Biennale de la Langue Française

  • Augmenter la taille
  • Taille par défaut
  • Diminuer la taille
Accueil Les Actes de la XXVIIIe Biennale
Les Actes
Envoyer Imprimer PDF

Albanie plurilingue: quels défis pour la francophonie?

Anida KISI

Université de Tirana, Département de la Langue Française, Albanie

Albanie

Résumé

L’objectif de la présente communication est de réfléchir aux enjeux auxquels est confrontée de nos jours la langue française en Albanie. Partant de l’hypothèse que la francophonie et la francophilie sont le produit de la convergence de plusieurs facteurs de nature (géo) politique, économique, éducative, culturelle, scientifiques et techniques, nous essayerons d’examiner les contextes et les problématiques auxquelles se heurtent les acteurs principaux de la francophonie en général et de l’enseignement du français en particulier.

La tradition francophone en Albanie et les relations avec la France sont anciennes et datent déjà du XIe siècle. La renaissance nationale albanaise durant le XIXe siècle s’est inspirée des Lumières et fut souvent écrite en langue française, en instaurant la tradition francophone des élites albanaises. Depuis 1990, l’Albanie s’est ouverte au plurilinguisme, alors que le russe puis le français, dominaient le paysage linguistique sous la dictature d’Enver Hoxha (1944-1990), lui-même francophone ayant fait ses études à Montpellier et Bruxelles.

L’Albanie a rejoint l’Organisation internationale de la Francophonie en 1999, ce qui oblige à accorder à l’enseignement du français une place importante dans le système éducatif albanais. Ce dernier offre aux apprenants les deux langues du Conseil de l’Europe- anglais et français - comme langues obligatoires et ils ont le choix entre l’italien et l’allemand comme 3ème langue. De plus, l’enseignement des langues vivantes est devenu une des priorités de la Stratégie du Ministère de l’Éducation en Albanie respectant les deux orientations fondamentales du Conseil de l’Europe: le multilinguisme et le pluriculturalisme. Cependant, force est de constater que le français recule aujourd’hui par rapport à l’anglais et d’autres langues telles que l’allemand, l’italien, l’espagnol sont en compétition.

Dans ce contexte, notre propos loin d’être pessimiste vise plutôt à proposer un panorama réaliste de la situation du français en Albanie. Pour ce faire, après avoir tracé brièvement la présence historique du français en Albanie, nous analyserons dans un premier temps les politiques linguistiques dans le cadre desquelles s’inscrit actuellement l’enseignement du français et nous examinerons par la suite l’impact et l’efficacité des démarches et des activités des principaux acteurs de la francophonie afin que le français reste l'une des langues-pivots également dans ce petit pays balkanique.


Mots clés: francophonie, éducation, plurilinguisme, Albanie, politique linguistique.




  1. Bref aperçu historique sur les relations franco-albanaises


Les premiers contacts entre Français et Albanais remontent à la période du Moyen Age, en 1272, année où les Royaumes de Naples et d’Albanie étaient dirigés par Charles Ier d’Anjou frère de Saint Louis, roi de France (Popescu, 2013: 27)1. Faveirial (2004: 316) signale que les relations entre l’Albanie et la France s’affirment au cours du règne de François Ier (1515-1547) quand des Albanais font partie de l’armée des rois François Ier et Henri IV2. Les territoires albanais sous la domination de l’Empire turc font l’objet de plusieurs accords de commerce entre la France et l’Empire ottoman et les villes albanaises de Durrës, Arta et Jannina avaient des consuls français (J.-Cl. FAVEIRIAL, op. cit., p. 316). Popescu (2013: 25) rappelle également «les incursions de Napoléon Ier à l’époque moderne (la création des «provinces illyriennes») et ses relations avec Ali Pacha de Janina, la participation d’un petit contingent albanais dans les rangs de l’armée française à la Guerre de Crimée. […] L’Annuaire diplomatique et consulaire en 1858 mentionne l’existence des consulats à Scutari et à Jannina ce qui démontre que l’on est en présence de l’une des plus anciennes représentations diplomatiques françaises en Europe».

Nombreux sont les consuls, les voyageurs, les historiens et les hommes politiques français qui prêtent attention à l’Albanie. De plus, une grande partie de l’élite intellectuelle albanaise du XIXème siècle, d’anciens élèves 3 de la Sorbonne, s’engagent dans un mouvement de renouveau politique et culturel qui a été appelé la Renaissance nationale.

En 1912, l’Albanie proclame son indépendance, mais pendant la Première Guerre mondiale, des commandements militaires de la France, de l’Italie et de l’Autriche-Hongrie sont installés dans diverses régions du territoire albanais. Justin Godart, «ancien maire de Lyon, député au Parlement français et ministre dans plusieurs gouvernements, est l’une des figures éminentes qui ont contribué à défendre la cause de l’Albanie dans une des périodes pénibles de son histoire. «Il est devenu l’une des voix qui se sont fait entendre haut et fort lors du débat concernant l’admission de l’Albanie en tant qu’État membre de la Société des Nations et il est toujours demeuré un fervent avocat des intérêts albanais auprès des institutions françaises et internationales» (Malltezi, 2014: 828).

L’armée d’Orient qui passe par l’Albanie, fonde la « République française de Korça », dont il subsistera, après l’Armistice, un lycée français. C’est là que l’influence française en Albanie atteint son apogée. Du lycée français de Korça sortira l’élite du pays, y compris des dirigeants de l’Albanie communiste, comme le dictateur Enver Hoxha.

La dictature communiste (1945-1990) isole le pays et l’apprentissage des langues étrangères dépend de la politique étrangère du pays. La France a été le premier pays occidental à réactiver sa représentation diplomatique à Tirana en 1945 4. Après la rupture avec l’URSS (en 1960) et le reste du bloc communiste, la France devient la seule destination autorisée pour les étudiants privilégiés par le régime. De nombreuses bourses d’études sont accordées dans les années 1960-1980. Le français représente une composante importante de l’éducation des intellectuels albanais et les discours des diplomates albanais se prononçaient largement en français.

Après 1945 l’Albanie s’engage de manière institutionnelle auprès des organismes francophones tels que : l’Agence Francophone pour l'Enseignement Supérieur et la Recherche (AUPELF), l’UREF (Université des réseaux d'expression française), l’Agence Universitaire de la Francophonie (AUF), l’Association Internationale des Maires et Responsables des Capitales et Métropoles partiellement ou entièrement francophones (l'AIMF), l’Agence de la Presse Francophone (l’APF), l’Assemblée Parlementaire de la Francophonie (APF), l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), la Fédération Internationale des Professeurs de français (FIPF), l’Union Internationale des Journalistes et de la Presse Francophones (UIJPLF), le Forum Francophone des Affaires (FFA), etc. La France et l’Albanie ont signé en 1994 un traité d’Entente et de Coopération. Actuellement, le dispositif français de coopération culturelle et scientifique en Albanie s’articule autour du service de coopération et d’action culturelle au sein de l’ambassade (SCAC), de quatre missions archéologiques réparties dans le pays et d’un réseau de cinq Alliances françaises et trois antennes dans les villes principales. L’Albanie se distingue comme un des points d’ancrage de la francophonie dans la région : le français est la deuxième langue étrangère enseignée dans le système scolaire et le SCAC entretient des relations suivies avec un réseau de professeurs de français et d’une vingtaine de sections bilingues dans les lycées. La coopération bilatérale a pour priorités la consolidation de la position du français et l’accompagnement du pays sur la voie du rapprochement européen par une coopération institutionnelle axée sur le renforcement de l’Etat de droit, et par la formation des élites. L’ambassade de France a soutenu en 2012 la création de l’Ecole Française de Tirana. Elle a été homologuée par l’AEFE en juin 2013.


  1. Politique linguistique et place du français dans le système éducatif

L’Albanie se situe dans l’Ouest de la péninsule des Balkans. La langue officielle de ce petit pays qui compte mois de trois million d’habitants, est l’albanais qui constitue une branche distincte des langues indo-européennes. L’albanais est également une des langues officielles de la République du Kosovo et celle de la Macédoine du Nord, mais elle est utilisée par les minorités ethniques albanaises au Monténégro, en Serbie, en Turquie, en Italie (les Arbëresh), en Grèce (les Arvanitas),

La constitution albanaise garantit l'égalité des droits et des libertés, ainsi que l'égalité devant la loi pour toutes les minorités nationales. Les minorités constituent 1,4% de la population du pays (communauté ethnique grecque, macédonienne, serbo-monténégrine et minorité ethnolinguistique des roms et des aroumains). La langue des signes albanaise a été officiellement reconnue en 2014 5.

L'éducation est une priorité gouvernementale et les objectifs de l'enseignement des langues étrangères visent à créer une politique ouverte en faveur du multilinguisme en Albanie. La tendance est de proposer autant de langues étrangères européennes et régionales que possible, dans le respect des lignes directrices du Conseil de l'Europe en matière de multilinguisme et de multiculturalisme et de favoriser la mise en place d’une éducation plurilingue telle que le CECR la préconise: « ….l’approche plurilingue met l’accent sur le fait que, au fur et à mesure que l’expérience langagière d’un individu dans son contexte culturel s’étend de la langue familiale à celle du groupe social puis à celle d’autres groupes (que ce soit par apprentissage scolaire ou sur le tas), il/elle ne classe pas ces langues et ces cultures dans des compartiments séparés mais construit plutôt une compétence communicative à laquelle contribuent toute connaissance et toute expérience des langues et dans laquelle les langues sont en corrélation et interagissent.» (CECR p.11)6

A ces fins, de nombreuses reformes ont eu lieu dans le domaine d’enseignement des langues depuis 1995, lorsque l'Albanie est devenue le 35e État membre du Conseil de l’Europe. Au cœur de ces reformes c’est la refonte des curricula afin d’améliorer l’éducation selon les standards européens ainsi que le passage de l’approche traditionnelle grammaire / traduction à celle par compétences (APC). En 2001, l’Albanie devient membre du Centre Européen pour les Langues Vivantes (CELV). En 2004, l'Albanie est devenue membre du CREFECO (Centre Régional de la Francophonie pour l'Europe Centrale et Orientale). L’affiliation à cet organisme a contribué vivement au soutient de la langue française et à la formation des enseignants conformément aux normes européennes et en introduisant des méthodes contemporaines d’enseignement. En 2007, le Cadre Européen Commun de Référence pour les Langues (CECRL) est traduit en albanais servant de base pour la révision des curricula pour les langues étrangères et constituant un document de référence pour toutes les initiatives relatives aux langues.

Les deux langues officielles du Conseil de l’Europe, l’anglais et le français sont offertes en tant que langues obligatoires, alors que les apprenants ont le choix entre l’italien et l’allemand comme 3ème langue. On commence à apprendre la première langue étrangère obligatoire en troisième élémentaire et la deuxième langue en sixième classe. A. Haloçi (2009) signale que «même s’il a perdu sa première place au profit de l’anglais, le français est étudié dans tout le système scolaire, de l’école primaire jusqu’à l’université. Le français a le statut de langue étrangère première et obligatoire, dès la 3-ième année de l’école primaire jusqu’à l’issue du lycée à caractère général et professionnel. Le français est enseigné aussi comme 2-ème langue (comme module optionnel) au collège, dans l’enseignement secondaire général, dans les lycées bilingues et dans les lycées professionnels.»

Depuis 2009, la langue étrangère est considérée comme l'un des domaines d'apprentissage prioritaires et le nombre de cours hebdomadaires est passé de 2 à 3 heures dans l'ensemble du système éducatif. La langue étrangère est depuis 2012 l’un des trois examens obligatoires de la Matura d'État (avec la langue albanaise et les mathématiques). Selon les nouveaux curriculums, les apprenants doivent atteindre le niveau A2 à la fin du collège et B1 à la fin du lycée.

En Albanie existent également les Écoles de langues et les sections scolaires bilingues 7 ou la langue étrangère est enseignée de 5 à 8 heures par semaine et une deuxième langue étrangère à 3 heures par semaine en option. Dans ces écoles, 40 à 50% des matières, y compris les langues étrangères, sont enseignées dans l'une des langues choisies. À partir de 2011-2012, ce système scolaire a également été doté de sections spéciales dans les écoles élémentaires. L’examen final des sections scolaires bilingues est un examen officiellement reconnu par les ministères chargés de l’éducation des pays respectifs (DELF B2 pour le français) validant le niveau de maîtrise de la langue étrangère du candidat dans toutes les compétences linguistiques: expression écrite et orale, compréhension écrite et orale. Il existe en Albanie trois sections bilingues. Deux sont implantées dans des « lycées des langues », à Tirana et à Elbasan (scolarité de 5 ans) et la troisième à Korça, dans un lycée général à orientation scientifique (scolarité en 4 ans).

En ce qui concerne l’enseignement supérieur, au moins une langue étrangère fait partie du programme d’études de tous les étudiants diplômés des établissements d’enseignement supérieur publics albanais. La priorité est donnée à l'anglais, au français et à l'italien. Ce cours de langue a pour objectif d'améliorer l'enseignement général des étudiants, de développer leurs compétences en communication, de leur donner accès à la littérature scientifique dans la langue de leur choix et de faciliter leurs études à l'étranger. Une langue étrangère est généralement étudiée sur deux ou trois ans, en fonction des structures curriculaires et institutionnelles, L’anglais est actuellement la langue prédominante à la suite du projet «Albania Anglophone», mais récemment, on constate un intérêt croissant pour le français, l’allemand et l’italien.8

Les programmes d'études sont proposés dans les langues suivantes: anglais, français, italien, allemand, espagnol, russe, turc et grec. Le chinois a été introduit au choix. Il existe deux facultés de langues étrangères dans les universités de Tirana et de Shkodra. Les cinq autres universités ont des départements de langue anglaise, française, allemande et grecque. À la fin de l'enseignement supérieur, les étudiants en langues étrangères obtiennent un diplôme dans l'un des trois domaines suivants: Didactique, Traduction et Interprétation; Communication interculturelle et touristique.

Les programmes d'études en langues étrangères sont élaborés par le personnel académique des facultés de langues étrangères et approuvés par l'organisme approprié dans chaque établissement. Lors de l'introduction d'un nouveau programme de langues étrangères au niveau du baccalauréat, le programme est soumis à l'approbation du Conseil d'accréditation pour l'enseignement supérieur, du ministère de l'Éducation et des Sports et du Conseil des ministres.


  1. Acteurs et actions au service de la Francophonie

Par la suite, nous chercherons de présenter brièvement les plus importants établissements impliqués de manière active et œuvrant pour le rayonnement de la Francophonie en Albanie.

L’Ambassade de France et SCAC9

Le français étant la deuxième langue étrangère enseignée en Albanie, le SCAC, en coopération avec le Ministère de l’Éducation et de la Science et l’Association des Professeurs de Français d’Albanie, apporte son soutien à la formation continue des professeurs de français, dans les lycées des langues étrangères, les lycées généraux et les « écoles de 9ans » (scolarité obligatoire) par des séminaires et des stages sur place et en France. Les enseignants de français et de disciplines non linguistiques des sections bilingues bénéficient régulièrement de stages, en Albanie, en France et dans des pays tiers. Des partenariats existent dans ce domaine avec des IUFM, avec le CIEP de Sèvres, avec l’Association des professeurs d’Histoire-Géographie. Un programme régional de formation et d’échanges (Cocop) géré conjointement par les SCAC de Tirana et de Skopje fonctionne depuis plusieurs années entre les sections bilingues d’Albanie et de la Macédoine du Nord. Ces trois sections bilingues bénéficient de la présence d’une stagiaire de Master FLE ou d’une enseignante française CRSP.

Il convient de rappeler que la France se situe au 6e rang des pays d'accueil des étudiants albanais10. Les bourses hors projets, données à la demande, majoritairement, de master 2 et de doctorat, absorbent la totalité des crédits, dans des domaines aussi variés que le droit et les sciences politiques, l'administration, l'économie et la gestion, les lettres, les sciences du langage et l'art, les sciences humaines et sociales, les filières de santé, les sciences fondamentales, les sciences de la vie, de la terre et de l'univers.

L’Organisation Internationale de la Francophonie

L’Albanie est actuellement le troisième pays des Balkans où l’on parle le plus le français après la Moldavie et la Roumanie. Elle est membre de l’OIF depuis 1999 et compte environ 316 900 locuteurs de français. Les actions de l'OIF en Albanie visant à promouvoir la langue française et la diversité culturelle et linguistique, ainsi qu'à soutenir l'éducation et la recherche, ont été menées par l'intermédiaire de l'AUF et du CREFECO, ainsi qu'avec le soutien de l'ambassade de France à Tirana. Il existe des accords de coopération impliquant l’Albanie, l'OIF, la Roumanie, la Moldavie, la Macédoine du Nord et l’Arménie.

Les activités réalisées jusqu'à présent pour l’année 2019 sont:

1. Camp d'été pour étudiants en juillet 2019, qui offre aux étudiants la possibilité de pratiquer la langue et de connaître les cultures de la région.

2. Olympiade internationale de la langue française, 27-30 septembre 2019

3. Deux formations nationales pour les professeurs de français. La première formation a eu lieu en juin sur l’importance des contes de fées, des textes rédigés en français. La deuxième formation s'est déroulée du 2 au 6 septembre 2019 sur le développement des compétences d'expression orale des étudiants.

En contexte professionnel:le français sur objectifs spécifiques, inscrit dans le cadre du plan pluriannuel d'action pour le français en Europe, financé par l'OIF via un fonds d'intervention pédagogique. Mis en œuvre par l'Alliance française de Tirana, il concerne une centaine de bénéficiaires, toutes administrations confondues.


CREFECO

Le Centre régional francophone pour l’Europe centrale et orientale (CREFECO) est un projet de l'OIF, dans le cadre du Programme « Enseignement du français » de la Direction de l'Éducation et de la Formation, rattaché administrativement à l'APECO (Antenne régionale pour les pays d'Europe centrale et orientale). Il contribue à l’amélioration des enseignements du et en français et au rayonnement de la Francophonie dans les pays d’Europe centrale et orientale (6 pays). Parmi les activités soutenues, on peut mentionner:

  • Formations au FOS, à l’enseignement précoce, aux TICE, en Ingénierie de la formation, à l’enseignement de l’Oral, à la Synthèse de document. Le CREFECO soutient également des actions portant sur la production d’outils pédagogiques, la réflexion pédagogique et privilégie le partenariat avec les associations d’enseignants du et en français.

  • Deux formations par an au niveau national – 25 enseignants participants

  • De 2005 à 2015, 298 professeurs de français sur 498 actuellement inscrits ont bénéficié des formations en coopération avec OIF et AUF.

  • projet JEDA (Jeunes Enseignants Débutants en Action) qui jette les bases d’une approche et d’une mise en réseau plus large et dont bénéficient 60 enseignants d’Europe centrale et orientale, y compris l’Albanie.


Agence Universitaire de la Francophonie

L’AUF compte six universités albanaises parmi ses 944 établissements d’enseignement supérieur et de recherche (universités, grandes écoles, réseaux universitaires et centres de recherche scientifique) répartis dans 116 pays. L’université de Tirana, dont fait partie la Faculté des Langues étrangères, est membre de l’AUF depuis 1998. En 2006 l’AUF ouvre auprès de l'Université de Tirana, une implantation appelée Campus Numérique Francophone de Tirana (CNF) qui soutient des activités de formation et de diffusion de l'information scientifique et technique, ainsi que de nombreuses formations à visées professionnelles.


Les Départements de français

Il existe en Albanie deux départements de français, à l’Université de Tirana et à l’Université d’Elbasan, et une section de français dans le département des langues de l’Université de Shkodër. Le département de français à Tirana est le plus ancien et le plus important. Créé en 1965, actuellement il compte 21 professeurs 120 étudiants inscrits chaque année. Il offre 3 Masters de recherche (Didactique, Traduction/Interprétariat, Communication interculturelle et touristique). Parmi ses partenariats les plus fructueux figurent ceux avec les universités françaises de Clermont Auvergne, Strasbourg, Bordeaux, etc. Le département collabore avec l'Ambassade de France à Tirana, l'Organisation internationale de la francophonie (OIF), l'Agence universitaire francophone (AUF), le Campus numérique francophone (CNF), le Centre francophone régional de l'Europe centrale et orientale (CREFECO) et des partenaires universitaires francophones. Ses professeurs et étudiants profitent récemment du programme de mobilités des enseignants et des étudiants, Erasmus Plus.


Le réseau des Alliances françaises en Albanie

Le réseau des Alliances françaises en Albanie se compose de cinq établissements situés à Tirana, Shkodra, Elbasan, Korça et Durrës. Les Alliances françaises proposent des cours de français adossés au Cadre européen commun de référence pour les langues (CECRL) et dispensés par des enseignants aux compétences avérées, formés aux approches pédagogiques actuelles. Les Alliances françaises proposent de valider les compétences linguistiques acquises grâce aux certifications françaises DELF/DALF, diplômes à validité illimitée délivrés par le Ministère français de l’éducation nationale. D’autres tests de langue sont également proposés.


Les Alliances françaises organisent également des manifestations culturelles, expressions de la culture française et francophone. Elles jouent un rôle essentiel lors de la célébration de la Francophonie au mois de mars.

L’Alliance française de Tirana accueille l’Espace Campus France qui coordonne au plan national l’information et la promotion des études en France. Campus France est l’agence française de promotion des études en France. Les Alliances françaises de Shkodra, Elbasan, Korça et Durrës accueillent une antenne Campus France, qui délivre une première information aux personnes intéressées par des études en France.


L’Association des Professeurs de Français d’Albanie (APFA)

L’APFA est fondée en 1991 et son objectif principal est de promouvoir la langue et la culture française dans les établissements scolaires du pays. Les professeurs de français d'Albanie participent à différents ateliers organisés par les Instituts français de la région, tels que l'Interprétation théâtrale, l'écriture créative, la production orale, la vie associative.

L`APFA poursuit les objectifs suivants:

a) regrouper tous les professeurs de Français d'Albanie ainsi que toutes les autres personnes chargées de l'enseignement du français dans le pays.

b) favoriser la mise en commun de leurs expériences et de leurs recherches pédagogiques en vue de promouvoir l'enseignement du français, langue étrangère et d'améliorer les conditions générales et particulières de cet enseignement.

c) susciter et faciliter entre ses membres les échanges (professeurs, élèves, livres, revues, matériel pédagogique) et favoriser le dialogue entre les différentes catégories de professeurs de français.

APFA collabore étroitement avec l'Ambassade de France en Albanie, le Ministère de l’Education, l'Agence Universitaire de la Francophonie, l’OIF, l'Université de Tirana, etc.

Des dizaines de professeurs de toute l'Albanie profitent des formations organisées et s’engagent à leur démultiplication au niveau local.


En guise de conclusion…

En Albanie, il existe toujours une perception positive sur l’importance et l’utilité du français. Le français est la seconde langue étrangère dans l'enseignement public albanais, environ 30 % des élèves l'apprennent jusqu'à l'âge de 15 ans. La promotion de la langue française, reste le secteur le plus dynamique et favorable dans les relations franco-albanaises, alors qu’elle aurait pu bénéficier davantage si les rapports économiques entre les deux pays étaient plus dynamiques. La compétitivité politique et économique des pays a un impact direct sur les échanges linguistiques et culturels et influence peu ou prou les politiques éducatives.

La place du français dans le système éducatif albanais se caractérise par une relative stabilité et les perspectives d’évolution ne manquent pas. Les défis à relever seraient d’ordre professionnel, institutionnel et actionnel et consisteraient surtout à consolider le climat favorable politique, socio-économique et culturel à l’apprentissage de la langue française dans un contexte plurilingue en évolution.


Anida KISI

Cette adresse email est protégée contre les robots des spammeurs, vous devez activer Javascript pour la voir.


NOTES

1. En 1272, Charles d’Anjou, roi de Naples, frère de Louis IX, roi de France, négociait avec les nobles albanais de Dyrrachion (Durazzo/Durrës) et d’Avalona (Valona/Vlorë) pour sa reconnaissance et pour celle de son fils comme rois d’Albanie (reges Albanie)

2. Henri IV s’est servi des recrues albanais comme gardes du corps

3. Hoxha Tasim, Said Toptani, Pashko Vasa, Sami Frashëri, etc

4 Source : Le site de l’Ambassade de France en Albanie https://al.ambafrance.org/Presentation-et-historique

5 Language education policy profile: Albania. 2015-2017. Education Policy Division / Education Department - Council of Europe. Strasbourg. https://rm.coe.int/profili-i-politikes-arsimore-gjuhesore-shqiperia/168075acb0

6 Centre européen pour les langues vivantes du conseil de l’Europe https://www.ecml.at/Thematicareas/Plurilingualandinterculturaleducation/tabid/4145/language/fr-FR/Default.aspx

7 La première section bilingue (albanais et français) a été créée en 1998 à Korça, où existait un lycée français de 1917 à 1939. Aujourd’hui il y a 9 sections bilingues: albanais-français à Tirana, Durrës, Elbasan, Korça et Shkodra; Italo-albanais à Tirana, Korça et Shkodra; Albanais-Allemand à Tirana.

8 Language education policy profile: Albania. 2015-2017. Education Policy Division / Education Department - Council of Europe. Strasbourg. https://rm.coe.int/profili-i-politikes-arsimore-gjuhesore-shqiperia/168075acb0

9 Le Service de Coopération et d'Action Culturelle

10 Source: Site du Sénat: https://www.senat.fr/ga/ga78/ga782.html



Bibliographie

BENICHOU, M. 2006, Le multiculturalisme, Editions Bréal, ISBN : 987 2 74950459 9

CASTELLOTTI, V. / Moore, D. 2002, Représentations sociales des langues et enseignements, Guide pour l’élaboration des politiques linguistiques et éducatives en Europe – De la diversité à l’éducation plurilingue. Conseil de l’Europe, Strasbourg. Disponible sur le site : http://http//www.coe.int/t/dg4/linguistic/ Source/CastellottiMooreFR.pdf

Conseil de l'Europe (2001). Cadre Européen Commun de Référence pour les Langues. Paris : Didier.

GODART, J. 1922L’Albanie en 1921, Presses Universitaires de France.

FAVEIRIAL, J-C, 2004Histoire de l’Albanie, éd. de la Pléiade,

HALOÇI, A. 2009.La francophonie en Albanie - bilans et perspectives, la XXIIIe biennale de la langue française, https://www.biennale-lf.org/les-actes-de-la-xxiiie-biennale/42-interventions/64-andromaqui-haloci.html

KROMIDHA, E. 2008. Réalité et perspectives de l'enseignement / apprentissage du français de spécialité à l'université en Albanie, Recherches en didactique des langues et des cultures [En ligne], 3 | 2008, mis en ligne le 30 juillet 2008. URL : http:// journals.openedition.org/rdlc/2886 ; DOI : 10.4000/rdlc.2886

Language education policy profile: Albania. 2015-2017. Education Policy Division / Education Department Council of Europe. Strasbourg. https://rm.coe.int/profili-i-politikes-arsimore-gjuhesore-shqiperia/168075acb0

MALLTEZI, A. 2014. L’influence française et les rapports commerciaux entre l’Albanie et la France dans une perspective historique. In: Revue internationale de droit comparé. Vol. 66 N°3,2014. pp. 817-842; doi : https://doi.org/10.3406/ridc.2014.20422 https://www.persee.fr/doc/ridc_0035-3337_2014_num_66_3_20422

POPESCU. Ş. 2013.L’Albanie dans la politique étrangère de la France (1919-juin 1940). Histoire. Université Panthéon-Sorbonne - Paris I, Français. En ligne ffNNT : 2013PA010642ff. fftel-01011589f

RAMA, L. 2001. Shqipëria frankofone (L’Albanie francophone), Tirana : Onufri.


Sites consultés

Site du Sénat: https://www.senat.fr/ga/ga78/ga782.html

Site de l’Ambassade de France en Albanie https://al.ambafrance.org/Presentation-et-historique

Centre européen pour les langues vivantes du conseil de l’Europe https://www.ecml.at/Thematicareas/Plurilingualandinterculturaleducation/tabid/4145/language/fr-FR/Default.aspx

Site de l’AUF: https://www.auf.org/les_membres/nos-membres/?pays%5B0%5D=AL

Site de l’OIF: https://www.francophonie.org/Albanie.html

Site du CREFECO: https://www.crefeco.org/

 


Accréditation OING Francophonie

Sommaire des Actes de la XXVIIIe Biennale

SOMMAIRE DES ACTES XXVIIIe BIENNALE

Livre XXVIII : Bilinguisme, plurilinguisme : mythes et réalités. Quels atouts pour la francophonie ?


Sommaire

Programme de la XXVIIIe Biennale

Discours de Guillaume LACROIX

Discours d'ouverture de Cheryl TOMAN

Discours de John IRELAND


Le bi ou plurilinguisme dans différents pays: état des lieux

Karen FERREIRA-MEYERS

Anida KISI

Mohand Ouali DJEBLI et Saliha AMGHAR

Françoise BOURDON et Saholy LETELLIER


Impact du plurilinguisme selon les contextes

Charles BRASART

Lionel CUILLÉ

Ousmane DIAO et Babacar FAYE

Anne-Laure BIALES


Quand la langue française se suffit à elle-même: ses diverses formes

Gossouhon SEKONGO

Douglas A. KIBBEE


Statut de la langue française et des langues officielles et idéologies

Bechir BESSAI

Eimma CHEBINOU

Cosme FANDY

Djamila HAMIMECHE et Meriem STAMBOULI

Yvon PANTALACCI


Supports, méthodes pour l’apprentissage de la langue française

Dalila ABADI

Mohammad ELMATALQAH

Jessica STURM

Juliette DUTHOIT et Clotilde LANDAIS


Apprentissages scolaire et universitaire de la langue française

Leila SASSI

Karima GOUAICH, Muriel ZOUGS et Fatima CHNANE-DAVIN

Reina SLEIMAN

Yves MONTENAY


Table ronde Le français professionnel

Clotilde LANDAIS

Fabienne PIZOT-HAYMORE

Charlotte SANPERE


Bi et plurilinguisme dans l’œuvre de certains auteurs

Lilas AL-DAKR

Anne-Laure RIGEADE

Julia DILIBERTI

Marcos EYMAR

Sarah KOUIDER RABAH

Fadoua ROH


Bi et plurilinguisme dans la littérature francophone

Mohamed TAIFI

Maribel PEÑALVER VICEA


Le bi ou plurilinguisme dans des lieux géographiques particuliers

Samantha COOK

Vicky BEAUDETTE

Cheryl TOMAN


La langue française et ses métissages linguistiques

Abdelaziz BERKAI

Maurice TETNE

Patrick OUADIABANTOU


Discours de clôture de Cheryl TOMAN



A la Une

« La culture suppose l'enracinement, la profondeur et la perspective d’un épanouissement sans cesse en progrès. »

Jacqueline de ROMILLY

Présidente d’Honneur de la Biennale de la langue française (2002-2010)

Dans Le Trésor des savoirs oubliés, Éditions de Fallois, 1998, p. 93