseignements du français et en français à l’université est venue renforcer la réforme précitée. Des cours d’enseignement de français à raison de 1h 30 par semaine ont été programmés pour l’ensemble du public scientifique et technique. Toutefois, peu préparés à enseigner ‘’la langue’’ à un public scientifique/spécifique, les enseignants affectés à cette tâche se sont confrontés à des choix d’orientation mal maîtrisés. Quelle méthode adopter et quel français enseigner ? A cet égard, plusieurs regards didactiques et une multitude d’appellations se présentent : français langue étrangère (FLE), français sur objectifs spécifiques (FOS), français sur objectifs universitaires (FOU) français langue de spécialité (FLS), technolectes ? Quel modèle opératoire faut-il choisir entre ces divers paradigmes pour améliorer la formation linguistique du public cible ?

Langue d’enseignement, mais aussi en partie langue d’échange dans la vie quotidienne, le français en Tunisie bénéficie d’un statut particulier. Introduit sur le territoire tunisien en 1881, le française occupe une place importante dans le paysage sociolinguistique du pays et dans le répertoire verbal des locuteurs tunisiens. De ce fait, l’étude des modalités de son appropriation à l’intérieur de l’institution ne peut être dissociée de son acquisition en contexte social. En effet, dans cette contribution centrée d’un point de vue pratique sur l’analyse des effets du contexte sur l’appropriation du français dans l’institution scolaire et extra-scolaire (social) s’inscrit, d’un point de vue théorique, dans une approche sociolinguistique contextualisée. Nous nous interrogerons d’abord, sur l’apport langagier du projet universitaire, (PREF/SUP) sur le parcours académique et professionnel des élèves ingénieurs. Nous analyserons ensuite les pratiques langagières en usage dans le domaine de l’informatique et pour finir, nous essayerons de définir le rôle de la langue française dans l’intégration économique des élèves ingénieurs. Pour la réalisation de notre travail, nous avons recueilli un corpus oral constitué de plus de deux heures d’enregistrement. Cet ensemble de données, somme de pratiques discursives variées, effectuées dans des espaces sociaux diversifiés, forme l’objet de notre réflexion et de notre analyse des pratiques langagières ordinaires et spécifiques relatives au domaine de l’informatique. Ce travail est le fruit d’une enquête de terrain, basée d’un côté sur notre connaissance et notre observation continue du terrain, et appuyée d’un autre côté, sur des études sociolinguistiques et didactiques, en relation avec notre problématique.


Bibliographie.

Blanchet, P., & et Rispail, M., (2011) « Principes transversaux pour une sociodidactique dite « de terrain », in Guide pour la recherche en didactique des langues et des cultures. Approches contextualisées. Montréal/Paris, AUF/Ed, des Archives Contemporaines, p. 65-69.

Bouziri, R., & Chenoufi-Ghalleb, R., (2013) « L’édification linguistique en Tunisie : entre métissage et unité ». In Les technolectes au Maghreb : éléments de contextualisation. Rebat/Maroc. Langage et Société. CNRST- URAC 56, pp 141-156.

Bouziri, R., (2017) « Pratiques discursives et culture d’enseignement apprentissage dans le milieu universitaire tunisien : le cas des ingénieurs.» Ed, Ariana/Tunis, La Maghrébine pour l’impression et la publication du livre pp 59-79.

Geoffrey, W., (2005) Direction. La linguistique de corpus. Ed, Presse Universitaires de Rennes.

Gumperz, J., (1989) Sociolinguistique interactionnelle. Une approche interprétative. Ed, Paris, L’harmattan.

Labov, W., (1976) Sociolinguistique. Ed, Paris, Minuit.

Messaoudi, L., (2003) « Les technolectes et les ressources linguistique. In Etude sociolinguistiques ». Ed, Rebat/Maroc. Okad, pp 174-194.

Miled, M.,  (2007) « Le français langue seconde en Tunisie : une évolution sociolinguistique et didactique spécifique.» In Enseignement de la langue, crise, tension ? Le français aujourd’hui. Ed, Paris, Armand Colin. N°156, pp 79-86.

Mourlhon-Dallies, F., (2008) Enseigner une langue à des fins professionnelles. Ed, Paris, Didier.

Springer, C., (2014) « Regard didactiques sur les technolectes : des langues de spécialités aux communautés professionnelles ». In Les technolectes/langues spécialisées en contexte plurilingue. Ed, Rebat/Maroc, Langage et Société. CNRST-URAC 56, pp 57-78.


 


Accréditation OING Francophonie

Sommaire des Actes de la XXVIIe Biennale

SOMMAIRE DES ACTES DE LA XXVIIe BIENNALE

Livre XXVII : Choisir le français aujourd’hui dans les études et les métiers.

Sommaire

Roland ELUERD

Loïc DEPECKER

Patrice HENRIOT


Choisir le français, mais quel français ?

Line SOMMANT

Charline EFFAH


Réflexions sur les méthodes de l'apprentissage du français

Lamia BOUKHANNOUCHE

Renlei WANG

Nadia ORIGO


Pourquoi choisir le français au Maghreb et en Afrique?

Mohamed TAIFI

Amel DJEZZAR

Marianne CONDE SALAZAR

Souad BENABBES


Écrire en français 1

Yves MBAMA

Julia DILIBERTI


Choisir / enseigner le français en Amérique du Nord

Gabriel MICHAUD et Natallia LIAKINA

Christian MBARGA

Metka ZUPANCIC


Choisir d'apprendre le français partout dans le monde

Biagio MAGAUDDA

Petya IVANOVA-FOURNIER

Karen FERREIRA-MEYERS

Cheryl TOMAN


Le français et le plurilinguisme/ la diversité culturelle

Salima KHATTARI

Ekaterine GACHECHILADZE et Nino PKHAKADZE


Écrire en français 2

Bellarmin MOUTSINGA

Wilfried IDIATHA

Evelyne ACCAD


Le français, les études/disciplines scientifiques, les métiers

Sabine LOPEZ

Asmaa Leila SASSI

Raja BOUZIRI

Aminata AIDARA et Ousmane DIAO


Discours de clôture de Cheryl TOMAN


A la Une

« La culture suppose l'enracinement, la profondeur et la perspective d’un épanouissement sans cesse en progrès. »

Jacqueline de ROMILLY

Présidente d’Honneur de la Biennale de la langue française (2002-2010)

Dans Le Trésor des savoirs oubliés, Éditions de Fallois, 1998, p. 93