Biennale de la Langue Française

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Urs TSCHOPP


Président de l’Association suisse des professeurs de français



L’Association suisse des professeurs de français



C’est au nom de mes 550 collègues environ que je m’adresse à vous aujourd’hui en remerciant les organisateurs d’avoir bien voulu m’accorder le temps pour ce petit message.

Ayant repris les cours déjà il y a deux semaines, je n’ai malheureusement pas pu assister aux activités de la Biennale, mais j’espère bien qu’elle aura eu et qu’elle aura tout le succès qu’elle mérite. Je tiens à féliciter les organisateurs du thème choisi pour cette manifestation, « le multimédia et l’enseignement du français ». J’aimerais illustrer l’importance du thème par une petite anecdote toute récente. À la rentrée, j’ai fait écrire une rédaction à une classe que j’ai reprise en allemand langue maternelle et en français langue seconde. Je demandais aux élèves de me décrire un point fort de leur enseignement précédent d’allemand et de français. J’ai dû avoir fait glisser la remarque qu’il serait possible que je les fasse naviguer un jour sur l’Internet.

Vous imaginez sans doute ce que j’allais trouver dans les textes. En fait, des élèves mentionnaient que « l’école ordinaire » manquait de points forts en FLE parce qu’on n’y consultait pas de sites sur l’Internet !

Mais permettez-moi de présenter en un petit tour d’horizon notre association, avant que je n’enchaîne avec une réflexion portant sur un aspect du rapport de la Suisse avec la francophonie et le rôle que pourrait y jouer notre association.



Historique

L’ASPF, ces dernières années, a subi des changements importants.

Il y a quatre ans environ, l’ancienne Association suisse des Romanistes, ASR, se voyait vouée à la mort. On n’avait pas trouvé de nouveaux membres pour le Bureau. La disparition imminente de l’association avait été annoncée et le principe d’une scission entre les enseignants de français langue seconde et les professeurs d’italien avait été adopté. À l’instar des hispanistes il y a déjà plusieurs années, les italianistes ont donc quitté l’association pour en créer une à leur tour : l’Association suisse des professeurs d’italien, ASPI, pour sauver au moins cette filière. C’était en 1995.

Mais entre temps on avait trouvé trois collègues qui étaient prêts à former un nouveau comité. Celui-ci a donné de nouveaux statuts à ce qui restait de l’ancienne association des romanistes et lui a trouvé un nouveau nom : ASPF, puisque cette nouvelle association ne regroupait plus que des professeurs de FLE. Leurs collègues de la SSPF (Société suisse des professeurs de français), qui regroupait les professeurs de français langue maternelle en Suisse romande, se voyaient confrontés aux mêmes problèmes que leurs confrères et consœurs de l’ex-ASR. La fusion, envisagée déjà en 1994/95 entre les deux associations de professeurs de français, s’est réalisée l’année dernière et a été entérinée par l’assemblée plénière en novembre 1996.



Les principales activités de l’ASPF

    • Perfectionnement : l’ASPF organise et anime deux à quatre cours par an dans le cadre du programme de cours du Centre de perfectionnement (CPS) de Lucerne.

    • Publications : l’ASPF publie trois fois par an son bulletin (la Lettre circulaire).

    • L’ASPF organise tous les ans son assemblée plénière.



La francophonie et la Suisse

Témoignage d’un collègue allemand. Je pars du témoignage d’un collègue allemand qui a passé une année d’échange à Neuchâtel. Il écrit dans le bulletin de la SSPES (Société suisse des professeurs de l’enseignement secondaire) :

    « Dans les manuels scolaires destinés à l’enseignement du français en Allemagne, la Suisse est la grande absente. Dans la plupart des cas, c’est la France qui représente à elle seule la francophonie. Les petites scènes de famille qu’on trouve dans les textes des manuels se déroulent presque toujours dans des grandes villes françaises, ou bien, signe d’une évolution récente, dans des petites communes de province ; par contre, elles n’auront jamais pour cadre Lausanne, La Chaux-de-Fonds ou un petit village reculé du Valais. En tant que pays voisin de l’Allemagne, la France, contrairement à la Suisse romande, a pris une place de plus en plus importante. Pour la plupart des Allemands, c’est la France qui dans le cadre de l’Union européenne, grâce aux relations économiques et culturelles, façonne l’image du monde francophone. » (Klaus H. Ewering ; dans Gymnasium helveticum 4/1997, p. 212).

La Suisse à l’écart. On peut déplorer cette absence de la Suisse dans les manuels de français et dans la conscience des Européens. Elle est essentiellement due :

    – à un isolationnisme qu’on reproche à notre pays, mais aussi

    – à une certaine discrétion qui semble être propre à nous autres Suisses.

Les choses commencent à bouger. En tant qu’enseignants de français, souvent nous excellons aussi par une sorte de discrétion. Notre discipline a profité et profite – jusqu’à présent, au moins – d’une protection institutionnelle en tant que langue maternelle en Suisse romande, ou première langue vivante obligatoire en Suisse alémanique. Nous n’avions donc pas tellement à nous battre.



Les choses semblent quelque peu changées :

    • Au degré secondaire supérieur, d’après le nouveau règlement sur la reconnaissance de la maturité (votre baccalauréat), le français est désormais branche à option, en concurrence non pas avec l’anglais, mais avec une autre langue nationale, l’italien. L’ASPF soutient cette mesure. Car elle vise à favoriser les langues minoritaires. Le français étant enseigné pendant 5-6 ans au degré secondaire inférieur, les élèves devraient disposer d’une base suffisante en français pour l’utiliser dans la communication de tous les jours. Il leur est donc possible d’aborder une nouvelle langue, ce qui ne peut avoir que des effets positifs pour la motivation des élèves à apprendre des langues en général et le français en particulier.

    • L’introduction de l’anglais au cycle secondaire inférieur est inévitable à cause de l’importance de la langue de Shakespeare dans la plupart des métiers. Cette mesure risque quand même de présenter une menace pour le statut des langues nationales. L’ASPF reste très vigilante et est prête à intervenir. Elle est prête également à collaborer à d’éventuelles réformes de la didactique du français ayant pour but une meilleure cohérence de l’enseignement du français précoce et de l’enseignement au cycle secondaire.

Une ouverture prudente. L’ASPF a donc l’intention d’abandonner davantage sa réserve habituelle et de faire entendre sa voix en faveur du français langue maternelle aussi bien que du français langue seconde. Le comité actuel aimerait pouvoir contribuer – avec toute la modestie qui est de mise – à faire rayonner le français de Suisse dans la francophonie et dans le monde entier pour combattre toutes tendances d’uniformisation quelconque et pour favoriser un plurilinguisme respectant les différentes cultures, un esprit de tolérance culturelle, fondé sur le respect de sa propre langue et la conscience de la valeur de sa culture.

Mais, quelque paradoxal que cela puisse paraître, nous sommes convaincus qu’il faudra mener ce combat d’abord dans nos salles de classe et au sein de l’établissement. Que le président et les membres du bureau rejoignent le petit nombre des autres ambassadeurs francophones de la Suisse sur le plan politique, national ou international, afin que la Suisse ne soit pas trop absente dans tout ce qui se fait en francophonie.

J’espère que, par la suite, les visiteurs de notre pays pourront consentir au bilan de notre collègue allemand qui termine son aperçu sur son séjour en Suisse par les remarques suivantes – et j’espère aussi qu’à la fin de cette semaine vous pourrez partager entièrement son point de vue :

    « Approchant de la fin de mon séjour en Suisse, je peux dire que, dans ma vie professionnelle, ce fut un événement exceptionnel et très enrichissant. [...] Ce qui, au début, n’était que courtoisie distante, s’est transformé au fil des jours en rapports chaleureux et amicaux. [....] Si on me demandait de rédiger un texte pour un manuel scolaire allemand, ce serait peut-être à un maître horloger jurassien, ou à un paysan de montagne du Valais que je donnerais le rôle principal et qui apporterait ainsi une image différente du monde francophone. »

Je vous remercie de votre attention.

 

Accréditation OING Francophonie

Sommaire des Actes de la XVIIe Biennale

SOMMAIRE DES ACTES DE LA XVIIe BIENNALE


SOMMAIRE

XVIIe Biennale de la langue française Neuchâtel 1997

Multimédia et enseignement du français

Sommaire

Préface de Roland ELUERD



SÉANCE SOLENNELLE D'OUVERTURE

Allocution d'Alain GUILLERMOU

Allocution de Jean-Jacques DE DARDEL

Allocution de Jean GUINAND

Allocution de Denis MIÉVILLE

Message de Sheila COPPS

Message de Hubert VÉDRINE

Message de Stélio FARANDJIS

Message de Xavier DENIAU

Message de Bernard QUÉMADA

Message de Federico MAYOR



I PANORAMA DU MULTIMÉDIA D'ENSEIGNEMENT

Jeanne OGÉE

Jean-Claude GUÉDON

Jean-Alain HERNANDEZ

Adrian MIHALACHE

Micheline SOMMANT

François DELAUNAY

Dominique SOUDAIS

Francis PIOT

Etienne BOURGNON et Alain VUILLEMIN



II. DONNÉES TECHNIQUES, USAGES PÉDAGOGIQUES ET DOCUMENTAIRES

Dominique LAMICHE

Frédérique PÉAUD

André OBADIA

Jean-Paul BUFFELAN-LANORE

Marie-Josée HAMEL et Eric WERHLI

Alain VUILLEMIN

Bernard EMONT


III. ESPACES FRANCOPHONES DU MULTIMÉDIA

Christian ROUSSEAU et Jocelyn NADEAU

Mariana PERISANU

Mioara TODOSIN

Marius DAKPOGAN

Théodore KONSEIGA

Kouaho Elie LIAZÉRÉ

Jean SOUILLAT

Marc MOINGEON

Bernard PÉCRIAUX



IV. IMPLICATIONS CULTURELLES DU MULTIMÉDIA

Jean BUREL

Mohamed TAÏFI

Rabah CHIBANE

Roland DELRONCHE

Claire-Anne MAGNÈS

Gabriela MARCU et Mariana MUNTHIU

Albert DOPPAGNE

Charles MULLER

Petre RAILEANU



V. TV5 ET L’ENSEIGNEMENT DU FRANÇAIS

Arlette NIÉDOBA

Michel PERRIN

Danièle TORCK

Janry VARNEL

Valérie JATON

Jean SAVARD



TABLE RONDE «TV5, la télévision mondiale en français.La langue de l’autre»

animée par Marlène Bélilos avec Roger Francillon, Hugo Lœtscher, Charles Méla et Gilbert Musy


LA SUISSE ET LA FRANCOPHONIE

Jean-Jacques DE DARDEL

Claire LUCQUES

Jean-Marie VODOZ

Urs TSCHOPP



TABLE RONDE «La Suisse et la francophonie»

animée par Catherine Pont-Humbert avec Freddy BUACHE, Jacques CHEVRIER, Charles JORIS et Jacques SCHERRER


SÉANCE DE CLÔTURE

Vœux de la XVIIe Biennale

Discours de clôture d' Alain GUILLERMOU

Discours de clôture de Roland ELUERD

Échos de la XVIIe Biennale

Liste des participants



A la Une

« La culture suppose l'enracinement, la profondeur et la perspective d’un épanouissement sans cesse en progrès. »

Jacqueline de ROMILLY

Présidente d’Honneur de la Biennale de la langue française (2002-2010)

Dans Le Trésor des savoirs oubliés, Éditions de Fallois, 1998, p. 93